Tout seul est à la fois le surnom donné à l'ermite vivant dans un phare et sa situation d'humain. Fils de l'ancien gardien, il évite le contact avec les autres et doit sa survie grâce au ravitaillement hebdomadaire d'un bateau de pêche, routine organisée par son père avant sa mort. C'est l'histoire de l'enfermement vécu par deux hommes (Tout seul et le nouvel employé du pêcheur), de l'empathie de l'un pour l'autre, de leur complicité épistolaire ensuite.
Jamais un noir et blanc ne paraît aussi lumineux d'humanité, jamais un dictionnaire n'a semblé si central et si brutal. Avec une infinie délicatesse, Chabouté explore l'intelligence humaine, celle qui permet à un homme de survivre à sa solitude, de s'évader et d'imaginer. Trois hommes se payent la part de la BD : le pêcheur bougon mais pas si méchant, l'aide mystérieux, taiseux mais si puissant de l'intérieur et enfin Tout seul, qui va cheminer et s'affranchir de la peur du regard de l'autre. Il y a des scènes splendides dans ce livre : celle du poisson qui retrouve la liberté, la raison des fameux boom, le petit mot coincé dans un caillou et la question auparavant posée etc. Tout est juste, tout est suggéré, tout est beau (malgré des visages quelconques ou disgracieux)
Il est possible que Chabouté ne réussisse pas toujours l'exemplarité littéraire mais là, avec ses deux BD lues (« avalées » serait le terme correct) Tout seul et De bois et d'acier, il réussit l'accord parfait : celui d'embarquer, d'émouvoir, de faire chavirer le cœur en alignant des héros peu diserts, une météo parfois hostile, un lieu tantôt idyllique tantôt ombrageux. Et franchement, c'est fort, très fort même !
Éditions Vents d'Ouest
avis : Kathel, à propos de livres, Enna, Zazy, Mango, Valérie, Yv, Pasdel, Hélène, Le petit carré jaune, Anne, Moka, Saxaoul, Antigone, Leil, Noukette, Midola, etc.