Brane Zéro. T1
Histoires de mondes parallèles
Scénario, dessin et couleur de Mathieu Thonon,
Public conseillé : Ado/Adultes; Style : Thriller SF, post-apocalyptique
Paru chez Akiléos, le 15 octobre 2014, 80 pages couleurs, 15 euros
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L’histoire
Dans un monde post-apocalyptique, le jeune Henry Gates et son grand-père essaient de survivre. Dans leur recherche de nourriture, ils n’ont qu’une hantise : se faire surprendre par un Muppet, un monstre qui dévore la couleur et transforme les êtres vivants en statues. Ils rencontreront cette horreur après être devenus les otages d’un groupe de combattants marqués d’un signe étrange rouge vif qui attire immanquablement les monstres.
Ce monde ressemble au nôtre, mais c’est bien dans un monde parallèle que vit Henry !
Les enjeux sont énormes, et Henry, ce jeune gamin aux pouvoirs étonnants est une cible pour les commandos de notre monde, car il est le seul à pouvoir le sauver..
Un thriller SF dans les traces d’Akira
Mathieu Thonon est sans aucun doute un fan de Katsuhiro Ōtomo et de son formidable “Akira”. Le monde post-apo décrit dans sa BD surgit tel un reflet du Neo-Tokyo du célèbre manga. Le dessin est nourri au style manga, dans cette veine des récits d’anticipation s’appuyant sur des mondes en déliquescence, de combats pour la survie dans des mégapoles où les structures vertigineuses de béton et d’acier ont explosé et de pouvoirs psychiques extraordinaires portés par un enfant.
“Brane Zéro.” n’est pourtant pas seulement qu’un copier/coller ou un hommage à Katsuhiro Ōtomo, c’est un thriller haletant qui jongle avec les paradoxes générés par la thématique des univers parallèles et des espace-temps qui s’interpénètrent. Les trouvailles de l’auteur sont intéressantes, tels ces Muppets dans le monde d’Henry qui sont des Langoliers (hommage à Stephen King cette fois) dans notre monde, avaleurs de couleurs qui statufient le tout vivant, ou encore cet autre étrange combattant monstrueux qu’on voit intervenir en fin de récit (une autre influence cette fois, celle de Moebius).
Le dessin
Ces trouvailles lui permettent d’imaginer un monde où seuls apparaissent en couleur les êtres vivants et ceux qui absorbent cette sève pigmentée. Bien vu. Le chaos architectural est ainsi en noir et blanc, dans un trait plutôt fouillé, d’une grande densité de détails et offrant quelques perspectives spectaculaires. Son travail sur les personnages est plus jeté, moins précis et prête plus à critique. Ses Langoliers sont par contre très réussis, une forme de vie synthétique éminemment dangereuse qui fait penser aux tripodes destructeurs de “La guerre des Mondes” de H. G. Wells.
Sur un sujet SF très classique, Mathieu Thonon réussit à nous emporter dan un tourbillon d’action et de questionnements très nombreux qui font la fibre de ce premier tome passionnant. Bien sûr, il lui reste beaucoup d’imprécisions techniques à gommer, de mise en scène à mieux gérer, mais cette “Brane Zéro.” est une jolie découverte dans une catégorie de bande dessinée de science-fiction où les bons récits ne sont pas si nombreux.
Pour résumer
Les ados apprécieront, les vieux grigous qui aiment la SF risquent de se rejeter ensuite avec envie dans la lecture d’Akira ! On attendra donc avec impatience un tome 2 censé clore cette aventure, espérant que tous les points d’interrogations semés sur ce premier tome auront des réponses au niveau de l’intérêt soulevé par ce premier album. Mathieu Thonon, en passionné de Katsuhiro Ōtomo, mais aussi de Moebius, de Bilal et j’ai cru déceler un peu de Geof Darrow, se doit de sauver le monde tout en nous surprenant encore un peu plus.
Illustrations © Mathieu Thonon et Éditions Akiléos (2014)