Comics pour Noob inaugure une nouvelles rubrique pour parler…d’autre chose que des comics ! On quitte les capes et le continent Américain pour se pencher sur sa cousine, la BD Européenne. Bienvenue dans La BD pour les Nuls ! On commence par un guide de lecture de BD : Spirou !
Bonjour, bonjour ! Je me présente : Héloïse Abellan, 26 ans bientôt 27, appelée Monohise par son chéri et mais aussi par le reste de l’internet ! (et donc de l’humanité)
Je suis une amie de PoisonFanny et –oh surprise- je suis moi aussi une passionnée ! Mais, même si je les aime beaucoup, ce ne sont pas les comics qui font le plus battre mon cœur. Mon âme entière est partagée entre les mangas et la bande dessinée européenne. Mais depuis quelque temps, c’est vers cette dernière que va ma préférence.
Alors quoi ? Pour vous, lecteur de comics, la bande dessinée européenne est vieillotte, poussiéreuse, sans grand héros ou super héros. Elle est cantonnée à la Belgique représentée par des héros que vous jugez bien fades face à Batman, Constantine et autre Hellboy : Tintin et consœur. Sachez qu’il n’en est rien ! Ces héros sont loin d’être inintéressants et posent les jalons de la bande dessinée actuelle. Mais surtout, parce que des auteurs d’hier et d’aujourd’hui nous proposent de grandes œuvres fantastiques, ordinaires ou merveilleuses qui peuvent vous enchanter par leur ingéniosité et leur magie.
Je vais donc débuter ce nouveau chapitre de comics pour noob en vous présentant un classique parmi les classiques, l’un des premiers à voir le jour et surtout l’un des premiers à accéder à la notoriété : j’ai nommé Spirou !
Si j’ai choisi de commencer par ce personnage, c’est parce qu’il est beaucoup plus proche de l’univers des comics que l’on peut le penser (et parce qu’il atteint sa première apogée bédéïque avec Franquin, mon Dieu absolu).
Mais une petite rétrospective s’impose pour comprendre pourquoi. Spirou est créé d’abord par Jean Dupuis et imaginé graphiquement par Rob-Vel. Il sert de mascotte au journal publié par les éditions Dupuis. Son nom signifie écureuil en wallon et désigne un petit groom débrouillard et sympathique.
Il passe très vite dans les mains de Jijé qui continue les histoires décousues et feuilletonesques amorcées par Rob-Vel.
En 1946, il passe dans les mains de Franquin qui en fait le personnage emblématique que nous connaissons aujourd’hui. Les histoires s’étoffent, le héros et son univers également. Il pose son univers dans Un sorcier à Champignac et invente le Marsupilami dans Spirou et les héritiers.
Mais, lassé par un personnage qu’il n’a pas imaginé et voulant se concentrer sur Gaston Lagaffe, SA création, Franquin abandonne le personnage.
Fournier l’actualise et Spirou abandonne petit à petit son costume de groom. Il devient même écolo !
Après la parenthèse Nic et Cauvin qui ne fut pas très concluante pour la série, vient alors le tour de Tome et Janry. Et là, Spirou devient adulte. Les histoires sont de plus en plus matures et Spirou se sexualise, résistant difficilement au charme de certaines jeunes femmes comme dans Luna Fatale. Le style décalé et iconoclaste de Tom et Janry arrive à son paroxysme dans La machine qui rêve où un Spirou désemparé prend un ton adulte jusque là jamais atteint, tant par son graphisme que par son histoire de clones.
En janvier 2006, Spirou arrive au moment le plus important de son histoire et surtout arrive à une étape qui le rapproche énormément de l’histoire des comics. Comme vous avez pu le constater, il n’est pas le héros d’un seul créateur. Il est passé de main en main, allant d’un style à l’autre de manière assez radicale. Mais là, Dupuis permet à tous les auteurs de proposer leur version et nous voyons alors apparaître des timelines parallèles avec une histoire officielle (par Morvan et Munuera puis par Yoann et Vehlmann) et des histoires annexes, intitulées Le Spirou de…). Ca ne vous rappelle rien ce principe ?
Les héros américains ont cette particularité de pouvoir être réinventés. Marvel ou DC conservent une storyline officielle. Mais rien n’empêche les héros de devenir des Zombie dans un monde parallèle !
