Comment ça, ça ne colle pas à l'actualité ? Bien sûr que si, ce récit est intemporel (ou presque). Green Lantern/Green Arrow est le dernier né de la collection DC Archives d'Urban Comics. Cet intégral comprend le run de Dennis O'Neil et Neal Adams sur la série Green Lantern, qui fut renommé par Green Lantern & Green Arrow et pour cause, l'archer d'émeraude rejoint son collègue verdâtre. Ce run, on ne le présente plus, c'est l'un des premiers comics de DC qui s'est attaqué à des sujets tabous de l'Amérique des seventies, alors voilà ce que j'en pense ...
Contient ...
J'en avais marre. Oui, c'est ça. Ras-le-bol d'entendre tout le monde faire référence à ce run novateur. Alors, j'ai espéré qu'une parution VF voit le jour et mon espoir a été récompensé. Je guettais, tel une grand-mère sans vie sociale derrière son rideau, l'arrivée de ce tome dans les librairies de France et de navarre, je vous épargnerai les détails [comme celui où j'ai été heureux de parcourir une centaine de kilomètre pour dépenser 35 €] et vais de suite commencer dans le vif du sujet.
Il faut savoir que Green Lantern & Green Arrow date de la fin du Bronze Age, celui où les comics ont commencé à se réveiller. Et cette période, chez DC Comics, a été une période qui a servi de navette entre les récits de science-fiction pour enfant du Silver Age aux grands classiques comme Watchmen ou The Dark Knight Returns ayant lancé le Modern Age. Et clairement, dans ce comic-book, on reconnait bien un mixte des standards de la BD américaine publiée par DC Comics à différentes époques. A mon avis, ce n'est pas un hommage de la part de Dennis O'Neil mais bel et bien la façon par laquelle, à l'époque, on écrivait un bon comics. Alors les imperméables au look rétro de ces années folles passent leur chemin car ils y trouveront tout ce qu'ils détestent : une narration à la troisième personne omniprésente (la narration à la première personne ayant commencer avec Frank Miller), des histoires un peu bêtasses sur la forme et des dessins colorisés à différentes nuances de couleurs flashies.
Parlons-en de ces planches. Il faut dire tout d'abord que le trait de Neal Adams n'a pas vieilli contrairement à ce que pense les personnes ne faisant pas la différence entre un coloriste et un dessinateur. Adams dessine d'une manière très moderne pouvant rivaliser avec les grands standards qui ont habillés nos pupilles aujourd'hui. Ses dessins vifs appellent à l'action et aux rebondissements scénaristiques d'O'Neil tandis que la colorisation de Cory Adams et Jack Adler, bien qu'elle reste très originale pour nous autres lecteurs du Modern Age, a la qualité d'accentué l'aspect vif du trait de Neal Adams et des scénarios d'O'Neil.
Je dis des scénarios car bien que l'histoire forme un tout, chaque épisode (ou presque) peut être lu à part. Et si l'action est au rendez-vous, la réflexion et surtout la dénonciation des problèmes de société de l'époque m'ont déçu. En réalité, la première moitié m'a donner du fil à retordre tellement la caractérisation des problèmes de l'époque sont beaucoup trop simples. Par exemple, cet épisode sur les sectes m'a l'air d'être à côté de la plaque, ne serais-ce que par le chef de cette secte à qui l'on donne des pouvoirs de manipulation. Peut-être faut-il prendre ça sur le ton de la caricature mais c'est une caricature beaucoup trop mal exercée pour être intéressante. La seconde moitié du tome m'a beaucoup plus plu, ne serait-ce que par l'épisode de la première apparition de John Stewart qui, selon moi, justifie l'achat. Et puis, bien sûr, il y a Roy Harper et ses problèmes de toxicomane. Cette seconde moitié m'a sans doute fait mieux accroché car les sujets abordés (le racisme avec John Stewart, Roy Harper et la drogue, l'écologie, ...) sont malheureusement toujours d'actualité et sont des problèmes aussi présent dans nos contrées d'Europe là où les premiers épisodes du livre nous montrait des problèmes plus exclusifs aux Etats-Unis (les Amérindiens, les milices, ...).
Je ne crierai donc pas au génie concernent ce comic-book mais il n'en reste pas moins d'un monument de l'histoire de DC Comics. Je n'hésite pas à le mettre dans le même tiroir que Watchmen, peut-être pas sur la forme (le niveau d'écriture n'est pas le même) mais sur le fond, la dénonciation des problèmes et abus de la société fait plaisir et montre que sans des comics comme Green Lantern/Green Arrow, des Watchmen n'auraient sans doute pas vu le jour.
Sans aller jusqu'à accuser ce run d'être surestimé, je dirai qu'il n'est pas ce que tout le monde nous vend à son propos. J'ai passé une agréable lecture et en ai pris plein les yeux, c'est un bon comic-book, c'est clair, mais ça n'est pas non plus "THE" comics. Le meilleur de ce comic-book repose dans son importance pour l'histoire de DC Comics et les idées qu'il a infusé à l'industrie de l'époque. Il restera un indispensable pour les fans de Green Arrow, de Green Lantern et de comics mais n'est certainement pas au niveau d'un Watchmen car pas assez aboutit et donnera à un public plus large un zeste de déception, c'est certains.