Zoom sur… Neil Gaiman et les comics !

Par Poisonfanny @PoisonFanny

Neil Gaiman est un auteur prolifique : il est connu pour ses romans, ses scénarios d’épisodes de séries TV, de jeux vidéos, mais aussi comme scénariste de comics. En général, les touche-à-tout sont rarement bons partout. J’ai trouvé l’exception qui confirme la règle ! Zoom sur Neil Gaiman et les comics !

Avec Donatien du blog Geek Tonic, on a voulu vous proposer chacun un article sur Neil Gaiman : ici vous pouvez découvrir la partie comics, ensuite vous pourrez lire la partie sur ses romans et nouvelles ici : Les mondes de Neil Gaiman.

Neil Gaiman et les comics

Comme beaucoup d’anglo-saxons, Neil Gaiman a grandi entre Alice aux pays des Merveilles et les comics de Batman. Mais ce qui l’a motivé à travailler dans le média des comics, c’est sa rencontre avec Alan Moore, dont je vous ai déjà parlé dans cette même rubrique.  Une rencontre de lecteur, d’abord, lorsque le titre Swamp Thing, scénarisé par Moore, lui est tombé dans les mains. Plus tard, une vraie rencontre puis une amitié avec lui a mené Gaiman à reprendre la série qu’Alan Moore quittait :  Marvelman, secondé du dessinateur Mark Buckingham, connu aujourd’hui pour son travail sur la série Fables. Malheureusement, cette première rencontre professionnelle avec les comics s’est terminée un peu vite car leur maison d’édition, Eclipse Comics, cessa son activité pour des raisons budgétaires. Il écrit ensuite plusieurs histoires courtes pour le célèbre magazine de comics anglais 2000AD. Il écrit ensuite plusieurs scénarios qui seront tous dessinés par son ami Dave McKean, avec qui il travaillera énormément par la suite.

Violent Cases et Signal/Bruit ont été édités par Le Diable Vauvert en France en 2006. DC Comics le remarque et le fait travailler sur la série Black Orchid. Karen Berger aime son travail : elle est éditrice qui créera et restera pendant 20 ans à la tête du label Vertigo de DC Comics, partie plus mature des publications de cette maison. Elle lui propose de reprendre un vieux personnage et de le transformer : The Sandman. C’est elle, déjà, qui avait encouragé Alan Moore à reprendre Swamp Thing !

Sandman : le chef-d’oeuvre de Neil Gaiman

On décrit souvent Sandman comme la série qui peut plaire à ceux qui détestent les comics, voire même un « comics pour intellos » ! Personnellement, je la conseille effectivement à ceux qui ne s’intéressent pas au super-slips, ni aux comics d’ailleurs. Sandman est sorti entre 1989 et 1996 aux Etats-Unis. Dans ce roman graphique, il y a avant tout beaucoup d’inspiration de la mythologie, la grande passion de Neil Gaiman, mais aussi des références littéraires autant qu’à la pop culture, du fantastique et surtout un univers onirique étrange et fascinant… Résumer cette série de plus de 2000 pages est assez difficile, tellement l’univers que Gaiman a créé est vaste ! Le protagoniste principal est Sandman, parfois appelé Morphée, ou Dream… Il est l’incarnation du Rêve, l’un des Eternels qui régissent certains aspects du monde. Ses frères et soeurs sont le Destin, la Destruction, le Désespoir, le Désir, le Délire et Death : le mort.

La famille des éternels

Les histoires ne se suivent pas toujours, ce sont plus des accumulations de contes oniriques en rapport plus ou moins proche avec le maître des rêves. Parfois, il est présent à chaque case, parfois, il ne fait son apparition que sur la dernière planche du récit. En tant qu’avatar du rêve, son apparence change selon le lieu, le temps où il se trouve, mais aussi de ce que celui qui le regarde veut voir. Pour souligner cela, le dessinateur change à chaque histoire. Dave McKean reste toujours chargé des (sublimes) couvertures de chaque numéro. L’esthétique gothique reste présente pour tous les dessinateurs et la morale traditionnelle des comics de super-héros, absente. Le terme « roman graphique » semble avoir été inventé pour cette oeuvre, à mi chemin entre bande-dessinée et roman. Sandman est tout simplement devenu culte, car ses lecteurs ont très largement dépassé le cadre des amateurs habituels de comics. Son succès est tel qu’en 2014, soit 18 ans quand même après la fin de sa publication, une préquelle à la série a commencé à être publiée sous le nom de Sandman : Overture. Mais attention, rien à voir avec la série des Before Watchmen, qui n’ont plus rien à voir avec leur créateur original. Neil Gaiman a tout simplement décidé qu’il avait encore des choses à dire sur Dream ! Le dessinateur de cette nouvelle série est J.H. Williams III, qui a déjà conquis mon coeur sur le titre Batwoman ! Il dessine merveilleusement bien mais très lentement… Et Neil Gaiman cumule les projets, alors un chapitre est publié tous les 6 mois en moyenne, mais quel chapitre !! Bref, on a pas fini de rêver avec Neil, et je ne pourrais pas en être plus heureuse !

