Marina (T2) La prophétie de Dante Alighieri

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Marina T2″ : du drame, de la douleur et des larmes..

Scénario de Zidrou, dessin de Mattéo

Public conseillé : Adultes / Adolescents (à partir de 16 ans)

Style : Polar historique Paru chez Dargaud, le 6 juin 2014


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L’histoire

Venise de nos jours. Dans la salle du conseil, Giulio Dandolo, 147e doge vient de convoquer un Conseil Spécial des Dix. Au centre des débats, il est question de la fameuse prophétie de Dante, qui annonce la destruction prochaine de Venise. Pour certains conseillers, les signes annonciateurs de la 4e prophétie ne trompent pas. « L’aqua Alta » exceptionnellement forte et la colonne de granit (engloutie au XIIe siècle) portant à son sommet une statue de crocodile et retrouvée près de l’épave de la mythique Pantegana. « Quant tes eaux noires comme ton âme lécheront Rivoalto, Marco et Todaro pourront enfin revoir la bête aux mille dents ».
Janvier 1945, dans l’hiver de glace, le couvent di San Giacomo abrite Marina, enceinte de l’enfant de Brago, et reniée par son père le Doge…

Zidrou, Zidrou, Zidrou !

Moi, j’aime Zidrou ! Ses drames humains (« La peau de l’ours« , « Lydie« , « Les Folies Bergère« , « Le beau voyage« ), ses longues balades (« La Mondaine« ), ses polars un peu glauques (« Rosko« , « Le client« ). Ce gars-la m’a toujours ému et souvent surpris.
Avec « Marina », Zidrou tente la BD d’aventures. Pirates sans fois ni lois, trahisons, combats épiques, il se sert des codes du genre, dans une aventure dramatique à sa façon. C’est peut-être ça le point faible de la série. Construit sur une trame narrative plus classique/strong> que d’habitude< "Marina" est un récit qui hésite entre les genres. Pourtant, des qualités, la série n'en manque pas.

Ce que j’en pense

Zidrou développe deux récits (contemporain et médiéval) par des flash-backs / flash-forward incessants mais avec grande fluidité. Moins centré sur la figure de Marina, c’est sur la malédiction de Dante qu’il se concentre, en mettant en parallèle les peurs obscurantistes du XIIe siècle et contemporaines.
Raconté avec simplicité et crudité, la vie de la très jeune femme, Marina, n’en est que plus cruelle. Femme-enfant promise à la mort, violée par les pirates et reniée par son père, son destin est à l’image des drames de la littérature classique : sombre, dur, qui finit mal…
Empêtré dans les luttes de pouvoirs, les intrigues et trahisons, ce portrait est à l’image des autres personnages : douloureux et humain.
Malheureusement, je n’ai pas ressenti beaucoup d’empathie avec l’héroïne. Le mélange aventure/histoire/humain n’a pas réussi à me prendre aux tripes.

De l’histoire

“Marina” n’est pas seulement un drame ou un récit d’aventure. Sacrément détaillé sur la Venise médiévale, Zidrou et Mattéo nous offrent un panorama riche et précis de l’époque. Paysages de lagune hivernale, petites places italiennes, intérieurs dépouillés et salles d’apparat, la documentation est parfaitement utilisée. De même, avec les hommes, leurs métiers et leurs rôles, les deux auteurs se font témoins d’une époque où la Sérénissime faisait trembler le monde.

Le dessin

Mattéo montre toute sa maîtrise dans ce second tome. Son dessin spectaculaire, qui retranscrit à merveille les paysages maritimes, comme les scènes urbaines, est une merveille. Son trait, plus réaliste que dans le premier opus, est complété par des couleurs directes (solaires ou terreuses) qui imposent des ambiances prégnantes. La mise en page, en trois bandes, lui permet de faire vivre des cases plus ou moins larges. Variant souvent les plans, il nous offre des planches superbes, aussi belles d’expressives.

Pour résumer

Ce second épisode de la BD d’aventure historique, signé Zidrou et Matéo, m’a laissé quelques regrets. Assez lentement, les auteurs racontent deux histoires (contemporaines et médiévales) sous le signe de la malédiction de Dante. Plus tragique qu’épique, Zidrou et Mattéo nous embarquent dans un drame humain, à la narration assez classique et très documenté. Le dessin de Mattéo sauve la mise, avec des planches à tomber de réalisme et d’expressivité…