Chronique « Une nuit à Rome » (T1+T2) : êtes-vous prêt à tout abandonner ?
Scénario et dessin de Jim,
Public conseillé : Adultes
Style : Récit intime Paru chez grand angle
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L’histoire
Sur la côte italienne, aux premières lueurs du matin, une belle jeune femme regarde la mer. Elle se déshabille, puis se jette du haut de la falaise…
Trois jours plus tôt. Gif-sur-Yvette, au sud de Paris, le 18 aout. Raphaël, la quarantaine, rentre avec Sophia, sa compagne, chez eux.
Arrivé en bas de leur immeuble, ils sont accueillis par Arnaud, un copain de toujours, qui gaffe en lui souhaitant son anniversaire. Il reste encore deux jours avant le grand jour, mais ce soir, c’est la soirée (imprévue !) entre potes pour fêter ça. Normal, à la date ultime, Raph est attendu dans la belle famille.
Cinq mojitos plus loin, la fête bat son plein et Raph refait le monde. Puis, c’est le moment des cadeaux devant tout le monde : Epée laser, coffret DVD et une vieille K7 vidéo arrivée par la poste. Le temps de trouver un magnétoscope en état de marche, tout le monde s’installe devant le petit écran, attendant la grosse blague de base. Les images parasitées révèlent Raphaël, âgé de 20 ans, avec une belle brune dans un lit… mais Raphaël coupe la vidéo précipitamment.
Quant tout le monde est parti et Sophia couchée, seul dans son canapé, Raph repasse la K7. Lui et sa petite amie, s’étaient promis de passer la nuit de leur 40 ans à Rome ensemble…
Ce que j’en pense
J’ai découvert « Une nuit à Rome » vraiment sur le tard… Au cours de l’opération « 48h de la BD 2014« . Ce qui n’empêche pas que cet album m’a littéralement bluffé et je me suis jeté sur les deux tomes complets (la BD gratuite de l’opération ne présentait que 48 pages, soit la moitié du Tome 1).
Avec cet album, Jim nous embarque dans une histoire d’amour contemporaine, simple et vraie qui parle à beaucoup de monde (moi, le premier).
Pour commencer, le « pitch » est excellent : peut-on laisser tomber tout ce qu’on a construit avec son/sa partenaire pour une nuit avec son amour de jeunesse ?
Mais l’intérêt de ce long dyptique (2 x 110 pages) ne s’arrête pas là. Lentement, à la façon d’un film introspectif (pas étonnant, Jim a des activités de réalisateur (voir « Vous êtes très jolie, Mademoiselle« , et « J’aime autant qu’on ne se quitte pas« , son nouveau film en préparation et en crowfooding), il interroge nos préoccupations de couple (l’amour, la fidélité, le but de la vie…) avec des dialogues sans faux-semblants et des situations que chacun peut transférer sur lui (ou ses proches).
En explorant tour à tour les sentiments / faiblesses / lâchetés / regrets de ses deux amants d’une nuit (Raphaël et Marie) et des dommages colatéraux (Sophia et Damien) il nous renvoie à nos interrogations, nos peurs, nos désirs… La complexité d’un couple d’aujourd’hui.
Avec une grande sensibilité et une vraie sincérité, ce double album m’a captivé et ému (et ma compagne aussi…).
Petit bémol, le premier tome est à bien des égards le plus fort. Il pose les personnages, l’enjeux dramatique, tout ce qui m’a accroché. Le second tome, lui, se concentre sur la nuit à Rome des deux amants. Il n’y a presque plus de changements émotionnels et on est réduit à suivre (avec plaisir) la déambulation amoureuse du couple dans la ville éternelle.
Le dessin
Le trait de Jim est assez particulier. Partant d’une base très classique, son dessin s’est lentement transformé dans un trait plus rapide, nerveux, moins fini. Le résultat, moi, me plaît vraiment. Pas léché, mais très fort pour retranscrire le moment et l’émotion de ce moment. Son sens du cadrage et de la lisibilité font merveille dans ce long-très long dyptique qui m’a emporté comme dans un film.
Encore un petit mot sur les très belles couleurs de Delphine (la compagne de Jim). Elle pose des aplats simples, animés par des lumières « sensuelles ». L’ensemble est cohérent et vraiment beau, bravo !
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