Le Spirou de… (T7) La femme léopard

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Le Spirou de…La femme léopard » : Une aventure à feuler de plaisir.

Scénario de Yann, dessin de Schwartz/h3>

Public conseillé : tout public

Style : Aventure, Polar Références : BD belge pure et dure, Paru chez Dupuis, le 2 mai 2014


Share

L’histoire

L’histoire :
1946, la guerre est terminée. Dans Bruxelles qui panse ses plaies, Spirou, héros contesté de la résistance ne se remettant pas de la disparition d’Audrey*, tente de fuir doute et mélancolie dans l’alcool. Mais un soir, une femme-léopard est surprise par l’un des pensionnaires de l’hôtel New Moustic où travaille le groom : le colonel Van Praag, ancien de la coloniale belge, décide d’ajouter cette féline créature à son tableau de chasse. Spirou, retrouvant ses vaillants réflexes, porte secours à la jeune. Une course poursuite vaudevillesque menant nos protagoniste de Bruxelles à Paris (puis à Bruxelles) démarre alors.
* Cf. : «Le Groom vert-de-gris», des mêmes auteurs.

Ce que j’en pense

Essai – brillant – transformé. Yann, que nous ne présentons plus, et Schwartz, disciple patent de Chaland, confirment la valeur de leur collaboration. Les rares réticences que pouvaient avoir certains esprits chagrins à la lecture du Groom vert-de-gris n’auront aucune prise sur ce nouvel opus : le premier tome de La femme-léopard est une réussite. Une aventure rondement menée, un humour savamment distillé au gré des soliloques de Spip, des situations cocasses ou des détails nichés sans exubérance dans l’image ; des personnages proches des modèles originaux s’affranchissant cependant du carcan des codes de la BD d’après-guerre, autant d’ingrédients qui ont ravi mes neurones et mes zygomatiques.
Spirou et ses compagnons n’ont pas pris une ride, et les vieilles recettes ont toujours autant de saveur : un Fantasio déjanté et zazou parcourant l’album en pyjama, un vieux colonel nostalgique des colonies et de la toute-puissance de l’homme blanc, un « rien » de magie incarné par un trio de fétiches géants, une pointe de jalousie féminine, une femme-léopard de Bruxelles, un nazi sécessionniste de l’Urugondolo, les chamailleries de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir au Café de Flore, cet inventaire à la Prévert pourrait ne jamais voir de fin. Et pourtant, il n’y pas trace de saturation : tous ces éléments s’imbriquent, se suivent, se déroulent en un savoureux récit passant en revue l’Europe renaissant de ses cendres, tentant d’oublier les atrocités de la guerres dans un tourbillon de musiques, d’idées nouvelles et d’inventions incongrues.
Mais les grandes puissances veillent dans l’ombre à préserver de la sombre période les atouts techniques : la guerre froide pointe déjà son nez.

Le dessin

Nostalgiques de la ligne claire, du Spirou d’antan, de Bob Fish et autre Ray Banana, réjouissez vous : la BD belge n’est pas morte, et Schwartz semble en être le porteur de flambeau actuel. Longue vie !

Pour résumer

Spirou est un héros intemporel, un vrai : à travers ses changements d’auteurs, il a su s’adapter, vivre avec son temps, rajeunir même, et conquérir un nouveau public. J’adorais la version Franquin (magnifiques QRN sur Bretzelburg ou Le repaire de la murène), j’ai craqué sur Virus ou Qui arrêtera Cyanure de Tom et Janry, j’ai été séduit par Les Marais du temps de Frank Le Gall. Oui, je l’avoue, j’aime le petit groom en rouge. Et je suis ravi de ces nouvelles aventures un tantinet nostalgiques.