Chronique « Ekhö » (T3) : Mais qui a tué Norma Jean ?
Scénario de Christophe Arleston, dessin de Alessandro Barbucci
Public conseillé : Adultes / adolescents
Style : Polar Fantasy
Paru chez Soleil, le 5 novembre 2014
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L’histoire
Ekhö, monde miroir, Hollywood.
Sur le plateau du film “Cléopatre”, la star fait une crise ! Pour retourner la scène, un petit régisseur est envoyé chercher de la pellicule. Avant tout, il se précipite pour voir Norma Jean dans sa nouvelle scène de baignade !
Avec trois heures de retard, la belle arrive, donne un bisou au réalisateur pour se faire pardonner et va se préparer. Quand Zunack, le producteur arrive, tout s’accélère !
Norma Jean, censée être habillée d’un maillot couleur chair, imitant la peau, plonge dans la piscine, complètement nue !
Pendant ce temps, Fourmille et Youri arrivent devant les studios. Il sont venus conclure le plus gros contrat de l’agence Gratule : amener Norma Jean sur les planches des théâtres New-yorkais…
Ce que j’en pense
Et hop, déjà le 3e tome d’Ekhö, monde miroir, après un 1er opus new-yorkais (T1: New-York) et un second tome parisien (T2 : Paris-Empire).
Inutile cette fois-ci de nous rappeler les principes de cette fantaise. (Sinon, relisez le 1er tome. C’est pas si compliqué, quand même !) Arleston et Barbucci nous plongent directement dans leur monde alternatif américain, directement inspiré (très inspiré) des studios Hollywoodiens.
En plein coeur des luttes de pouvoirs entre stars, producteurs et politiques, Arleston ré-écrit, à sa façon, un passage de notre culture populaire : la fin dramatique (remplie de zones d’ombres) de la belle Marilyn Monroe (de son vraie nom : Norma Jean).
Ré-exploitant les éléments connus ou supposés (sa relation avec JFK, sa dépendance aux drogues…), il invente une fable fantaisie, plutôt enlevée et très sexy.
Se concentrant sur l’intrigue liée à la mort de Norma Jean, Arleston met au ralenti le duo antinomique Fourmille / Youri. Même si leurs rapports évoluent (comment ça, ils couchent ensemble ?), ce n’est visiblement pas le sujet de l’album.
Le monde Heroic-fantasy, trés travaillé sur les deux premiers tomes, s’est un peu calmé, lui aussi. Même si quelques dragons et créatures baveuses et poilues à souhait se baladent dans les studios, ce sont les références cinématographiques qui servent leurs délires. Les deux univers se télescopent, mais avec quelques difficultés.
Le dessin
Alessandro Barcucci, qui m’avait épaté sur les deux premiers tomes (sans parler de “Sky Doll”) reste au top. Il faut dire que j’ai découvert l’album dans la version à tirage limité, en noir et blanc et grand format (voir en bas d’article pour plus d’info).
Son dessin, assez caricatural, est d’une grande précision. Mais surtout, personnages, monstres et décors y sont très expressifs. Sans en faire trop, son dessin reste parfaitement lisible, quelque soit la somme de détails qu’il place (et il en met !).
Très à l’aise dans cet univers cinéphile, on sent qu’il s’amuse à croquer une foule de personnages tout droit sortis de la pellicule. King-Kong, Jack Sparrow, Forest Gump, Harry Potter, Edward aux mains d’argent en prennent pour leur grade…
Enfin (ça ne gâche rien), ses Pin-up (Fourmille et Norma Jean) sont d’une sensualité exacerbée avec des courbes à faire rougir un Preshawn.
Comme dans les deux premiers tomes, les couleurs, réalisées par Nolwenn Lebreton, servent parfaitement le dessin d’Alessandro Barbucci. Généreuses saturées, mais aussi subtiles, elles détachent les plans et donnent une ambiance entre « Mangas »/ »dessins animés ».
Pour résumer
Déjà le 3ème tome de la nouvelle série d’Arleston et Barbucci ! Après New-york et Paris, c’est au tour des studios hollywoodiens de servir d’écrins à leurs délires fantasy. Plus “drama” que les deux premiers opus, c’est la mort de Norma Jean (Marylyn Monroe) qui sert de fil conducteur. Dans des studios de cinéma, propices à tous les délires graphiques, ils nous offrent un très bon moment de détente, aux multiples références cinéphiles et à l’humour déjanté.
Deux éditions
Comme les 2 premiers tomes de la série, “Ekhö T3” bénéficie de 2 éditions. En plus de la version classique couleur, sort un tirage limité (1000 exemplaires) particulièrement soigné. Le grand format et le “noir et blanc” mettent particulièrement en valeur le dessin dynamique de Barbucci. Enfin, le cahier de recherches permet d’approcher plus intimement le travail du dessinateur. En résumé, une belle édition pour amoureux du dessin.
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