Spirou a désormais cette même particularité. Et certains auteurs s’en saisissent avec brio.
Voici un petit florilège des albums indispensables de Spirou et de Le Spirou de… :
Période FRANQUIN :
Il y a un sorcier à Champignac, 1951, éditions Dupuis. On peut le trouver sur Amazon dans l’édition de 1986.
Critique : premier album de Spirou et Fantasio a avoir une véritable histoire construite . On y voit le génie de Franquin dans la qualité du graphisme et de l’atmosphère qui s’en dégage.
Spirou et Fantasio (son sidekick ;))arrivent à Champignac où d’étranges évènements viennent perturber la tranquillité de la bourgade. Ils y rencontrent alors un étrange personnage nommé Comte de Champignac qui va leur ouvrir les portes d’un nouveau monde d’aventures.
Spirou et les héritiers, 1952, éditions Dupuis, Marcinelle.
Critique : Premier album de la série qui voit apparaître deux des personnages emblématiques créés par Franquin : Le Marsupilami et Zantafio (le cousin de Fantasio).
Embarqués une course folle pour un héritage de l’oncle richissime de Fantasio, Spirou et son compère vont aller d’épreuve en épreuve pour se rendre compte que leurs valeurs personnelles et l’aventure sont les seules choses qui comptent véritablement.
Z comme Zorglub et L’ombre du Z, 1961 et 1962, éditions Dupuis, Marcinelle.
Critique : Deux des derniers albums faits par Franquin, c’est aussi ici qu’il crée Zorglub, scientifique fou et ancien partenaire du Comte. Franquin nous prouve encore une fois son talent en inventant ce personnage haut en couleur qui dépasse complètement la notion de bien et de mal.
Période TOM et JANRY :
Qui arrêtera Cyanure ? 1985, les éditions Dupuis, Marcinelle.
Critique : l’un des premiers albums de Tom et Janry et très certainement l’un de ceux qui marquera le plus les fans notamment grâce à sa « méchante » qui deviendra récurrente dans le dessin animé.
Spirou et Fantasio sont confrontés à une cyborg hostile détruisant tout sur son passage. Il s’agit là d’une référence assez claire à l’une des premières histoires de Franquin où un savant fou inventait un robot indestructible.
Luna Fatale, 1995, éditions Dupuis, Marcinelle.
Critique : Il s’agit de l’album de la sexualisation des héros du journal de Spirou. Confronté à la fille de Vito la Deveine (méchant emblématique créé par Tom et Janry) Spirou n’y apparaît pas insensible aux charmes de la belle. Il faut avouer que le dessinateur Janry a un don pour créer des femmes au corps de rêve et le scénariste Tom (le scénariste) sait quant à lui leur donner des caractères bien trempés et très intéressants.
Machine qui rêve, 1998, éditions Dupuis, Marcinelle.
Critique : Le style graphique change radicalement avec ce dernier album de Tom et Janry. Il en va de même pour le ton, beaucoup plus mûr.
C’est THE album de Tom et Janry selon moi. Celui où ils transgressent tous les codes amorcés par eux et par leurs prédécesseurs. Il s’agit d’un ovni délectable, génial. S’il n’est pas mon album préféré (hé oui : je vous l’ai déjà dit… Franquin reste mon Dieu absolu en bande dessinée) , il a une place particulière dans mon cœur et je vous invite vivement à le découvrir !
Le Spirou de … Emilie BRAVO
Le journal d’un ingénu, 2008, Dupuis, Marcinelle.
Critique : Divisé en deux chapitres intitulé Comment la raison vient aux enfants et Comment la raison quitte les hommes, Le journal d’un ingénu est un album à avoir absolument dans sa bédéthèque. Il s’agit de la genèse du héros, une sorte de « Spirou begins » attachant et révélateur. Son auteur, Emilie Bravo, prend le parti de nous présenter un Spirou très loin des préoccupations de son temps. C’est grâce à une histoire d’amour avec une jeune fille travaillant au Moustic Hôtel de Bruxelles et sa rencontre avec le déluré Fantasio que Spirou va prendre peu à peu conscience du monde qui l’entoure. Il va alors décider de devenir reporter et de tout faire pour rendre le monde meilleur. Il devient alors le Spirou que nous connaissons tous.
J’espère que ce premier article vous a plu, bonne lecture !