Bref, ma copine l'a lu, me l'a tendu hier en me déclamant « il faut que tu le lises ! ». Ma première impression fut : « la prochaine fois, j'offre des bouquins déjà lus parce que là, je ne vais pas m'en sortir avec une PAL qui gonfle à vue d'oeil ». Ma seconde impression après la découverte du « truc » avalé en une journée, fut « bon, ben d'un autre côté, je risque dans ce cas, de faire moins de trouvailles et ce serait vraiment dommage.»
Nicole (la cinquantaine), psychanalyste parisienne, s'ennuie ferme dans sa vie bourgeoise. Ses patients tous barges la rendent limite folle ou du moins neurasthénique, son mari devenu un colocataire fantôme (plus de vie intime depuis au moins sept ans) ne lui apporte guère de réconfort. Après une séance de trop, Nicole part prendre l'air de la campagne le temps d'une journée, en rendant visite à sa quasi-jumelle et ex-voisine Élisabeth. Un petit tour dans une ferme voisine va totalement changer la donne.
Le résumé semble tout à fait raisonnable, ce qui l'est moins est la suite de cette journée. Car aussi bizarre soit cette femme lettrée, Nicole va vivre une sorte de black-out positif.
Tout est invraisemblable dans ce roman et pourtant la mayonnaise a pris chez moi, parce que justement j'ai conscience de l'impossibilité de cette intrigue dans la vraie vie. Du coup, cette histoire m'a sortie du quotidien pour me plonger dans cet univers sans retenue. Les personnages sont hauts en couleur et absolument peu lisses : tous sont en recherche de légitimité. Nicole passe du psychodrame à la femme active et dévouée, Jean-Pierre stoïque voit sa vie se défaire, Bertrand assume tout sans complexe et avec facilité. Il y a des scènes réjouissantes dans Les gens sont les gens (une lapalissade comme titre) : le débarquement de Foufou dans la voiture, la présentation de Foufou à Paris, le retour de Nicole à la table des convives après avoir ostensiblement séché le dîner, les interprétations foireuses de son psy très américanophile etc.
Rien n'est crédible et pourtant, les protagonistes tous frappadingues évoluent sagement dans cette intrigue complètement barrée (l'épisode américain en est un bel exemple), où un pauvre cochon sorti de l'enfer rural rencontre celui de la grande ville. Stéphane Carlier s'amuse, a conscience d'ouvrir les vannes les plus larges possible : il a construit un roman sympa qui ne prend décidément pas la tête (un comble pour la psychanalyse).
avis : Keisha, Clara, L'Irrégulière,
Éditions Pocket