Des ivrognes, j’en ai connu dans ma vie. Un sacré paquet même. Certains n’ont plus mal aux os. D’autres sont toujours là et s’accroche tant bien que mal. C’est un peu le cas de Jack Taylor. Il s’accroche. Tant bien que mal. Plus souvent mal que bien on va dire. L’alcool est son démon. Son plus vieux et plus fidèle démon. Ancien « garda », ancien flic quoi, il a perdu son job à cause de ce démon. Peut-être histoire de détourner l’attention de ce démon, allez savoir, Jack Taylor va être amené à enquêter pour retrouver une femme surnommée « l’ange des Magdalènes ».
Vous avez sans doute déjà entendu parler de ces couvents en Irlande, baptisés du nom de la célèbre pécheresse, dans lesquels on retenait prisonnières, et le mot est faible,des filles-mères, des simples d’esprits, des filles violées, toutes femmes dont les familles ou la société voulaient se débarrasser on va dire. Ces couvents faisaient fonction de blanchisseries. Blanchisseries dans lesquelles ces âmes pècheresses devaient se consacrer à la prière et au nettoyage afin de tenter de se laver de leurs péchés, au sens propre comme au figuré. Si le sujet vous intéresse, je ne peux que vous conseiller l’excellent film de Peter Mulan, The Magdalene Sister, Lion d’Or à la Mostra de Venise en 2002.
Jack Taylor va plus ou moins mener deux enquêtes en parallèle qui vont lui faire croiser une belle brochette de personnages. Des truands à la torture facile, des vieilles dames bien sous tous rapports ou presque, une veuve joyeuse qui a tellement le feu au cul que même une pinte de Guinness bien fraîche ne parviendrait pas à lui refroidir et il va même rencontrer…Lucifer !
J’ai vraiment apprécié la compagnie de cet antihéros dont la culture et l’amour immodéré pour les auteurs et les livres le rendent sacrément attachant. En plus, l’avantage avec les alcooliques de papier, c’est qu’on n’a pas à subir leurs haleines vinassées !
Je dois quand même admettre que j’aurai aimé que Ken Bruen s’attarde un peu plus sur l’histoire des Magdalènes et sur son enquête plus que sur la vie propre de son héros mais comme l’écrit si bien le Bison, l’intérêt est ailleurs : « on ne lit pas un Jack Taylor pour suivre son enquête […] on lit Jack Taylor pour Jack Taylor lui-même, car Jack Taylor est un sacré personnage ».
Avec Le Martyre des Magdalènes, entre Bacchus et Lucifer, la route va être semée d’embûches pour Jack Taylor…
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé bien sûr... ;)
L'avis de La Belette qui m'a fait remonter ce livre des profondeurs de ma PAL.
Folio Policier 523 ISBN 978 2 035871 7366 pages2003 / 2006