Chronique « L’Ombre des Shinobis (T1) » : Attention démons !
Scénario de Sylvain Runberg, dessin de Xu Zhiefeng,
Public conseillé : Grands adolescents / Adultes
Style : Aventure fantastique , Japon
Paru chez Glénat, le 1er septembre 2014, 48 pages, 13,90 euros
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L’histoire
Japon médiéval. Au milieu de la nuit, une « ombre » pénètre dans le palais de Michiaki, le prêteur sur gages. Dès qu’il l’aperçoit, l’homme se prosterne à ses pieds. L’ombre se déshabille. C’est une très belle femme… Quand elle s’accouple sauvagement avec Michiaki, ce dernier décède durant l’étreinte.
La fille du Daimyo Togugawa revient d’un voyage auprès de l’impératrice. Elle vient d’apprendre que le seigneur Ashikaga envisageait un coup d’état.
Malgré la garde rapprochée composée des meilleurs hommes, la sécurité n’est pas assurée. Le palanquin est attaqué par une bande de brigands masqués qui n’épargnent personne.
Le Ronin (samouraï sans maître) Minoru se présente aux portes du seigneur Takeda pour se mettre à son service. Pour le tester, Takeda lui demande d’affronter trois de ses meilleurs hommes. C’est une escarmouche qu’il maîtrise à mains nues. Après ce coup d’éclat, Minoru est intégré dans la garde de Takeda, mais il lui faudra encore prouver sa loyauté…
Ce que j’en pense
Une nouvelle série de « BD Samouraï », après les très réussis « Okko« , « Samouraï » ou « Isabellae« , ça se regarde avec attention, quant c’est signé par Sylvain Runberg, le talentueux scénariste d’ « Orbital » et « Reconquêtes« .
Pourtant, dans ce genre qui trouve de plus en plus d’amateurs et d’auteurs, il semble difficile de tirer son épingle du jeu. Associé à Xu Zhifeng, un dessinateur chinois, dont c’est la première parution ‘franco-belge », Sylvain Runberg nous propose SA version du genre.
Il pose un récit documenté et érudit, qui tire parti des spécificités du Japon féodal. En particulier, il s’intéresse aux luttes de pouvoirs et d’alliances pour qu’un Daimyo (seigneur local) prenne le pouvoir et devienne « Shogun » à la place du « Shogun ». Ca vous rappelle quelques chose ? Moi, ça me fait penser aux ressorts de « Game of Throne » (« GOT » pour les intimes) à la sauce Yakitori. Une bonne référence donc !
Si vous n’êtes pas habitués aux concepts et termes japonais, il va falloir s’accrocher. Avec mon petit bagage d’amateur de cette période, je n’ai pas trouvé ça pesant.
Bien entendu, Sylvain Runberg n’oublie pas les codes du genre. Il met en place une belle galerie de portraits (le guerrier absolu, la femme belle et dangereuse, le seigneur félon, les démons…) qui lui permet d’alterner scènes de mise en situation et scènes de combats ultra-dynamiques. Appréciez l’arrivée chorégraphiées des Shinobiis en page 38, c’est terrible !
Son monde japonnais médiéval baigne dans une ambiance fantastique « sexy » et « démoniaque » qui n’est pas sans rappeler « Okko » ou « Isabellae« . C’est sans doute la culture nipponne qui veut ça.
Le dessin
Le jeune dessinateur Xu Zhifen signe ici une première participation remarquée. Sa connaissance poussée de l’histoire militaire lui permet de mettre en image un Japon Féodal qui semble très crédible. Ainsi, armures et décors sont précises et réalistes.
Les personnages sont plutôt réussis, exceptés quelques expressions (de visages et corporelles) un peu rigides, mais rien de vraiment gênant.
L’ensemble est très lisible et suffisamment aéré dans un décorum qui aurait pu être pesant…
Enfin, j’ai senti que Xu Zhifen était particulièrement à l’aise dans les scènes de combats. Chorégraphiques et dynamiques, l’influence du « cinéma de Hong Kong » y est manifeste. C’est superbe.
Pour résumer
Avec ce premier tome de « L’ombre des Shinobis », Sylvain Runberg et Xu Zhifen signent une belle collaboration. Mise en place réussie, ils nous entraînent dans un monde japonnais fantastique complexe et subtil. Même si la résolution de la première aventure arrive un peu vite, c’est vraiment bien amené pour un premier tome. Tout y est pour se faire plaisir… et même plus.. A suivre donc avec intérêt.