Les Suprêmes - Edward Kelsey Moore ****

Par Philisine Cave
Les Suprêmes, c'est d'abord un formidable trio de chanteuses qui a marqué le monde musical avec plusieurs chansons intemporelles (dont Baby love, qui a obsédé ma lecture, à tel point qu'elle me revenait sans cesse en tête dès que j'ouvrais ce livre, c'est vous dire son pouvoir sur mon cerveau). Tiens, petite piqûre de rappel (histoire de vous communiquer ce virus auditif, qui symbolise si bien l'ouvrage d'Edward Kelsey Moore... oui, je sais être généreuse quand il faut)   Bon, maintenant que j'ai lu le premier roman d'Edward Kelsey Moore, Les Suprêmes représente un autre formidable trio de quinquagénaires, toujours pimpantes et brillantes, qui vous donnent une pêche d'enfer qu'il sera déraisonnable d'ignorer en ces temps (météo, sinistrose politique) d'enfer ! Trois collégiennes apprennent à s'apprivoiser et à se réconforter : il y a Odette aux talents culinaires discutables, il y a Clarice aux doigts de fée et puis Barbara Jean, jolie Cendrillon au foyer désœuvré. Elles grandissent, ne se perdent jamais de vue et s'épaulent quand le sort s'acharne (et on peut dire qu'il ne leur fera aucun cadeau).
C'est l'histoire d'une amitié sans failles, une cure de jouvence qui rappelle notre belle humanité : l'amour toujours (entre elles, pour leurs époux -mêmes infidèles- et leurs enfants), leur communauté comme point d'ancrage et de partage (le sanctuaire de Big Earl et de sa famille protectrice), la vie en résumé (les premiers flirts, les premières sorties, les commérages et les croyances, le deuil insurmontable, les déviances et la résilience, les fêtes de mariage comme marqueurs de réussite sociale, les naissances et la maladie, les rêves et les non-dits, l'Histoire qui s'installe tout au long du récit - adieu ségrégation, début de l'émancipation féminine, ouverture des ghettos noirs, même si rien n'est totalement acquis).
On rit, on pleure, on ne souhaite qu'une chose : embrasser Clarice à la quinquattitude révoltée, soutenir Odette et discuter avec Leonor Roosevelt porteuse de poisse légendaire  (et pourquoi par fumer avec elles en cachette), câliner Barbara Jean parce que cette vie-là ne l'a guère épargnée, caresser deux aigles voraces qui nous offrent un moment de franche rigolade.
Edward Kelsey Moore propose une plongée dans cette Amérique des temps durs et incertains, où la population croit en son avenir, où trois femmes unissent leurs destins pour le meilleur, juste pour le meilleur. Un premier roman simplement magnifique !  
Traduction de Cloé Tralei avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson
Éditions Actes Sud (je remercie particulièrement Chloé Revollet des éditions Actes Sud, qui m'a proposé l'envoi de ce SP, pour son infinie patience, pour sa confiance et pour la totale liberté de lecture dont j'ai joui)

d'autres avis : Clara, Cathulu, Clarabel, Théoma, Gambadou, Cess,
Ce livre voyage mais je l'ai proposé d'abord à ma copine F. Je vous tiens au courant de sa disponibilité.


et un de plus pour les challenges d'Iman et de Daniel