Dans certaines villes, on n'en voit plus. J'ai la chance d'avoir des dizaines d'oiseaux en visite dans mon jardin. Ils me réjouissent quand je les observe. Je ne me rendais pas compte qu'ils étaient les héros d'autant de livres jeunesse. Quelle aubaine!
Après le magnifique "L'oiseau sur la branche" d'Anne Crausaz (MeMo), présenté il y a quelques jours ici, voilà une nouvelle envolée pleine de plumes et de couleurs.
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Julien Roux
"Les oiseaux"
Les fourmis rouges, 40 pages
Ce qui frappe dans le beau travail graphique de Julien Roux, c'est son choix des feutres qui donnent de belles couleurs mates, non serties mais mises en mouvement là où il "repasse". En quelques albums, "La nuit dans mon lit", "Avec Papa" (même éditeur), ce Français trentenaire qui vit aujourd'hui à Tel Aviv a trouvé et imposé son style.
Son nouvel album, en grand format, frappe dès la couverture avec son oiseau coloré sur fond blanc et le titre écrit à la main. Bravo aussi aux pages de garde, un paon qui fait la roue pour commencer, quarante-huit espèces d'oiseaux dûment légendées pour terminer. Tout l'album "Les oiseaux" est remarquablement construit autour de son sujet unique, avec notamment la répétition d'une phrase ritournelle, "Il est oiseau", à la fin de chaque petit texte de trois ou quatre lignes, léger et musical.
Il commence logiquement par l’œuf, son éclosion, l'oisillon au nid... Il suit la croissance du jeune oiseau à travers un joli texte qui raconte les étapes, voler, voir, manger, chasser, jouer, migrer, aimer... via différentes espèces ailées. La bonne idée est que chaque double page à bords perdus présente en situation un oiseau différent, des petits et des grands, des vrais et des esquissés, toujours bien adaptés à leur milieu.
Les images sont formidables, souvent en plans assez serrés. Elles jouent sur les pleins et les vides, les couleurs et les blancs, et incitent à l'observation. Quelle diversité dans le monde des oiseaux! Julien Roux nous l'explique quasiment sans qu'on s'en rende compte sous la forme d'un texte simple et joliment tourné. "Chacun est différent mais tous dans le même bateau. La richesse est dans l'équipage. Nous sommes oiseaux" est la dernière page de cet album fascinant.
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Elmodie
"Par-delà les nuages"
Gautier-Languereau, 22 pages animées
Le premier livre premier pop-up pour la jeune Française Elodie Laîné, dite Elmodie raconte l'odyssée d'un martinet (qu'on appelle à tort hirondelle régulièrement) parisien. On le suit dans son envol, déployant ses ailes sombres grâce à d'astucieux mécanismes de papier. Il file vers le sud qu'on admire dans les pages qui font surgir d'incroyables paysages quand on les tourne.
En gris, jaune orangé et bleu vif, "Par-delà les nuages" nous fait explorer le monde à la suite de son martinet voyageur. Un monde moderne puisqu'une fusée est lancée en Guyane, un monde éternel aussi quand l'oiseau avide de liberté a l'idée de voler vers le soleil, jusqu'à la finale aussi graphique que poétique.
Pour voir le livre feuilleté comme si vous l'aviez entre les mains, c'est ici.
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Olivier Douzou
"Touït touït"
Rouergue, 40 pages
On sait ce qu'est un flip-book. Benoît Jacques en a fait tout plein de très réussis. Un flip-book, c'est un petit livre dont les images feuilletées rapidement produisent un mouvement, comme un dessin animé. Mais un "flippe-book"? Olivier Douzou, dont on connaît la propension et la force à jouer avec les mots, le crée: un livre qui fait peur parce que jusqu’à la fin, on ne sait pas lequel des deux protagonistes va gagner. Frayeurs, suspense.
Un autre "flippe-book" est également sorti, "Plouf plouf" de José Parrondo, entre une baleine et un bateau.
Pour découvrir ces nouveaux concepts pleins d'humour, c'est ici.
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Anne Herbauts
"Un jour Moineau"
Casterman, 40 pages
Changement de ton, mais pas de décor ni de style, dans le nouvel album d'Anne Herbauts, jeune maman qui entrevoit aujourd'hui le temps de façon différente. "Aujourd'hui, je travaille dans la lenteur", me dit-elle. "Etre maman demande du temps, de la patience. On relativise. J'ai dix livres dans mes carnets. Je les ferai le jour où ça se met. J'ai des livres denses et des livres légers comme celui-ci, fait à la peinture à l'huile que je préfère à l'acrylique."
"Un jour Moineau" commence quand Matin, dont le métier est de refaire des chaussures pour les oiseaux, se trouve bloqué dans sa maison. Qu'est-ce qui coince sa porte? Moineau lui apporte la réponse: un rocher, ou un éléphant, ou une météore, croit-il dans un premier temps avant de comprendre que c'est une Géante endormie qui est effondrée devant la porte de Matin. Peinte en encres de gravure, cette Géante paraît une masse mystérieuse coinçant Matin chez lui. Mais elle a les traits doux d'une femme. Comment la réveiller? Et si Matin confectionnait un gâteau? Une préparation culinaire qui s'assortit d'un tas d'autres actions réjouissantes, chanter, raconter, danser, secouer, réchauffer...
