Chronique « Résistance »

scénario de Sylvain Runberg, dessin de Serge Pellé

Tout Public conseillé (à partir de 10 ans)

Style : Science-fiction
Paru aux éditions « Dupuis », le 20 mars 2015, 56 pages, 14.50 euros
Share

L’Histoire

A la fin du tome précédent, Mézoké s’est évadé d’Orbital avec Caleb. Réfugiés sur la planète Shem, auprès des parents de Mezoké et de leur petite communauté d’exilés volontaires, la vie s’écoule tranquillement. Entre les travaux de ramassage, Caleb reprend peu à peu des forces, malgré les terribles crises psychiques qui s’éloignent peu à peu.
Pendant ce temps, Kristina, la soeur de Caleb, est à sa recherche. Pour obtenir des informations, elle interroge un des derniers dignitaires Sandjarrs qui avaient choisi de rejoindre la communauté primitive. Totalement accro’, le Sandjaar ne peut résister à une dose de Zerwo. Il crache le morceau avant de succomber à une overdose.
Plongé dans un lac d’ammoniac, le vaisseau de Caleb et Mézoké, le Nevronome est presque totalement reconstruit grâce aux bons soins de Dernid. Quand “Angus” perçoit un danger imminent, il est déjà trop tard. La flotte des Achérodes attaque massivement avec des escadrons de combat…

Ce que j’en pense

Ce nouvel épisode d’Orbital est la suite et fin du 3e cycle, engagé avec “Justice”. Comme à son habitude, Sylvain Runberg et Serge Pellé ont imaginé un cycle indépendant qui se suffit à lui-même, tout en enrichissant le monde d’Orbital.
Un peu à la manière de la célèbre série de S.F. “Valérian”, le duo central (L’humain Caleb et lé Sandjaar Mézoké) est antinomique. Si les missions et les aventures que le duo traversent sont divertissants, c’est surtout l’alchimie du duo qu’on suit avec intérêt, car les deux agents spéciaux sont des représentants de deux races qui se détestent.

C’est d’ailleurs cette thématique de haine raciale qui sous-entend tout le contexte géopolitique et sociétal de la série. Plus qu’une simple aventure de S.F. (de très bon niveau), Serge Pellé et Sylvain Runberg construisent un univers complexe et multiple, reflet de notre monde à nous.

Dans le tome précédent, les luttes de pouvoirs au sein de la confédération avaient éclatés au grand jour. Ce nouvel épisode monte d’un cran dans le conflit entre confédérés et isolationistes. Dans l’ombre ou la lumière, Sylvain Runberg multiplie les points de vue (souvent trompeurs) et les histoires internes, pour densifier son récit.
Il n’en oublie pas l’évolution des rapports. Relation de confiance/d’amitié entre Caleb et Mézoké, relation symbiotique entre Caleb et le Nevronome, relation fraternelle entre Caleb et sa soeur, il explore de nombreux registres avec une bonne dose de réalisme.
Enfin et surtout, ce 6e tome est un épisode de conclusion. Dans une dramaturgie poussée à son paroxysme (une guerre interstellaire universelle est toute proche) Sylvain Runberg dévoile la mécanique du pouvoirs. Magouilles, compromission, idéal oublié, il pousse la réflexion sur des thématiques sociétales fortes et profondes.
Dans cet album de tous les dangers, les récits parallèles personnels (l’attentat qui a causé la mort des parents de Caleb, la lutte de pouvoirs entre les dirigeants de L’ODI), se mettent en place pour nous éclairer différemment…

Coté dessin, Serge Pellé est à son meilleur niveau. Sa mise-en-image des mondes, faune et technologies aliens est aussi sublime et inventive que Mezière (le dessinateur de Valérian) en son temps.
C’est un feu d’artifice ou scènes intimes comme grandes planches de guerre interstellaires (éclatés et dynamiques au possible) sont traités avec une force qui me laisse baba.

Pour moi, c’est sur. Orbital est la meilleure bande dessinée de S.F. que je connaisse (à égalité avec UW1 et UW2) !!!!