Sortie le 4 Mars 2015
Mon corps crépite d’un mélange d’euphorie, de trac et d’envie d’en découdre. Besoin d’en parler à tout le monde, de hurler dans l’avion que ça y est. J’y suis ! Enfin.
Présentation
« Nous ne nous sommes rien dit. Tess a pris toute la place. Puis tu es parti en laissant entre nous un vide silencieux. Tu sais bien faire ça. Ce que tu choisis d’ignorer disparaît. Si on n’en parle pas, ça n’existe pas. Tu dis qu’il ne faut pas se gâcher l’existence. Tu as raison. Nous gardons la tête haute en nous aimant sans parasites. La trotteuse tremblote, sautille, et continue de tourner en rond. Je suis immobile. Au moindre mouvement, quelque chose va commencer et j’ai l’intuition qu’il vaudrait mieux que tout s’arrête. »
J. B.
Un homme et une femme s’écrivent. Ils s’aiment, elle vient d’accoucher de leur enfant et lui, pianiste, est parti en tournée. Passion amoureuse, fusion maternelle, engagement artistique s’entremêlent et s’entredévorent tandis qu’un autre homme entre en jeu. Au fil des lettres et de l’inéluctable chassé-croisé amoureux, chacun se découvre livré à sa solitude.
C’est drôle, quand tu t’en vas, je t’aime encore plus. Je te revois la première fois, ton air moqueur, tes yeux, tes épaules. Je t’ai déjà dit comme j’aime tes épaules ? J’aime ton odeur aussi. Et quand tu joues du piano, mon ventre bouge.
Je ne t’ai jamais dit tout ça. J’oublie de te dire les choses, c’est idiot. Beaucoup de mots ont du mal à sortir de ma bouche. Pourtant, quand tu t’en vas, ils envahissent mon visage, courent le long de mes jambes, chatouillent mes doigts, me rendent heureuse. Quand tu n’es pas là, je me mets à t’aimer comme une folle.
Avis
Le nouveau roman de Julie Bonnie est une merveille, j’avais été touchée par les mots de son premier roman Chambre 2, et voilà qu’aujourd’hui elle amplifie ce sentiment. Elle y parlait du corps de la femme dorénavant elle parle de son cœur, de son amour pour un homme, pour leur vie et pour leur fille.
Pas de prénom à par celui de l’enfant : Tess, la mère est désignée sous le surnom de Fée (toute une mélodie), le père, mon amour, pianiste de jazz, un musicien fragile, une enfance difficile entre un père célèbre et absent et une mère dévastée. Ils vont être séparés un mois à cause d’une tournée internationale, un moment dur à vivre pour cette femme devenue tout juste mère mais une consécration pour se musicien en manque de reconnaissance.
Le roman est constitué de lettres écrites tour à tour par chacun des personnages, des mots qui ne seront jamais échangés, écrits comme pour se libérer d’un poids, celui du manque et de se confesser. D’autres personnages entrent dans leur vie mettant le doute dans leur amour, dans leur désir de continuer à deux, Georges cet artiste peintre blessé vivant dans sa folie créatrice et Mathilde l’amie qui voit se profiler le désastre à venir.
On y retrouve les thèmes chers à l’auteur tels que la maternité et le lien fusionnel entre une mère et son enfant, la vie artistique et son génie destructeur. Encore un texte sensible, des mots qui transmettent l’émotion, les non-dits et la musique. Avec Mon amour, l’auteure continue de me charmer et de me bouleverser.
Un grand merci aux Editions Grasset de m’avoir proposé ce livre et du petit cadeau qui se cachait à l’intérieur : la dédicace de l’auteure.