Quand le gâteau est cuit, sa bonne odeur réveille la Géante. L’endormie frémit, crache le caillou qui l'étouffait, se lève et sourit, Moineau en est le témoin. "Moineau n'est pas un vrai personnage. Il n'est ni homme ni femme ni enfant. C'est plutôt un lutin, un animal de la forêt, un Pinocchio." Bien sûr, on peut voir l'album comme un questionnement sur le quotidien et l'éternité, sur le sauvage et le domestique. On peut aussi le prendre au premier degré avec cette maison qui s'explore et ce gâteau parfumé qui se confectionne. "Plein de lectures en sont possibles", assure Anne Herbauts. "C'est à la fois un livre sur la peinture, un éveil à la sensibilité, une réflexion sur le fait de se libérer en mangeant et en recrachant, mais on voit aussi que faire le gâteau est plus important que le manger. La géante ne mange pas le gâteau. Le chemin compte plus que le point d'arrivée."
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François DavidBrunella Baldi
"Roucoule, ma tourterelle"
Océan Jeunesse, 40 pages
Voilà un album un peu plus ancien, publié à La Réunion, qui a été sélectionné dans les White Ravens (Bibliothèque internationale jeunesse de Munich) 2014.
Un album à la fois émouvant et beau, aérien, sur une particularité de l'autre bout du monde.
Après le magnifique "L'oiseau sur la branche" d'Anne Crausaz (MeMo), présenté il y a quelques jours ici, voilà une nouvelle envolée pleine de plumes et de couleurs.
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De l’œuf à l'oiseau, puis aux oiseaux. (c) Les fourmis rouges.
Julien Roux
"Les oiseaux"
Les fourmis rouges, 40 pages
Ce qui frappe dans le beau travail graphique de Julien Roux, c'est son choix des feutres qui donnent de belles couleurs mates, non serties mais mises en mouvement là où il "repasse". En quelques albums, "La nuit dans mon lit", "Avec Papa" (même éditeur), ce Français trentenaire qui vit aujourd'hui à Tel Aviv a trouvé et imposé son style.
Son nouvel album, en grand format, frappe dès la couverture avec son oiseau coloré sur fond blanc et le titre écrit à la main. Bravo aussi aux pages de garde, un paon qui fait la roue pour commencer, quarante-huit espèces d'oiseaux dûment légendées pour terminer. Tout l'album "Les oiseaux" est remarquablement construit autour de son sujet unique, avec notamment la répétition d'une phrase ritournelle, "Il est oiseau", à la fin de chaque petit texte de trois ou quatre lignes, léger et musical.
Les étapes de la croissance. (c) Les fourmis rouges.
Il commence logiquement par l’œuf, son éclosion, l'oisillon au nid... Il suit la croissance du jeune oiseau à travers un joli texte qui raconte les étapes, voler, voir, manger, chasser, jouer, migrer, aimer... via différentes espèces ailées. La bonne idée est que chaque double page à bords perdus présente en situation un oiseau différent, des petits et des grands, des vrais et des esquissés, toujours bien adaptés à leur milieu.
Les images sont formidables, souvent en plans assez serrés. Elles jouent sur les pleins et les vides, les couleurs et les blancs, et incitent à l'observation. Quelle diversité dans le monde des oiseaux! Julien Roux nous l'explique quasiment sans qu'on s'en rende compte sous la forme d'un texte simple et joliment tourné. "Chacun est différent mais tous dans le même bateau. La richesse est dans l'équipage. Nous sommes oiseaux" est la dernière page de cet album fascinant.
La formule "Il est oiseau" apparaît dans la page suivante. (c) Fourmis rouges.
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Elmodie
"Par-delà les nuages"
Gautier-Languereau, 22 pages animées
Le premier livre premier pop-up pour la jeune Française Elodie Laîné, dite Elmodie raconte l'odyssée d'un martinet (qu'on appelle à tort hirondelle régulièrement) parisien. On le suit dans son envol, déployant ses ailes sombres grâce à d'astucieux mécanismes de papier. Il file vers le sud qu'on admire dans les pages qui font surgir d'incroyables paysages quand on les tourne.
En gris, jaune orangé et bleu vif, "Par-delà les nuages" nous fait explorer le monde à la suite de son martinet voyageur. Un monde moderne puisqu'une fusée est lancée en Guyane, un monde éternel aussi quand l'oiseau avide de liberté a l'idée de voler vers le soleil, jusqu'à la finale aussi graphique que poétique.
Pour voir le livre feuilleté comme si vous l'aviez entre les mains, c'est ici.
