Il y a « elle », il y a « je » et il y a Henri et puis Buster. « Elle » part à Hollywood sur les traces de Keaton, comique américain, enfant de la balle propulsé (dans tous les sens du terme) très (trop) tôt sur le devant de la scène. Parallèlement, le « je » décrit la courte vie d'un premier Henri (un oncle maternel) puis celle d'un second (le quart-de-frère imposé par le remariage maternel), tous deux handicapés cérébraux. Le garçon incassable n'en demeure pas moins la célébration de deux âmes désarticulées, incomprises par leur entourage respectif parce que différents, courageux ou exemplaires dans leur ténacité à montrer leur différence, à affirmer leur autonomie et leur vérité par les défis qu'ils se sont lancés et qu'ils lancent aux autres par la même occasion (avec plus ou moins de réussite, il faut bien le reconnaître).
Florence Seyvos aurait pu rater Le garçon incassable, récit casse-gueule au possible : mêler deux histoires sans ennuyer ou brouiller le lecteur, composer savamment un équilibre entre détails de la vie courante et anecdotes artistiques, rapprocher deux destins apparemment disjoints (époques séparées, personnalités éloignées) et vérifier que le courage et l'altérité dépassent les frontières, les âges, les temps et les milieux sociaux. C'est le roman de la différence et de l'affirmation de soi : c'est lorsque l'être humain décide de son autonomie (au point d'en perdre son confort matériel ou de se mettre en danger -mesuré-), qu'il donne le meilleur de lui-même, qu'il transcende sa propre peur (et celle de son entourage) et les contraintes qui l'empêchent de progresser, qu'il devient un adulte accompli, tout bancal il reste. Témoignages personnels, tranches de vie éclairantes, fin ouverte assez surprenante (plusieurs interprétations semblent se confronter : une m'a troublée au point que je la mette en doute) : l'amour au grand jour et toujours.
Ce récit au discours simple et subtil donne au lecteur une furieuse envie de replonger dans l’œuvre de Buster Keaton. Émouvant.
Éditions de l'Olivier (165 pages consacrées au texte)
avis : Théoma, Cathulu, Clara, Kathel,
Lu dans le cadre du prix Biblioblog 2014.
et un de plus pour les challenges d'Une Comète (le train est un lieu d'indépendance pour Henri et de création pour Buster) et de Sharon.
Éditions de l'Olivier (165 pages consacrées au texte)
avis : Théoma, Cathulu, Clara, Kathel,
Lu dans le cadre du prix Biblioblog 2014.
et un de plus pour les challenges d'Une Comète (le train est un lieu d'indépendance pour Henri et de création pour Buster) et de Sharon.