Melvile (T1) L’histoire de Samuel Beauclair (Rattrape d’été…)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Melvile T1″ : Au coeur de la forêt…

Scénario, dessin et couleurs de Romain Renard,

Public conseillé : Adultes, adolescents

Style : Polar noir Paru chez Le lombard, le 4 octobre 2013, 136 pages, petit format cartonné.


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L’histoire

Samuel Beauclair, un jeune romancier salué par un premier roman est en panne d’inspiration. Pour retrouver le goût de l’écriture, Samuel s’est installé à Melvile, dans la maison de son enfance. Avant lui, c’est là que vivait et écrivait son père, un écrivain célèbre.
Miné par cette panne qui s’éternise, Samuel ne répond plus à son éditeur. Enfermé dans ses petits rituels, il évite sa femme Sarah, au ventre arrondi par une grossesse avancée et s’enfuie jusqu’à la ville pour acheter son pack de bière et ses cigarettes. Dans la boutique, son regard s’arrête sur une petite annonce qui propose de petits travaux de peinture et de rénovation.
En rentrant chez lui, Samuel pénètre dans le bureau de son père, un lieu laissé en l’état depuis son décès. Mais l’inspiration ne revient pas…
Pour éviter la saisie par l’huissier, Samuel se décide : il appelle Davis et Rachel, ses futurs employeurs et accepte ce petit boulot qui l’amène loin de chez lui et de ses ennuis…

Ce que j’en pense

Ville imaginaire nichée au coeur d’une dense forêt, Melvile pourrait se trouver en Amérique du Nord, au Canada pourquoi pas… Mais qu’importe, l’important est que cette ville parait réelle, vraie, évidente dans ce premier tome de Romain Renard.
Dans ce lieu chargé d’histoires et de drames (la légende d’Abraham Tréjean et de son fils Mausel) Romain renard pose son décors avec la lenteur nécessaire. Avec un sens du rythme (ou du vide) impressionnant, il amène lentement, doucement, furtivement une ambiance sombre et glacée comme l’âme de son anti-héros. Comme dans le « Apocalypse Now« , le décors rentre en résonance de ses états d’âme. Cette forêt sombre et froide, éternellement automnale devient l’écrin idéal d’une rencontre, d’un drame.
Entre blessures, non-dits, manque d’argent et failles personnelles, Samuel « s’enfuit de lui-même ».
Petit à petit, la charge émotionnelle et la tension montent, l’atmosphère poisseuse remplit l’espace….
Au long d’un récit parfaitement maîtrisé, Romain Renard explore les sentiments, l’espoir, les regrets et brosse un portrait dense, complexe et sans concessions de son personnage.

Le dessin

Difficile de ne parler QUE du dessin chez Romain Renard, car fonds et formes ne font qu’un Pour lui. Auteur complet (scénariste, dessinateur, mais aussi musicien) il met son empreinte sur chaque parcelle de son univers.
Au long de One-shot crépusculaire (125 pages), il nous offre un dessin sensible, d’inspiration classique, où la lumière joue avec les corps. Ses couleurs en camaïeu, impriment une ambiance lourde, collante, délétère. Je vous le prédis : vous allez avoir du mal à en sortir indemne…

Mais encore…

Melvile ne s’arrête pas à l’album que vous avez en main. Romain Renard, en auteur hyper-complet vous propose une bande-son de sa composition pour accompagner votre lecture. Chapitrée et adaptée à la durée de la lecture, vous pouvez télécharger sur Itunes ou Deezer ses six morceaux planants. C’est la BO qui a sublimé ma lecture par ses accords intenses et profonds.
Parrallèmement à la BD, Romain Renard a publié une application Ipad et des bonus accessibles en réalité augmentée, pour prolonger son univers. Plus ludiques qu’indispensables, ses petits plus séduiront l’amateur technophyle.
Pour finir, Romain Renard a fait des prestations scéniques, avec un ami musicien. Si vous aimez son univers, c’est un must hyponitique à découvrir si l’occasion se présente. Voici l’article que je lui ai consacré, à l’occasion d’Angoulême 2014.