Le grand mort (T5) Panique

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Le grand mort (T5) » : Le temps se gâte…

Scénario de Régis Loisel et Jean-Blaise Djian, dessin de Vincent Mallié, couleurs de François Lapierre

Public conseillé : Ado / Adultes,

Style : Aventure fantastique
Paru chez Vent d’ouest, le 26 novembre 2014, 64 pages couleurs, 14.95 euros
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L’histoire

Dans sa bicoque au fond des bois, Erwan se réveille, ignorant tout des tremblements de terre qui ont ravagés le pays.
Accompagné de Blanche, il se rend au village de Trouadec pour avoir des informations. Sur place, c’est un vrai cauchemar. Les bâtiments sont tombés et éventrés, recouvrant des dizaines de corps sans vie…
Sur la demande du curée, Erwan se porte volontaire pour les premiers secours. Tout à sa tache, il laisse Blanche toute seule.
Dans le monde parallèle du petit peuple, Macare cueille des fruits pour son fils, Sombre.
Les deux enfants, Sombre et Blanche, disparaissent simultanément des yeux de leurs protecteurs et se découvrent dans le reflet d’une flaque d’eau ou d’un miroir cassé. Mais quel est donc le lien étrange qui les unit, à travers les deux mondes ?

Ce que j’en pense

“Le grand mort” est une série qui m’émerveille et “m’énerve » en même temps.
L’univers fantastique qui “bouscule” intelligemment notre monde, les interrogations que posent Loisel et Djian sur notre époque, les dialogues et situations vraies et contemporaines, les personnages profondément attachants, tout concoure à me faire adorer cette série. Mais le rythme (extrêmement) lent que ses auteurs prennent pour raconter l’histoire m’énerve…
Pourtant, c’est clair, Loisel, Djian et Mallié ont visiblement choisi de prendre leur temps, de poser de grandes ambiances aussi vraies qu’immersives. C’est un principe qu’il faut accepter pour se faire embarquer dans “Le grand mort”…
Depuis le quatrième tome (« Sombre« ), les choses ont changés. Les événements catastrophiques (tremblements de terre, ras-de-marré) se multiplient. Dans le chaos ambiant et l’ambiance “fin du monde réaliste”, Loisel et Djian posent un récit “chorale”.
Dans le monde parallèle et serein du petit peuple, c’est une chasse à l’homme (version “pépère”) qu’ont entamées les prêtresses pour retrouver Macare.
Dans notre monde, version post-apocalyptique, Pauline et Gaëlle oublient leurs différents pour unir leurs forces devant le danger. Mais le road-trip (vers la Bretane) n’est pas aussi facile que prévu…
Quand au duo Erwan-Blanche, il vivent dans une bulle préservée de tout problèmes, sans ignorer ce qui arrivent à leurs voisins.
Ce cinquième tome (“Panique”) joue donc la montée en tension, dans des décors apocalyptiques. On sent la résolution se mettre en place, bout par bout, avec certainement une fin qu’on espère en apothéose.
Mais on en est pas encore là. Il vous faudra patienter encore pour voir si la fratrie Blanche/Sombre se retrouvera et quelles en seront les conséquences ?

Le dessin

Vincent Mallié, le “Padawan” de Régis Loisel et Serge Letendre sur la série “Avant la quête” assure le dessin, toujours sous l’oeil de maître Loisel.
Les cases épurées du début, tout comme le récit, se sont densifiées et chargées en densité. Toujours attentif à la lisibilité, son dessin toujours aussi efficace, gagne en impact graphique. C’est baveux et efficace !
Les lieux et ambiances très différentes accompagnent parfaitement la logique de récit chorale. Si l’univers fantastique, aérien et serein, n’est pas celui que je préfère, j’ai un faible pour sa représentation de notre monde version “chaotique”. Quelle claque !
Enfin, les personnages (féminins principalement) “mûrissent” subtilement sous son crayon. Encore plus affûtées, les attitudes et gestuelles de Pauline et Gaëlle sonnent « juste » !

Pour résumer

Cinquième épisode, et toujours pas de fin… Loisel, Djian et Mallié prennent leur temps (pour notre plus grand plaisir) dans cette fable écologique, qui brasse subtilement “Fantasy” et préoccupations contemporaines.
Mis en image par un dessin semi-réaliste de grande classe, “Panique” porte bien son nom. Il est temps de bousculer un peu ce monde et de plonger dans le drame…