Tape-cul - Joe R. Lansdale

Par Manu17


Septembre est déjà bien entamé et je ne vous ai toujours pas raconté mon dernier voyage. Direction donc l’East Texas pour une petite visite à mes deux vieux potes Hap et Leonard. Quand je me suis pointé, comme un cheveu sur la soupe, ça chauffait dur. Leonard en avait plein le cul de devoir ramasser les slips sales, jaunes devant et marrons derrière, de Hap qui prenait de plus en plus ses aises. A la décharge de Hap, je crois qu’il était un peu perdu, entre l’envie de se mettre en ménage avec Brett, sa flamboyante infirmière rousse au tempérament de feu, et la peur que ce changement vienne mettre à mal leur relation. Je me suis donc fait tout petit, enfin, autant que faire se peut bien sûr.
C’est justement grâce ou à cause de Brett que la tournure de mon séjour a pris un sacré virage. Apprenant que sa fille Tillie, prostituée de son, triste, état, était retenu plus ou moins prisonnière par un maquereau de la pire espèce, elle était déterminée à la tirer de ses griffes. L’aventure s’annonçait risquée. Impossible de connaitre vraiment les risques encourus sur place ni même si Tillie voudrait sortir des dites griffes. Mais Brett était déterminée et ce que Brett veut, Brett l’obtient. Sacrée bonne femme ! Aucune hésitation pour Hap et du coup, aucune hésitation pour Leonard qui n’est pas du genre à laisser son pote prendre des coups et des risques sans bouger le petit doigt.
On s’est donc tous embarqués en direction de la frontière mexicaine pour une expédition semée d’embuches et de rencontres plus pittoresques les unes que les autres. Un vendeur d’armes dégénéré vivant au milieu de nulle part, des chiens de prairie ou ce qu’il en reste, des tueurs à gages, des tatous, étonnantes bestioles, et surtout un nain aussi insupportable que mémorable du nom de Red. Alors lui, c’est sans la moindre vergogne que je lui aurai bien latté la gueule, quelle plaie putain ! Quel casse-couille ! J’ai connu un nain galeux dans une autre vie, bon OK il n’était pas tout à fait nain mais il était vraiment galeux, au propre comme au figuré, mais ce nain teigneux-là, c’est vraiment l’incarnation de l’abjection… En plus, il est tellement saoulant qu’il m’a plus d’une fois fait trouvé ce périple en sa compagnie bien long.
Bon, vous comprenez bien que si je vous écris, c’est que je m’en suis sorti de toute cette pénible histoire et ce ne fut pas le cas de tout le monde. Mais après un vol en rase motte dans un vieux coucou à la carlingue déglinguée, piloté, mais peut-on parler de pilotage dans son cas, par un indécrottable ivrogne, j’ai tendance à faire dans mon froc rien qu’à l’idée de monter dans un avion.
Et dire que j’ai prévu de retourner voir Hap et Leonard un de ces quatre, rien que d’y penser, j’en ai les boyaux qui se tordent et pas seulement de rire…

Couverture d'une édition originale...



"- Cette nana, elle te tient par le zob.
- Le zob. Les couilles. Le coeur. D'accord, elle me tient, mec."

"On s'endormit enlacés, la télé allumée, et quand on se réveilla en fin d'après-midi, un célèbre animateur tentait d'aider une femme blanche, dans une robe à cinq cents dollars, à vendre son livre sur le pouvoir de l'amour. Elle prétendait que, pour que les choses aillent bien, il suffisait de croire en l'amour - et aussitôt celui-ci imprégnait l'air.
La pollution imprègne l'air, chérie, que tu y croies ou non. L'amour exige davantage d'efforts. Et contrairement à la pollution, il arrive que l'amour disparaisse."

"- Je n'ai rien contre vous, mon ami, mais j'aimerais que vous veniez ici et que vous placiez vos mains contre le mur.
Bill regarda Harman. Herman haussa les épaules.
- Je suppose que quand je serai dans cette position, vous ne me demanderez pas de baisser mon pantalon, n'est-ce pas ? fit Bill.
- Seulement si vous en avez envie, répliqua Leonard."

"On n'eut pas envie de faire l'amour, ce qui signifiait qu'on était probablement en route pour une relation solide. On dormit en ensemble, pelotonnés l'un contre l'autre en chiens de fusil." 
 Faites un tour sur le blog Encore du noir dont le billet exprime parfaitement mon ressenti de lecteur.Et d'autres avis sur Babelio !
 Folio Policier 560 ISBN 978 2 07 039877 5326 pages1997 / 2002