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Olivier Douzou
"Touït touït"
Rouergue, 40 pages
On sait ce qu'est un flip-book. Benoît Jacques en a fait tout plein de très réussis. Un flip-book, c'est un petit livre dont les images feuilletées rapidement produisent un mouvement, comme un dessin animé. Mais un "flippe-book"? Olivier Douzou, dont on connaît la propension et la force à jouer avec les mots, le crée: un livre qui fait peur parce que jusqu’à la fin, on ne sait pas lequel des deux protagonistes va gagner. Frayeurs, suspense.
Qui va gagner? (c) Rouergue.
Dans "Touït touït", Olivier Douzou fait s'affronter un oiseau et un ver dans son trou. Le premier voudrait bien manger le second qui lui n'entend pas se laisser faire. Qui l'emportera? Réponse dans ce sympathique petit format en deux couleurs qui ménage craintes et surprises...Un autre "flippe-book" est également sorti, "Plouf plouf" de José Parrondo, entre une baleine et un bateau.
Pour découvrir ces nouveaux concepts pleins d'humour, c'est ici.
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La vue qu'a Matin au réveil, les mélèzes de la forêt de Soignes. (c) Casterman.
Anne Herbauts
"Un jour Moineau"
Casterman, 40 pages
Changement de ton, mais pas de décor ni de style, dans le nouvel album d'Anne Herbauts, jeune maman qui entrevoit aujourd'hui le temps de façon différente. "Aujourd'hui, je travaille dans la lenteur", me dit-elle. "Etre maman demande du temps, de la patience. On relativise. J'ai dix livres dans mes carnets. Je les ferai le jour où ça se met. J'ai des livres denses et des livres légers comme celui-ci, fait à la peinture à l'huile que je préfère à l'acrylique."
Un matin, Matin est coincé dans sa maison. (c) Casterman
"Un jour Moineau" commence quand Matin, dont le métier est de refaire des chaussures pour les oiseaux, se trouve bloqué dans sa maison. Qu'est-ce qui coince sa porte? Moineau lui apporte la réponse: un rocher, ou un éléphant, ou une météore, croit-il dans un premier temps avant de comprendre que c'est une Géante endormie qui est effondrée devant la porte de Matin. Peinte en encres de gravure, cette Géante paraît une masse mystérieuse coinçant Matin chez lui. Mais elle a les traits doux d'une femme. Comment la réveiller? Et si Matin confectionnait un gâteau? Une préparation culinaire qui s'assortit d'un tas d'autres actions réjouissantes, chanter, raconter, danser, secouer, réchauffer...
Quand le gâteau est cuit, sa bonne odeur réveille la Géante. L’endormie frémit, crache le caillou qui l'étouffait, se lève et sourit, Moineau en est le témoin. "Moineau n'est pas un vrai personnage. Il n'est ni homme ni femme ni enfant. C'est plutôt un lutin, un animal de la forêt, un Pinocchio." Bien sûr, on peut voir l'album comme un questionnement sur le quotidien et l'éternité, sur le sauvage et le domestique. On peut aussi le prendre au premier degré avec cette maison qui s'explore et ce gâteau parfumé qui se confectionne. "Plein de lectures en sont possibles", assure Anne Herbauts. "C'est à la fois un livre sur la peinture, un éveil à la sensibilité, une réflexion sur le fait de se libérer en mangeant et en recrachant, mais on voit aussi que faire le gâteau est plus important que le manger. La géante ne mange pas le gâteau. Le chemin compte plus que le point d'arrivée."
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François DavidBrunella Baldi
"Roucoule, ma tourterelle"
Océan Jeunesse, 40 pages
Voilà un album un peu plus ancien, publié à La Réunion, qui a été sélectionné dans les White Ravens (Bibliothèque internationale jeunesse de Munich) 2014.
Soojin rêve. (c) Océan Jeunesse.
Il est à tenir reliure vers le haut, permettant ainsi à l'illustratrice Brunella Baldi de s'exprimer dans un format tout en hauteur. Il faut de l'espace pour faire voler les oiseaux et les faire chanter dans leur petite cage fixée sur une longue tige en bois. En effet, François David s'est emparé d'une tradition thaïlandaise, le concours de chant de tourterelles, pour construire une histoire émouvante. Soojin en rêve toute l'année de ce concours de chant. Mais sa famille est pauvre et n'a pas d'argent pour acheter un oiseau. Un jour, ce passionné d'oiseaux recueille une tourterelle blessée, à moins que ce ne soit une feuille qui chante? Il la soigne et Maï Jong reprend de la vigueur, recommence à chanter.Soojin et sa sœur. (c) Océan Jeun.
De belles et douces images aux teintes chaudes de jaune orangé nous montrent le quotidien là-bas, le grand frère qui s'occupe de sa petite sœur en train de perdre la vue. Avec l'espoir fou de gagner le concours et que cet argent permette d'opérer la benjamine. Soojin rêve si fort qu'il aura la force d'aller jusqu'au bout de ses rêves malgré les difficultés.Croire à ses rêves. (c) Océan Jeun.
Un album à la fois émouvant et beau, aérien, sur une particularité de l'autre bout du monde.