Chronique « Texas Cowboys (T2) » : Dans l’ouest (encore) du nouveau !
Scénario de Lewis Trondheim, dessin de Mathieu Bonhome,
Public conseillé : tout public,
Style : Western pur jus de cactus !
Paru chez Dupuis, le 29 aout 2014, album cartonné, 152 pages en couleurs, 20.50 euros
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L’histoire
Harvey Drinkwater, l’écrivain désormais célèbre pour ses chroniques sur Forth Worth (le coin le plus pourri et le plus dangereux de l’Ouest américain) débarque et règle ses comptes à coup de cendrier. Puis, tranquillement, il se rend au bureau du télégraphe pour recevoir les nouvelles régulières qu’il reçoit d’Ivy Forest, son correspondant. Mais cette fois-ci, les nouvelles ne sont pas de bonnes…
Au même moment, Ivy sort du bureau de télégraphe, suivi de prêt par Frank, une crapule de la bande de Bass. C’est pour épargner sa famille prisonnière, qu’Ivy a demandé à Drinkwater de revenir. Les rescapés de la bande de Bass veulent lui faire la peau pour se venger de l’homme qui a fait tomber leur chef (voir Texas Cowboys T1)…
Ce que j’en pense
Yippe ai, hé ! Voici le retour du « western à la papa » !
Et hop, c’est reparti pour une longue rasade de 152 pages. Lewis Trondheim et Mathieu Bonhomme remettent le couvert de cette histoire (ou plutôt de ces histoires), pré-publiées dans le magazine Spirou.
Comme dans le premier tome de cet excellent western, les auteurs nous offrent un beau moment de détente, pas prise de tête, qui joue avec les codes du genre.
Pour commencer, les archétypes du western sont bien présents : le pied tendre, les hors-la-lois sales et méchants, les joueurs de poker, les fine gâchette, la belle nana…. On est en terrain connu.
Entre l’esthétique des westerns « classiques » (façon John Ford ou Antony Man…) et des personnages plus proches des versions Spaghetti (Le « héros » est loin d’être « sans peur et sans reproches »), Trondheim et Bonhomme nous entraînent dans un récit « chorale », menés par des personnages typés et travaillés. Une vraie galerie de « vainqueurs » !
Autour de l’intrigue principale (Harvey va -t-il survivre au piège tendu par la bande de Bass ?), Trondheim développe de petits récits parallèles qui crédibilise son monde « Western ». A coté des combats méchants/gentils, d’autres conflits moins démonstratifs ont lieu. Dans la vie des vrais cowboys (vous savez, ceux qui s’occupent des vaches) la place des femmes, les querelles et les coups tordus pour payer moins cher le bétail prennent la place des flingues. On se croirait dans un épisode de « Rawhide »…
Enfin, j’ai adoré Thomas Woodham, un personnage de pure comédie et très récurrent. Cet ancien militaire sudiste raconte cinqs fois de suite comment il a perdu son bras ? Mais comme son histoire change complètement à chaque fois, le dramatique de la situation est cassé par le comique de répétition… Hilarant !
Le dessin
Soyons clair : Moi, j’adooooore Mathieu Bonhomme ! Que ce soit dans « Le voyage d’Esteban » , « Le marquis d’Anaon », « Omni-visibilis », ou « Messire Guillaume », Mathieu est devenu, en quelques années, un des maîtres de la ligne claire contemporaine.
Sur « Texas Cowboys », Bonhomme s’en tient au « Noir et Blanc » pur jus, sans matières, ni dégradés, exception faite de quelques trames de demi-teintes. Quand on voit le résultat graphique, on ne peut qu’applaudir le parti-pris puriste.
Pour en rajouter une couche, il s’en tient à un découpage minimaliste. Pas de découpes savantes de cases aux formats changeants, mais un système de « gaufrage » stricte (la planche est composée de six cases de même taille), avec de temps en temps, des cases de double largeur.
La couleur, traitée en grands aplats, n’est pas toujours réaliste. Qu’importe, cela renforce fortement les ambiances (depuis « Lucky Luke » et ses couleurs « funky », on ne se pose plus la question…).
Peut être encore plus dans cette série, que dans ses précédentes, Mathieu Bonhomme « croque » ses personnages avec jubilation. Il détaille une galerie de portraits « haut en couleurs » et très expressifs. Bravo !
Pour résumer
Deuxième tome et deuxième Youpi-ai-hé pour les amateurs de Western. Trondheim et Bonhomme arpentent l’âpre route du « Wild Wild West ». Bousculant les codes et jouant avec les archétypes, ils nous offrent une pure distraction à apprécier avec un Whisky dans une main et un Colt dans l’autre…