H.S.E. -Human Stock Exchange- (T2)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique HSE T2 : Demain, l’être humain sera côté en bourse

Scénario de Xavier Dorison, dessin de Thomas Allart

Public conseillé : Adultes / Adolescents

Style : Anticipation financière Paru chez Dargaud, le 23 mai 2014


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L’histoire

Depuis que Félix Fox, petit vendeur de voiture chez Zelig, s’est fait coter au « Human Stock Exchange » (le H.S.E), sa vie a changé. Très riche grâce au gros bonus qu’il a touché, il vit dans un monde de luxe.
Pourtant, cela ne lui suffit plus. Pour augmenter toujours plus son train de vie, Simon lui promet de lever un million d’euros supplémentaire s’il prend la place de Leblanc, en devenant directeur marketing.
Pour faire tomber son concurrent, Félix demande à son amie Angela d’acheter le maximum d’actions de Leblanc. Malgré les risques, Angela accepte par besoin…
Côté vie privée, Rachel sa compagne, commence à s’impatienter. Elle lui reproche un investissement trop fort pour faire monter sa cote.
Le jour du choix du nouveau directeur arrive. Angela brade toutes les actions de Leblanc… et fait chuter artificiellement sa cote. Le marché a parlé ! Félix, avec la même cotation que Leblanc, remporte le morceau (le poste) et le pactole…

Ce que j’en pense

Bienvenue dans un monde ultra-cynique où l’argent est roi et ou l’être humain n’est qu’un bien à vendre !
Si l’homme était coté en bourse ? C’est le parti-pris (pas si délirant que ça après tout) que Xavier Dorison et Thomas Allart continuent d’explorer dans ce second tome de H.S.E.
Dans le premier tome de cette trilogie (voir notre critique du T1) Xavier Dorison (Le scénariste de « Long John Silver« , « Asgard« , « Le troisième testament »…) nous racontait la vie « normale » de Félix et sa « mise en cotation » sur le H.S.E. Apprentissage des règles en tant que « produit » et premiers avantages (financiers) de ce changement de vie, tout allait pour le mieux pour lui.
Avec ce second épisode, il est temps de tester le système. Car il n’est plus question « d’arriver », mais d’être le « produit le plus performant ». Il n’y a pas d’autres alternatives dans un marché concurrentiel ultra-libéral que de surpasser son voisin.
En bon petit soldat (et requin) Félix accepte les règles pour faire tomber son concurrent. A lui alors, le niveau supérieur de richesse. Avec la cote de « 300″ c’est l’hôtel privé, la Ferrari et autres avantages. Tout ce dont il rêvait… ou presque. Car La vie privée se doit d’être à l’unisson de ce paradis artificiel. Pour assurer sa cote, Félix doit faire des choix dans sa vie privée qui remettent en cause ce qu’il est vraiment… Bref, avec cette poursuite virtuelle du bonheur et de toujours plus d’argent, il perd le contrôle de sa vie.
Xavier Dorison démontre une fois de plus sa maîtrise narrative. Petit bijou d’horlogerie suisse, il déroule la vie tantôt « parfaite », tantôt bousculée de son anti-héros, dans l’engrenage infernal de la finance. Bien entendu, le monde gangrené par le profit n’est que le reflet à peine exagérée de notre univers. Sous couvert d’une distraction, Dorison pose les questions qui font mal…

Le dessin

Avec son trait classique, Thomas Allart accompagne bien le récit de Dorison. Nerveux, souvent épuré, ses cases s’enchaînent avec précision. Seule la mise en couleur (assurée par lui-même) m’a un peu gêné. Les grandes masses très claires ne permettent pas de poser efficacement d’ambiances fortes. En bref, Thomas Allart remplit le contrat avec un dessin bien exécuté, mais qui manque un peu de personnalité.

Pour résumer

Monde pourri par l’argent, Humain à la cote boursière exposé aux yeux de tous, Dorison et Alart démontent le système (boulon par boulon) de l’intérieur. BD de divertissement, mais aussi réflexion sur le sens de la vie, les deux auteurs nous donnent un BD à mettre entre toutes les mains, mêmes les plus salies par l’argent. Vivement le dénouement de cette trilogie !

NB : La sortie de ce deuxième album s’accompagne d’une refonte complète de la charte graphique, avec une nouvelle édition du T1 à la maquette plus moderne (et cohérente avec le T2).