Chroniques birmanes - Guy Delisle ***

Après les formidables Chroniques de Jérusalem, je poursuis l’œuvre du canadien Guy Delisle en découvrant ses Chroniques Birmanes. Après un début tonitruant, le récit plonge dans la morne monotonie d'une dictature, un endroit pas forcément idéal pour papa déprimé en voie de développement ! Chroniques birmanes - Guy Delisle *** À jamais Birmanie pour les Français, le Myanmar reste l'un des pays les plus fermés au monde.  Guy Delisle brosse un portrait au vitriol de la junte militaire en place. Une population constamment espionnée, des minorités ethniques isolées - Kachin en particulier - voire poussées à la consommation de produits illicites (car payées en cette monnaie quelque peu usuelle), des ONG sans cesse déroutées dans leurs missions, un univers empli de contrastes où s'affichent la vente légale de produits de contrebande et un écart monstrueux entre les plus riches (expatriés, en particulier) et les plus démunis, où les temps d'usage électrique ne dépassent pas deux heures par jour, où tantôt la chaleur oppressante tantôt la saison des pluies fracassantes invite plus à la farniente qu'à l'activité, où lire/posséder une revue interdite induit un séjour en prison, où les adultes réapprennent lors du Water Festival à redevenir des enfants, où les prêtres bouddhistes sont « payés en riz »,... Même, Ang San Suu Kyi, magnifique résistante, prix Nobel de la paix 1991, n'a pas le droit d'être nommée. La Dame vit dans une maison inatteignable pour le premier quidam étranger, à l'époque du livre (2007) : depuis le 13 novembre 2010, Ang San Suu Kyi peut se déplacer hors de son logis, sans passer par la case prison (le pouvoir en place s'est quelque peu assoupli). 
Riche de ressources naturelles (jade, teck, pétrole) exploitées par des multinationales étrangères peu regardantes sur les droits de l'Homme constamment bafoués, la Birmanie souffre de militaires autant avides de décorations que de pouvoir, souvent incultes et incompétents.
Chronique birmanes, opus à l'humour plus rare que celui développé dans Chroniques de Jérusalem, nous propose une plongée dans un état blindé de l'intérieur : foncièrement éclairante !
Éditions Shampoing (264 pages)
emprunté à la bibliothèque
avis : Anne, Aifelle, Cathulu, Antigone, Athalie, Hélène, Noukette, Theoma