Ce qu'il y a de bien chez Azza Filali, est qu'on lit son roman tout en découvrant la société tunisienne et ses multiples facettes. L'auteure profite de la temporalité de son œuvre pour évoquer l'après-révolution : la chasse aux sorcières (les anciennes victimes deviennent les donneurs d'ordre, les règlements de compte prolifèrent tout comme la corruption), l'entrisme politique des islamistes (à coups de couffins alimentaires ou de cartables scolaires, de bourrage de crâne des analphabètes qui ne savent pas décrypter une étiquette électorale, de réunions obscures et de harcèlement auprès des jeunes filles libérées vestimentairement). On voit aussi la force des Tunisiennes, guerrières des temps modernes qui ne subissent pas sans broncher le diktat masculin. La nouvelle république tunisienne leur doit tant, et surtout leur courage.
Il n'y a ni mauvais, ni bon : tous rêvent du meilleur pour eux-mêmes, certains se révèlent (Jaafar et sa fille Sonia, Hechmi et Latifa), d'autres sombrent. On respire le pays, on déambule dans Tunis, la nuit le jour. Azza Filali nous propose une saine et clairvoyante radioscopie de sa patrie : elle la saupoudre d'ombres et de lumière, de générosité et d'ambivalence, de nourriture et d'envie, oui c'est bien cela, d'en-vie !
Éditions Elyzad (j'adore la ligne éditoriale, la première de couverture de Les intranquilles et j'éprouve un énorme respect à Élisabeth Daldoul, la fondatrice visionnaire d'Elyzad : la Tunisie a beaucoup de chance de vous avoir à ses côtés)
SP reçu et lu dans le cadre de La voie des indés, partenariat entre Libfly et Elyzad: je les remercie
Je dédie cette chronique aux visiteurs tunisiens de Je me livre: je penserai bien à vous lors du second tour de vos élections présidentielles.
et un de plus pour le challenge de Denis
et samedi prochain, je serai dans la même salle de concert que ce groupe :