Confiteor - locution latine de je reconnais, j'avoue, je confesse à Dieu- représente une fresque monumentale, une expérience littéraire insolite et remarquablement construite, un classique pour les futures générations. Parce que personne ne peut mésestimer l'intelligence et la maîtrise de son auteur Jaume Cabré, parce qu'il y a un avant et un après Confiteor, tout simplement.
Adrià Ardèvol est un petit garçon pas de bol : hyper intelligent, il sert de tampon entre deux parents bourgeois frappadingues. Son père souhaite qu'il apprenne le maximum de langues, sa mère le violon. Tiraillé entre ce couple tyrannique qui ne s'aime plus et qui l'aime mal, notre petit héros doit sa survie mentale à son fidèle ami Bernat (musicien et mélomane chevronné), à ses « potes » Aigle-Noir et Carson, à la douce et angélique Sara, à la chaleureuse mais ferme Lola Xica, aux escapades secrètes dans le salon paternel, tour imprenable où le commerce nauséabond fructifie. Là, l'intellectuel d'Adrià use de rêveries pour échapper à ce monde tristounet. Malheureusement, l'imaginaire se révèle guère réjouissant.
Confiteor est à la fois sombre et brillant. C'est une œuvre complète à la forme et au fond ciselés. Sa lecture exige beaucoup d'attention et d'efforts de mémorisation de la part du lecteur : il est possible que ce roman déroute, bouscule voire éloigne, non pas par son contenu (écrit) mais par la narration utilisée (aucune linéarité, changement de sujet et d'époque au cours d'une phrase débutée, ...). Cet exercice de style, qui, à mon avis, aurait bien plu à Raymond Queneau, s'avère très risqué parce qu'il exige une maîtrise totale du récit, parce qu'il s'attaque même à l'ossature du corpus, parce que toute défaillance -même infime- enverra valdinguer le reste. Et là, on ne peut qu'applaudir l'exploit : d'ailleurs, d'une certaine façon, il faut lire Confiteor, juste pour savourer cette nouvelle façon de rédiger. Cette démarche analytique a l'avantage d'épouser au plus près le vivant de son héros, à la mémoire défaillante, à nous la faire ressentir. Et, là encore, bravo : on adhère au texte, on comprend l'énorme difficulté à restituer les souvenirs lorsque plus rien n'est clair dans la tête, lorsqu'il n'y a plus de frontière entre réalité et imaginaire. Confiteor représente aussi le legs littéraire d'Adrià Ardèvol à l'humanité tout entière : parler du Mal historique (inquisition religieuse, la Shoah) et vivre la peur au ventre auprès d'une famille et d'un entourage inquiétants (avec des humains sans scrupules comme Félix Ardèvol, Monsieur Bérenguer ou Tito Carbonell, par exemple).
Et pourtant, Confiteor dégage une lumière incroyable : riche de ses personnages bien marqués malgré leur nombre conséquent, ce roman parle de transmission et offre une place méritée aux objets (un violon Storioni, un morceau de tissu sali, une médaille et puis ce texte, Confiteor), ces marques du passé qui nous permettent de ne pas oublier, celles qui perdurent malgré les assassinats, les génocides et les vilénies. Confiteor raconte la vie d'un homme tout simple, fait de doutes et de contradictions, un homme lâche et courageux, un homme instruit au cœur écorché, un homme amoureux et infidèle, un homme qui rappelle et interpelle. Somptueux.
Traduction parfaite d'Edmond Raillard, parce que traduire un bouquin pareil est un vrai défi littéraire ! Éditions Actes Sud (761 pages consacrées au texte)
Un énorme merci à Une Comète qui m'a offert ce roman à l'occasion du swap d'Aspho : comment te dire toute ma reconnaissance et mon amitié, il n'y a pas de mot, à part je t'embrasse fort !
J'ai lu ce roman dans la cadre d'une LC avec Liliba, que je remercie pour sa patience et son soutien !
Ce livre voyage : je vais le proposer à Julie L. et ensuite, il sera pour vous si vous voulez le découvrir.
d'autres avis sur ce roman : Clara, Noukette, Violette, Valérie, Alex, Malika, Dasola, Karine, Nina, Cachou, Cuné, Mélopée, Mango, Richard et Attila, Marimile,
et un de plus pour les challenges d'Asphodèle (Prix du Courrier International du meilleur livre étranger - 2013), d'Iman et d’À propos des livres. Rentrée littéraire 2013
Confiteor est à la fois sombre et brillant. C'est une œuvre complète à la forme et au fond ciselés. Sa lecture exige beaucoup d'attention et d'efforts de mémorisation de la part du lecteur : il est possible que ce roman déroute, bouscule voire éloigne, non pas par son contenu (écrit) mais par la narration utilisée (aucune linéarité, changement de sujet et d'époque au cours d'une phrase débutée, ...). Cet exercice de style, qui, à mon avis, aurait bien plu à Raymond Queneau, s'avère très risqué parce qu'il exige une maîtrise totale du récit, parce qu'il s'attaque même à l'ossature du corpus, parce que toute défaillance -même infime- enverra valdinguer le reste. Et là, on ne peut qu'applaudir l'exploit : d'ailleurs, d'une certaine façon, il faut lire Confiteor, juste pour savourer cette nouvelle façon de rédiger. Cette démarche analytique a l'avantage d'épouser au plus près le vivant de son héros, à la mémoire défaillante, à nous la faire ressentir. Et, là encore, bravo : on adhère au texte, on comprend l'énorme difficulté à restituer les souvenirs lorsque plus rien n'est clair dans la tête, lorsqu'il n'y a plus de frontière entre réalité et imaginaire. Confiteor représente aussi le legs littéraire d'Adrià Ardèvol à l'humanité tout entière : parler du Mal historique (inquisition religieuse, la Shoah) et vivre la peur au ventre auprès d'une famille et d'un entourage inquiétants (avec des humains sans scrupules comme Félix Ardèvol, Monsieur Bérenguer ou Tito Carbonell, par exemple).
Et pourtant, Confiteor dégage une lumière incroyable : riche de ses personnages bien marqués malgré leur nombre conséquent, ce roman parle de transmission et offre une place méritée aux objets (un violon Storioni, un morceau de tissu sali, une médaille et puis ce texte, Confiteor), ces marques du passé qui nous permettent de ne pas oublier, celles qui perdurent malgré les assassinats, les génocides et les vilénies. Confiteor raconte la vie d'un homme tout simple, fait de doutes et de contradictions, un homme lâche et courageux, un homme instruit au cœur écorché, un homme amoureux et infidèle, un homme qui rappelle et interpelle. Somptueux.
Traduction parfaite d'Edmond Raillard, parce que traduire un bouquin pareil est un vrai défi littéraire ! Éditions Actes Sud (761 pages consacrées au texte)
Un énorme merci à Une Comète qui m'a offert ce roman à l'occasion du swap d'Aspho : comment te dire toute ma reconnaissance et mon amitié, il n'y a pas de mot, à part je t'embrasse fort !
J'ai lu ce roman dans la cadre d'une LC avec Liliba, que je remercie pour sa patience et son soutien !
Ce livre voyage : je vais le proposer à Julie L. et ensuite, il sera pour vous si vous voulez le découvrir.
d'autres avis sur ce roman : Clara, Noukette, Violette, Valérie, Alex, Malika, Dasola, Karine, Nina, Cachou, Cuné, Mélopée, Mango, Richard et Attila, Marimile,
et un de plus pour les challenges d'Asphodèle (Prix du Courrier International du meilleur livre étranger - 2013), d'Iman et d’À propos des livres. Rentrée littéraire 2013