Denis Westhoff raconte sa mère

Denis Westhoff raconte sa mère, Sagan

Françoise Sagan. (c) Denis Westhoff.


Soirée Françoise Sagan, ce mercredi 5 novembre à 20 h, jour de Prix Goncourt,  à Passa Porta, dix ans après sa disparition et soixante ans après la publication de "Bonjour tristesse" (Julliard, 1954), son premier roman (lire ici).
Denis Westhoff, son fils unique, racontera la mère incroyable qu'il a eue, aussi attachante que littérairement géniale. Il répondra aux questions de Jacques De Decker et un choix significatif d'extraits de l'œuvre de Françoise Sagan sera lu par Émilie Pothion.
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Denis Westhoff a consacré deux livres à sa mère, le récit "Sagan et fils" (Stock, 2012, Le Livre de poche, 2013), où il prend la plume pour la première fois afin de raconter sa mère avant et après sa naissance, et le beau livre "Françoise Sagan, ma mère" (Flammarion, 2012).
Aujourd'hui, les rééditions des livres de Françoise Sagan sont nombreuses mais ce n'était absolument pas le cas à son décès, le 24 septembre 2004. Derrière elle, une dette fiscale de plus d'un million d'euros et une œuvre, composée d'une trentaine de romans et d'une dizaine de pièces de théâtre, indisponible et sur le point d'être purement et simplement liquidée. Sagan allait-elle disparaître une seconde fois? Non, en 2006, Denis Westhoff, décide d'accepter cette succession empoisonnée, hors norme. Et de la faire revivre. Julliard republie alors un certain nombre de titres épuisés, sous la pression de la justice, appelée à la rescousse par le fils de Sagan, et Jean-Marc Roberts, patron de Stock, décide un programme de rééditions à raison de plusieurs titres par an depuis 2009.

Denis Westhoff raconte sa mère, Sagan

Denis Westhoff.

Pourquoi toutes ces rééditions? Denis Westhoff me l'avait expliqué lors d'un passage à Bruxelles, il y a deux ans. "Les rééditions ont été entamées pour régler les problèmes de justice, pour débloquer les situations éditoriale, fiscale et financière. Il n'y avait que les livres qui pouvaient renflouer les comptes alors que les bouquins édités par Julliard étaient pour la plupart épuisés. J'ai fait d'une pierre deux coups, faire redécouvrir une romancière et renflouer le passif." D'une pierre deux coups car son plan a réussi.
L'esprit dégagé des soucis financiers, il a eu à cœur de se lancer dans une biographie tendre et pudique, "Sagan et fils". Son premier livre, dont le titre "évoque la continuité, comme une petite entreprise." Mais Denis Westhoff ne pensait pas écrire ce récit au moment où il a contacté Jean-Marc Roberts, le patron de Stock, pour les rééditions. "Diverses personnes m'y ont ensuite incité, disant que j'avais eu une mère extraordinaire."
"Sagan et fils" est une belle évocation, chronologique, de la romancière, de la femme et de la mère. "Après une mise en route difficile, je me suis enfermé dans une maison à la campagne avec mon chien et j'ai écrit. J'ai laissé couler ma mémoire. Mes souvenirs sont venus de façon naturelle. Comme quand on saute dans une piscine, on hésite avant et puis, quand on y est, on est très à l'aise."
Le livre reprend la vision d'un fils et des témoignages, comme un grand puzzle. "Je me suis documenté sur certaines époques de sa vie avant moi. Son accident l'a rendue dépendante de la drogue, cela a été le grand tournant de sa vie. Ma mère aimait l'alcool mais elle militait contre la drogue. Si de jeunes lecteurs la découvrent grâce à mon livre, tant mieux, mais je ne l'ai pas fait pour cela. Je l'ai fait pour moi, pour mes enfants, pour ses amis."
Il y a deux ans, Denis Westhoff envisageait de donner une suite à ce premier livre. En citant d'autres noms, dont  celui de François-Marie Banier par exemple. "Je me le réserve pour le prochain volume. Aujourd'hui, je suis arrivé au but mais il y a encore des choses que je n'ai pas racontées. Il y a aussi des tas de choses que ma mère ne m'a pas dites et c'est normal. La vie privée, la liberté, c'est essentiel." Une question à poser à Passa Porta ce mercredi soir.