Neil Gaiman et les comics Marvel : 1602 et Les Eternels

Marvel 1602

1602 est une mini-série située en dehors de la continuité, puisqu’elle se passe comme son titre l’indique, en l’an de grâce 1602 (c’est pas de moi, c’est dans l’intro. Et je trouve ça classe). Neil Gaiman y fait figurer tous les personnages les plus emblématiques de la Maison des Idées (Captain America, Spider-Man, les X-Men, les 4 Fantastiques…) mais bien sûr, ils ont un aspect très différents de celui qu’ils ont habituellement ! Pas de costumes en latex sous l’ère Elizabéthaine ! Dans cette réalité alternative, les dinosaures ont survécu, les super-pouvoirs et les mutations sont déjà présents, contrairement à la continuité habituelle qui les fait apparaître au 20ème siècle. Les mutants sont encore plus mal lotis que dans la continuité normale, puisqu’ils sont pourchassés par l’inquisition, au même titre que les sorcières… Le conseiller de la reine Elizabeth Ière, Docteur Stephen Strange, voit des signes qui ressemblent à l’apocalypse et tente de comprendre où est le problème, aidé du chef de la sécurité Sir Nicholas Fury ou encore de l’agent Mathew Murdock… Les clins d’oeils sont nombreux tout au long de cette oeuvre, et la transposition dans le passé est extrêmement réussie ! On sent que l’auteur est passionné de l’univers Marvel, il prend soin de créer un rôle construit à tous ses personnage favoris, même si ce n’est que sur une case. L’intrigue en elle-même est prenante, et n’est pas trop complexe à suivre, contrairement à beaucoup de crossovers de monde parallèles de Marvel ! Ce n’est pas épique, certes, mais c’est un hommage chaleureux à cet univers comme il y en a trop peu aujourd’hui.

Les Eternels

Oui, Neil Gaiman a écrit sur les Eternels, créés par Jack Kirby, après avoir créé sa propre race des Eternels dans Sandman ! En 2006, il ramène cette création un peu poussiéreuse dans l’univers moderne de Marvel, rendant ainsi un bel hommage à Kirby. Les Eternels sont plus ou moins un équivalent des Titans de la mythologie Grecque, on retrouve même les noms comme Kronos ! Dans le scénario de Gaiman, le personnage principal est Mark Curry, médecin, qui fait des rêves où il combat des robots surpuissants en tenue de super-héros. Il finit par croiser une des personnes dont il rêve, qui lui affirme que ses rêves sont simplement le passé, mais que lui et ceux de sa race, les éternels, ont été victime d’une amnésie collective. Il est en fait l’un des espoirs de l’humanité, créé à l’aube des temps par les Célestes. Cette histoire est celle qui m’a le moins intéressée dans toutes mes lectures de Gaiman. C’est une lecture très sympa et divertissante, mais on n’y sent pas la patte de l’auteur, on perçoit qu’il a dû être encadré de près pour le retour de ces personnages… A réserver à ceux qui aiment Kirby, ou aux fans acharnés de Gaiman comme moi !

Neil Gaiman et Batman

Deux de mes passions réunies. Batman et Gaiman. Gaiman et Batman. Bonheur absolu sur le multiverse ! Au contraire de son passage avec les Eternels, l’auteur a visiblement eu carte blanche pour son histoire. Et c’est tant mieux pour nous ! Parue en 2009, elle se situe juste après l’arc Final Crisis. Si vous avez bien suivi mon guide de lecture de comics Batman, vous saurez donc que c’est après la mort apparente de Bruce Wayne. En fait il était perdu dans le temps mais ça, franchement, je préfère oublier. Dans Qu’est-il arrivé au chevalier noir ?, Neil Gaiman décrit donc l’enterrement de Batman, ou plus précisément sa veillée funèbre. Tous ses amis, alliés et ennemis, vivants ou morts, viennent lui rendre un dernier hommage dans l’arrière boutique d’un bar à Crime Alley. Batman est plus ou moins présent sous la forme d’un fantôme… Selina Kyle débarque en Cat-mobile, Ra’s Al Ghul arrive accompagné de Damian, Poison Ivy, Joker et Harley Quinn, Azraël ou Superman… Tous racontent la vie et la mort de Batman d’une manière totalement différente, chacun avec un style collant à leur personnalité voire à l’époque de création du personnage… Catwoman raconte l’avoir rencontré après Pearl Harbor par exemple ! Vous l’aurez compris, une parenthèse de rêve est toujours la meilleure manière de raconter une histoire pour Gaiman. De cette manière, il hommage à toutes les facettes de Batman qu’il a appréciées en 70 ans de publication, et invente une des théories les plus folles et les plus intéressantes que j’ai jamais vu sur Alfred et les méchants de Gotham ! Non, franchement, je vais m’arrêter là car c’est une histoire que vous devez ABSOLUMENT lire si vous aimez Batman. C’est absurde, c’est émouvant et magnifique. C’est Gaiman !

L’histoire de Gaiman et des comics n’est pas finie.

Vous avez peut-être entendu parler du personnage d’Angela, nouvelle arrivée dans l’univers Marvel (présente dans le tome 2 des Guardiens de la Galaxie sorti récemment chez Panini Comics en France). C’est lui qui l’avait créée dans l’univers de Spawn. Après une bataille judiciaire dont on vous passera les détails, il récupère les droits du personnage et le vend à Marvel, qui lui offre une place de choix puisqu’elle a maintenant sa propre série ! Et bien sûr, vous vous souvenez que la série Sandman : Overture est en cours de publication… Vous n’avez donc pas fini de lire Gaiman !

Le mieux dans tout ça, c’est que cet auteur hyperactif a écrit quelques chef-d’oeuvres sous forme de séries TV (notamment mon épisode préféré de tous les temps de Doctor Who, The Doctor’s Wife/L’Âme du Tardis !) mais surtout sous forme de romans et nouvelles. Donatien du blog Geek Tonic vous en parle dans son nouvel article : Les Mondes de Neil Gaiman. Allez le lire, nos deux articles sont sortis en même temps pour être lus ensemble