D (T3) Monsieur Caulard

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « D T3″ : “D”, comme “défunt”, “Délicieux”, “Déchu”… “Dracula”

Scénario de Alain Ayroles, dessin de Bruno Maiorana

Public conseillé : Adultes / Adolescents (à partir de 12 ans)

Style : Vampires Paru chez Delcourt, le 4 juin 2014


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Résumé du T1 + T2 (par l’éditeur)

De retour d’expédition, l’explorateur Richard Drake s’éprend de Catherine Lacombe, une lady courtisée par un ténébreux dandy : Lord Faureston. Mr Jones, un obscur employé de banque, tente de convaincre Richard que son rival est un vampire. D’abord, incrédule, ce dernier se laisse convaincre lorsque Catherine se fait agresser par le Lord. Mordue au coup, l’état de la jeune femme se dégrade rapidement. En veillant sur elle, sa cousine Betty s’intéresse aux récits de voyage de Drake dans une tribu de « Buveurs de sang » et à la haine que l’explorateur voue à son ancien ami, Stanford.
Drake et Jones traquent ensemble le vampire Faureston, suivis par une mystérieuse aristocrate, Lady d’Angères. Drake finit par décapiter Faureston. Ce qui arrête lady d’Angéres qui s’apprêtait à tuer Catherine.
Lors d’une vente aux enchères, Drake fait la connaissance de Lady d’Angères. Elle convoite un médaillon, qui avait appartenu à un vampire célèbre, le comte D, auteur du « Journal d’un mort-vivant ». Pour le mettre à l’abri, Drake confie le médaillon à son ami Swindley. Mais qui est Drake ?
Lady d’Angères nourrit des doutes sur sa nature, tandis que Betty apprend qu’il aurait bu du sang humain…

L’histoire du tome 3

Dans une sombre foret, un homme profane la tombe de la comtesse Gilda D’Orgensten. Dans le cercueil, in ne trouve pas un squelette de femme, mais celui d’un homme tenant une pioche…
De son côté, Betty est devenue insatiable sur les vampires. Repoussée par Mr Jones, qui veut oublier les épisodes traumatisants qu’il a vécu, elle se met à lire « Le journal d’un mort vivant ». Elle y apprend par le menu, la vie au jour le jour, de ce terrible sire.
L’aventurier Richard Drake veille sur Catherine, qu’il a sorti des griffes du vampire Faureston. Amoureuse du bel et viril aventurier, Catherine se dit prête à le suivre au bout du monde et pour commencer dans sa prochaine expédition. Car ce dernier a choisit de s’éloigner de la dangereuse Lady d’Angerès, qui pourrait, comme le pense son ami Swindley, être un vampire…

Ce que j’en pense

Au moment où Bruno Maïorona (le dessinateur de l’excellente série « Garulfo ») vient d’annoncer son intention de quitter le monde de la BD, sort enfin le 3ème (et dernier) tome de « D » !
Cette série romantique, très inspirée, s’achève dans une flamboyante démesure, qui me fait déjà regretter le départ annoncé de Bruno.
Avec son verbe haut, Alain Ayrolles (l’immense auteur de « Garulfo », « De cape et de crocs« , « D ») nous embarque dans sa vision romanesque et exigeante de la bande dessinée. Ici, pas d’approximation scénaristique, ni de dialogues approximatifs. Le verbe est ciselé, travaillé et « roule » avec plaisir.
Dans ce 3eme épisode, Ayrolles lève le voile sur les zones laissées dans l’ombre (l’initiation de Drake en Afrique, la vie du compte « D », raconté dans le journal d’un mort-vivant), mais c’est surtout les ultimes assauts que Drake mène contre les vampires qu’il raconte avec moult détails.
Après Lord Faureston (décapité à la fin du T2), c’est Lady d’Angères et Monsieur Caulard (alias le conte « D » pour « Dracula ») auxquels il s’attaque. Pendant 62 planches de récit dense, qui alterne flash-backs, scènes psychologiques et scènes d’actions, on n’a pas le temps de s’ennuyer. Il s’agit quand même de régler son compte au plus grand buveur de sang que la terre est portée…
Le scénario est fluide et les personnages ne sont pas mal non plus. Alain Ayrolles brosse des portraits « épais », tout en contradictions. Si Lord Faureston et Lady d’Angères correspondent à la vision moderne des vampires (fantasques, sexy, charmeurs, imprévisibles), Monsieur Caulard, le Lord « D », lui, est très original. Vampire des temps modernes, c’est un financier de génie, un requin, qui s’est enrichi sur des usines d’armements…
Enfin, Loin du scénario trop prévisible, Ayrolles nous réserve un épilogue de derrière les fagots, qui m’a laissé les pieds dans le vide…

Le dessin

Pour son dernier album de BD, Bruno Maïorana assure le spectacle. Décors précis et travaillés, personnages expressifs, il est à l’aise (ou en donne l’illusion) en tout type de scènes.
Portés par de belles perspectives, les architectures londoniennes, les intérieurs bourgeois et les ambiances « sombres » défilent. Malgré la surcharge visuelle imposée par le style victorien, il délivre des planches très lisibles et très graphiques. Du beau boulot !
Les couleurs, confiées à Thierry Leprevost (coloriste sur « ‘Garulfo » et dessinateur de « Monster club« ) sont plutôt réussies. Les ambiances glauques sont très prégnantes, mais la mise en couleur est un peu saturée et trop « guillerette » à mon goût, dans les scènes plus « communes ».

Pour résumer

Jouant sur les codes du roman de genre, Alain Ayrolles et Bruno Maïorana nous offrent un 3e et dernier tome de la série jouissif ! Sombre, sexy et dangereux, ils nous embarquent dans un final flamboyant, inspiré du grand roman fondateur de Bram Stoker. Verbe haut, scénario ciselé qu m’a accroché jusqu’au dénouement et mise-en-image dynamique, cette série EST INCONTOURNABLE !