Ton regard fixe le ballon lumineux accroché aux étoiles. Qu’en pense ton esprit ? Tu aimerais peut-être
Je frissonne. De froid, de bonheur. Tu te tournes vers moi, braques ton regard sur cet animal qui te parle, te cajole. À quoi songes-tu quand le moment se fait magique ? Tu étends la tête, me lèches le visage, un geste simple, répugnant peut-être, mais la marque de ton indéfectible attachement. Aldous Huxley disait : « Pour son chien, tout homme est Napoléon. » Je suis ton maître, ton empereur.
Au loin, à travers la brume hésitante, un huard appelle le mystère dans la nuit. Tu tournes la tête vers l’encre du lac, cherches la source de l’envoutement. Tu cherches à savoir, à comprendre. Ton esprit est curieux.
Car tu n’es pas qu’un ami fidèle et loyal. Tu es intelligent. Chaque jour, tu me le démontres. Comme tes congénères, tu résous des problèmes nouveaux. Tu comprends des mots, tu reconnais des objets par leur nom. Une zone de ton cerveau reconnait les sons, décode même la voix, une zone similaire à la mienne. C’est une étude par IRM publiée dans Current Biology qui le dit. Tu es notamment habile à traiter les sons chargés d’émotions. Tu obéis aux intonations. Ah, si tu pouvais parler !
Parfois, tu attends que je me détourne pour commettre ton méfait. Ensuite, tu t’enfuis, tu te caches. Serais-tu un être moral, ta conscience discernant le bien du mal ?
Ton comportement m’est souvent étrange, à moi, ton maître, inapte à imiter tes exploits. Tu perçois des choses qui me sont inaccessibles, ton intuition est fine, tes facultés sont perçantes. Je regarde dans tes yeux. Une intelligence pure et tendre s’en dégage. Une âme sensible. Derrière ce regard se cache ce besoin désintéressé d’aimer, de m’aimer.
Tu as des sentiments. C’est manifeste. Pourquoi s’en surprendre, en douter ? Ton système nerveux central fonctionne comme le mien. Mon noyau caudé répond à l’amour, à la nourriture, à la peur, à l’argent. Le soir, le tien engendre ton excitation à mon arrivée, il génère la crainte de la douleur, la tristesse de me voir triste. Tu ne peux me parler, mais comme le disait Victor Hugo, ton sourire est dans ta queue. Tes sauts, tes tremblements, ta posture disent tout.
Sans le savoir, ton existence me fait du bien, me réconcilie avec le monde. Car plus je pense aux hommes,
Alors cette nuit, nuit de quiétude, sous l’acquiescement sélénien, je t’avoue mon bonheur de t’avoir à mes côtés. Je tends les bras, je t’enlace tendrement, et comprime tes muscles puissants, mais abandonnés de labrador.
Bonne nuit, mon chien, mon ami.
Inspiré de : http://wamiz.com/chiens/guide/les-sentiments-du-chien-0117.html
Citations : Évène
© Jean-Marc Ouellet 2014