Les crises ayant rythmé l'univers partagé instauré par DC Comics depuis des dizaines d'années n'ont cessé de prendre de l'ampleur. Source d'événement tragique et épique, elles permettent aux scénaristes de différentes époques et styles de remodeler l'univers à leur façon, c'est Crisis on Infinite Earths qui mit fin au Multiverse et reformulera l'univers DC en 1985 comme c'est Flashpoint qui remettra les compteurs à zéro de tout cet univers pour laisser place aux New 52. Mais entre temps, il y eût Infinite Crisis, un événement qui obéira aux règles instaurées par le genre et dont les prologues et mini-séries pulluleront au point que pas moins de cinq tomes sont prévus dans la réédition française d'Urban Comics, où le millier de pages sera aisément dépassé. Intéressons-nous donc au premier tome, celui sorti il y a presque deux mois maintenant, où l'on peut lire le début de tout dans Countdown to Infinite Crisis mais aussi la mini-série O.M.A.C. Project et le crossover lui étant complémentaire entre différentes séries de la Super-Famille appelé par le doux nom de "Sacrifice" par Urban Comics. C'est donc dans une belle édition de 336 pages pour 28 € que l'on peut se procurer ce premier tome magnifiquement mis en valeur par la couverture de Jim Lee et Alex Ross.
C'est difficile tout de même de faire une critique d'un événement comme une crisis, surtout lorsque l'on a qu'un cinquième sous la main. On ne sait pas de qui est dû quelle idée tant les scénaristes et dessinateurs pullulent. C'est donc des épisodes travaillé jusqu'à trois pairs de mains côté scénario et que j'ai cessé de compter côté dessin, couleur et encrage qui nous sont proposés ici.
Bien sûr, le nombre d'auteurs n'a que peu d'importance si le plaisir de la lecture est au rendez-vous. Et la plaisir y était, je vous assure. C'est avec un long épisode de Countdown to Infinite Crisis que le tome démarre et de grandes choses se forment, c'est indéniable. J'ai été absorbé par la lecture au côté d'un personnage assez méconnu et pourtant tellement attachant que ce Ted Kord. Kord - ou Blue Beetle - est comme un geek rejeté par la société et l'on s'y identifie facilement, sinon, la pitié parlera à notre place mais les liens tissés avec le lecteur sont là, bien présent et quasiment palpable avec cette homme comme les autres et ses lunettes oranges et ses collants bleu. Si vous ne savez toujours pas quel sort est réservé à ce héros masqué, vous resterez bouche-bée et surpris jusqu'à en frémir.
Si Countdown restera l'un des plus grands moments de cette lecture, elle n'en restera pas moins palpitante puisque de nombreux rebondissements, notamment sous le stylo de Greg Rucka, y auront lieu. Le lecteur est tenu en haleine tout le long de l'histoire qui, au fil des pages, se lit de plus en plus vite tant l'on est absorbé par le scénario époustouflant qui est insufflé à l'histoire.
L'aspect graphique est tout aussi soigné. Les dessins des talentueux Rags Morales, Ed Benes, Jesus Saiz, Ivan Reis, John Byrne et de nombreux autres s'occupent d'instaurer une ambiance épique et appuient l'aspect follement tendu de l'histoire que renferme ce premier volume. La colorisation de Hi-Fi de Rod Reis et d'autres embelliront eux-aussi le trait de leurs dessinateurs, la plupart du temps coéquipiers de longue date. C'est donc une vingtaine d'artistes, sans compter le travail soigné des encreurs, qui se donnent le relais d'épisodes en épisodes, voir de pages en pages sans pour autant atteindre l'aspect graphique restant cohérent puisque le style de ces différentes superstars se recoupent à merveille.
Aspiré par l'intrigue dont l'efficacité fait effet, Rucka donne à son O.M.A.C. Projet une ambiance de machination politique et militaire redoutablement bien exécuté jusqu'à arriver à l'irréfutable incrustation de nos super-slips préférés souvent en proie au doute puisqu'ils seront souvent considéré comme des pions par d'autres plus que comme des protecteurs.
La lecture folle de ce Projet O.M.A.C. sera cependant altéré par "Sacrifice", seul temps mort de l'histoire pendant une quarantaine de pages où peu de choses se déroulent et le peu qui y est présenté m'a peu passionné et m'a surtout assoupi puisque cela coupe nette au reste de l'intrigue qui reprendra tout de même assez vite, et assez bonnement, comme elle l'a débutée.
L'autre bémol de cette lecture passionnante sera la barrière de la culture que l'on peut avoir autour de DC Comics, si ici la lecture de Crise d'Identité s'impose, j'ai souvent voulu en savoir plus sur des héros et des éléments à peine effleurés, la publication de Justice League International se faisant désirée par exemple.
De même, le casting est assez imposant et l'on regrettera le peu de développement donné à certaines personnages, les auteurs privilégiant souvent la trinité que forme Batman, Superman et Wonder Woman, l'exception à la règle restant la présence de Blue Beetle ou Booster Gold qui, elle, m'a pleinement intéressée.