Chronique « Les larmes du seigneur afghan » : Une aventure humaine au coeur de la complexité afghane.
Scénario de Bourgaux & Zabus, dessin de Campi,
Public conseillé : Adultes, adolescents, à partir de 16 ans,
Style : Reportage Paru chez Dupuis, le 9 mai 2014
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L’histoire
En 2010, la journaliste Pascale Bourgaux part en Afghanistan pour y tourner un reportage. Elle y retrouve Mamour Hasan, le seigneur de guerre chez qui elle sera hébergée durant son voyage. Une fois sur place, elle découvre avec étonnement que le fief de Mamour Hasan est sur le point de chavirer du côté des talibans. Même le fils du seigneur de guerre tient des propos de plus en plus radicaux. La journaliste est d’autant plus surprise puisque ce village était autrefois l’une des places fortes de la résistance anti-talibane, depuis les attentats de 11 septembre. Comment la situation du village as-t-elle pu basculer à ce point ? Cette question sera l’une des lignes directrices du reportage, dont nous suivrons chaque étape de production dans cette bande dessinée.
Ce que j’en pense
Cet album retrace brillamment le dernier voyage en Afghanistan, de Pascale Bourgaux, grand reporter oeuvrant dans le pays depuis une dizaine d’années. Nous sommes ici plongée dans un témoignage fascinant, raconté de manière simple et vrai. Nous partageons le quotidien de Pascale et son caméraman ainsi que celui des membres d’un petit village du nord de l’Afghanistan. L’occasion pour nous de constater que les journalistes sont souvent exposés à de vrais dangers. L’histoire s’appuie sur des faits évidemment bien réels et cela nous permet de remarquer que le déroulement de ce documentaire n’a pas manqué de rebondissements… A l’heure où les discours politico-médiatiques dissimulent les bavures de l’OTAN et manipulent l’opinion publique, il est bon de voir qu’un tel ouvrage a le courage de réellement nous informer sur la complexité de la situation afghane.
Ce récit est avant tout une réelle aventure humaine, où les destins se croisent et se rassemblent. On en apprend beaucoup sur la vie des habitants, la place des femmes et les différentes hiérarchies. Mais on voit surtout une communauté en crise qui fait face au retour progressif des talibans, ainsi que des élites afghanes corrompues et des grands médias trop silencieux…
Le dessin
Le dessin de Thomas Campi fait preuve de beaucoup de simplicité dans les décors et les anatomies. Libre et instinctif, il donne un enrobage presque naïf aux propos. Ce qui crée un contraste très surprenant et intéressant. La mise en couleur rehausse le dessin et offre un aspect visuel accessible à tous.
Pour résumer
Le sujet de l’Afghanistan est un sujet sensible et l’une des qualités du livre est de l’aborder avec une grande délicatesse, sans jugement négatif. « Les larmes du seigneur afghan » réserve un très bon moment de lecture et pour le coup l’immersion est totale. On prend plaisir à suivre ces deux journalistes de terrain, on apprend des choses et parfois, on tremble avec eux ! C’est le genre d’album que l’on souhaiterait voir plus souvent.