On démarre donc avec Detective Comics #439. Autant le dire tout de suite, ce numéro est un peu indépendant du reste de l'ouvrage mais nous permet malgré tout de nous mettre dans l'ambiance du reste du livre. Nous avons droit à un braquage de banque en plein jour où un couple se fait assassiner devant les yeux de leur enfant. Batman assiste lui aussi à la scène ce qui ne manque pas de lui rappeler des souvenirs. Il est assez intéressant de commencer par ce numéro cru et violent car il permet de nous familiariser d'abord avec le style d'Englehart (qui n'est pas le seul à écrire ce numéro) pour ensuite attaquer le reste. Côté graphisme, c'est signé Sal Amendola qui dispose d'un coup de crayon fin et élégant mais surtout très 70s. Ça sera peut-être ce côté-là qui repoussera le nouveau lecteur. Mais après tout, le dessin peut avoir vieillit, tant que le scénario reste d'actualité, c'est lisible et c'est le cas ici !
Nous enchaînons avec Detective Comics 469-476 qui a été rassemblé en VO dans le TPB "Strange Apparition". Autant le dire tout de suite, cet arc a révolutionné les comics Batman. Pas autant certes que le Dark Knight Returns de Miller qui s'articulait autour d'un contexte géopolitique et qui était avantagé par le fait qu'il soit non-canon ou du Killing Joke de Moore qui est plus court. Mais il ne faut pas oublier non plus qu'il y a presque une décennie qui sépare ces différents comics ce qui permet à ce arc de briller. Car oui, nous avons droit là à un des premiers arcs sur le personnage de Batman. Auparavant, le chevalier noir était habitué à des histoires en une ou deux parties mais jamais en autant de numéros. Voilà pourquoi cet arc est historique. D'ailleurs, le premier scénario du film Batman qui deviendra celui de Tim Burton sortit en 1989 en était la libre adaptation tandis que Batman la Série Animée s'inspirera de ce comics pour plusieurs épisodes.
Au niveau des vilains, Batman aura fort à faire puisqu'il va affronter des ennemis connu tel que le Joker (plus démoniaque que jamais), Deadshot (c'est d'ailleurs avec cet arc que le personnage deviendra celui que l'on connaît avec le costume rouge puisqu'il portait auparavant une tenue proche de celle de Fantômas), Hugo Strange (qui n'était pas réapparu depuis les années 1940) ou encore le personnage du Dr Phosphorus.
Les deux premiers numéros de cet arc sont dessinés par Walter Simonson. Il n'y a rien de transcendant et Simonson a déjà bien fait mieux, mais ça reste sympathique. En revanche, avec l'arrivée de Marshall Rogers, nous avons droit à un graphisme époustouflant qui transforme Batman en une ombre, une véritable légende urbaine inspirant la peur aux criminels ! Les différents visages sont beaux, celui de Silver Saint-Cloud devient séduisante et le Joker devient terrifiant. Pareil que pour le numéro 439, ça reste en phase avec l'époque et même si ça a bien vieillit, les lecteurs qui ne sont pas habitué à ce style graphique seront peut-être perturbé.
On attaque donc ce que je considère comme la deuxième partie de l'ouvrage, c'est-à-dire les numéros publiés dans les années 2000 (la première partie étant ceux publiés dans les années 1970). Quelques années séparent les événements des deux parties (et non trente ans comme ce fut le cas dans la réalité) et Bruce retrouve Silver qui est désormais fiancé à un autre homme. Ça sera l'occasion du retour du Joker ainsi d'une apparition de l'Epouvantail et de Double-Face. Le Joker est donc de retour, tout aussi terrifiant et souhaite se présenter à des élections !
J'ai trouvé cette partie moins bonne que la précédente. Le dessin est toujours signé Rogers mais je l'ai trouvé moins inspiré que lors du précédent arc même si son graphisme a évolué ce qui le rend plus accessible aux nouveaux lecteurs. Le scénario, bien que inférieur à celui de Strange Apparition, reste solide et tout aussi accessible que celui du précédent arc. Ce qui est tout de même incroyable, c'est de voire que les deux arcs se complètent parfaitement et on ne peut imaginer l'un sans l'autre alors que ça a été le cas durant trente ans !
Malgré donc une seconde partie légèrement moins bonne, cet ouvrage reste un classique qui se doit d'être lu par tout fan de l'homme chauve-souris qui se respecte tellement qu'il a eu d'impact sur ce qui a été fait depuis. Je suis bien conscient que le graphisme pourra gêner certains mais surpasser cela vu l'importance de cet arc !