Leblond, la pute et l'homme-enfant

Par Stéphanie @Sariahlit
" Une bonne action. "
Milly René W.
416 pages
Éditions La cabane à mots (2014)
Collection Petits meurtres à la cabane
Solide comme un menhir et guère plus expressif, le fils d’Eugénie Tringlet pénètre dans la galerie. C’est un géant à voix de fausset. Une masse de muscle au service d’une cervelle d'enfançon. Pour dire les choses crûment, chez le Jean-Marie les fondations et les étages sont bien bâtis, mais le budget a été insuffisant pour finir la toiture.

Extrait :
« La bagarre gagne de proche en proche. Des insultes s’échangent de gueule à gueule. Des gifles teigneuses fusent. Des coups de pied hasardeux trouvent un but. Des dentiers se décrochent et des yeux se pochent. Un nombre indéterminé d’inconnus se castagnent sans trop savoir pourquoi, sinon que c’est dans l’air du temps. »
Mon avis :
La mort d'un vieil homme la gorge tranchée lors d'une émeute sur le marché provoque son lot d’événements plus ou moins inattendus dans le petit village de Gardac, cité meurtrie par l'occupation nazie et qui souffre encore de son passé. La première chose que l'on remarque dans cet ouvrage est son titre particulier : il saute aux yeux, il intrigue. Il met en avant certains personnages principaux de l'histoire. Jean-Marie Tringlet est l'homme-enfant : un artiste-autiste qui aime travailler le bois pour s'exprimer et libérer sa mémoire qui garde les moindres détails de tout ce qu'il aperçoit. Sa mère gère sa nouvelle notoriété. Son esprit simplet sous son apparence d'homme fait qu'il passe relativement inaperçu. Pierre Leblond est, quant à lui, un homme d'âge mûr qui a décidé de s'installer dans le petit village reculé de Gardac qu'il a choisi pour sa tranquillité. Il y a ouvert une galerie d'art, plus par plaisir que réelle nécessité. Sa particularité : dormir avec un 38 sous son oreiller. Angoissé le monsieur, ou pas. Et enfin, nous avons la pute, plus communément appelée Marcelle Castanier. Elle n'est plus toute jeune, mais reste l'actuelle maîtresse d'un homme politique. C'est autour d'eux que l'intrigue se développe, mêlant secrets, révélations et rebondissements. La narration est multiple. On découvre peu à peu les dessous de l'intrigue, l'histoire du village ou des protagonistes. Au fil des pages, on s'attarde particulièrement sur le style de l'auteur emprunt d'un certain humour qui donne au récit une connotation plutôt légère et assez surprenante. L'écriture est fluide et se laisse facilement parcourir pour notre plus grand plaisir. Un écrit atypique et surprenant pour les adeptes des récits à suspens.
★★★★☆
Leblond, la pute et l'homme-enfant