Entretien avec Cécile Coulon autour du Cœur du Pélican
Mes élèves ont la chance de travailler avec Cécile Coulon qui est en résidence à Louviers pour plusieurs semaines. Lors de leur première rencontre, ils ont posé quelques questions à Cécile suite à la lecture de quelques extraits du Cœur du Pélican, publié en janvier 2015 chez Viviane Hamy.
Cet échange fut si intéressant à suivre que je ne résiste pas à l’envie d’en partager quelques extraits avec vous.
Cécile Coulon : Non, il est inspiré d’une scène de Forrest Gump au cours de laquelle le héros se met à courir et fait le tour des Etats-Unis sans s’arrêter. J’ai aussi pensé à une gymnaste, Emilie Le Pennec, qui a disparu de la circulation après sa médaille d’or et je me suis demandée ce qu’elle était devenue. Avait-elle continué les concours mais n’avait plus jamais remporté de trophée, ou avait-
elle arrêté sa carrière sur cette médaille ?
Est-ce que les pensées des personnages traduisent vos propres pensées ? Ce roman est-il autobiographique ?
Cécile Coulon : Parfois, l’écrit permet de transmettre ce qu’on ne peut dire. J’utilise des émotions ressenties, mais pas des évènements de ma propre vie. Parce que ce serait manquer d’imagination mais aussi parce que ma vie est aussi celle de mes proches et que j’éprouve de la pudeur par rapport à ma famille et à mes amis qui vont me lire. Je pense qu’on n’a pas le droit d’utiliser la vie de nos proches pour un roman qui va devenir public. Dans Le Cœur du Pélican, il y a une relation frère/ sœur qui frôle l’inceste. Lors d’une présentation du roman à Clermont-Ferrant, on m’a demandé si j’avais vécu une telle relation, j’ai vu mes frères blêmir en entendant cette question. C’était bien sûr un pur élément de fiction.
Pourquoi avoir choisi l’image du pélican ?
Cécile Coulon : Au Moyen-âge, le pélican était représenté en train de s’arracher le cœur avec son bec pour nourrir ses enfants. Je trouve cette image de sacrifice très belle. Dans mon roman, Anthime sacrifie tout pour plaire à ses admirateurs et à ceux qui croient en lui, même sa femme et ses enfants.
Cécile Coulon : Pour créer un personnage, il faut s’arrêter sur eux et faire abstraction de ce qui les entoure. Pour les comprendre, il faut aller chercher ce qu’il y a de plus violent en eux. C’est pour ça qu’ils peuvent paraître solitaires mais ils ne le sont pas forcément.
Comment choisissez-vous vos titres ?
Cécile Coulon : Je propose une liste de titres à mon éditrice, Viviane Hamy, qui en choisit un. C’est souvent un titre de poème. Ce titre-ci provient d’un poème de Musset.
Vivez-vous de votre plume ?
Cécile Coulon : Depuis trois ans, j’en vis, oui mais je ne vis pas à Paris et je n’ai pas d’enfants. Je touche 1.20 € sur chaque exemplaire du Cœur du Pélican vendu. Il faut aussi payer l’éditrice, l’imprimeur, les libraires et les autres intermédiaires. Quand on vend 10 000 exemplaires d’un roman, c’est un palier important car on intéresse alors les éditions de poche qui paient des droits pour publier le livre, droits que se partagent l’éditeur et l’auteur. C’est ce qui permet à l’auteur de vivre de l’écriture. Mais un auteur peut aussi gagner de l’’argent en écrivant des scénarios pour la publicité, le cinéma ou les séries télévisées. Quand vous êtes un écrivain célèbre, les transactions entre éditeurs pour vous avoir dans une maison d’édition peuvent s’élever à des millions d’euros.
[note : les paliers varient selon les livres de poche]
présentation du programme de Terres de Paroles : ici
by Valérie
Mes élèves ont la chance de travailler avec Cécile Coulon qui est en résidence à Louviers pour plusieurs semaines. Lors de leur première rencontre, ils ont posé quelques questions à Cécile suite à la lecture de quelques extraits du Cœur du Pélican, publié en janvier 2015 chez Viviane Hamy.
Cet échange fut si intéressant à suivre que je ne résiste pas à l’envie d’en partager quelques extraits avec vous.
image captée sur le site des éditions Viviane Hamy
Le cœur du Pélican est-il inspiré d’une histoire réelle ?Cécile Coulon : Non, il est inspiré d’une scène de Forrest Gump au cours de laquelle le héros se met à courir et fait le tour des Etats-Unis sans s’arrêter. J’ai aussi pensé à une gymnaste, Emilie Le Pennec, qui a disparu de la circulation après sa médaille d’or et je me suis demandée ce qu’elle était devenue. Avait-elle continué les concours mais n’avait plus jamais remporté de trophée, ou avait-
elle arrêté sa carrière sur cette médaille ?
Est-ce que les pensées des personnages traduisent vos propres pensées ? Ce roman est-il autobiographique ?
Cécile Coulon : Parfois, l’écrit permet de transmettre ce qu’on ne peut dire. J’utilise des émotions ressenties, mais pas des évènements de ma propre vie. Parce que ce serait manquer d’imagination mais aussi parce que ma vie est aussi celle de mes proches et que j’éprouve de la pudeur par rapport à ma famille et à mes amis qui vont me lire. Je pense qu’on n’a pas le droit d’utiliser la vie de nos proches pour un roman qui va devenir public. Dans Le Cœur du Pélican, il y a une relation frère/ sœur qui frôle l’inceste. Lors d’une présentation du roman à Clermont-Ferrant, on m’a demandé si j’avais vécu une telle relation, j’ai vu mes frères blêmir en entendant cette question. C’était bien sûr un pur élément de fiction.
Pourquoi avoir choisi l’image du pélican ?
Cécile Coulon : Au Moyen-âge, le pélican était représenté en train de s’arracher le cœur avec son bec pour nourrir ses enfants. Je trouve cette image de sacrifice très belle. Dans mon roman, Anthime sacrifie tout pour plaire à ses admirateurs et à ceux qui croient en lui, même sa femme et ses enfants.
portrait de Cécile Coulon, capté sur le site de France Culture
Pourquoi vos personnages paraissent-ils tous solitaires dans le Cœur du Pélican?Cécile Coulon : Pour créer un personnage, il faut s’arrêter sur eux et faire abstraction de ce qui les entoure. Pour les comprendre, il faut aller chercher ce qu’il y a de plus violent en eux. C’est pour ça qu’ils peuvent paraître solitaires mais ils ne le sont pas forcément.
Comment choisissez-vous vos titres ?
Cécile Coulon : Je propose une liste de titres à mon éditrice, Viviane Hamy, qui en choisit un. C’est souvent un titre de poème. Ce titre-ci provient d’un poème de Musset.
Vivez-vous de votre plume ?
Cécile Coulon : Depuis trois ans, j’en vis, oui mais je ne vis pas à Paris et je n’ai pas d’enfants. Je touche 1.20 € sur chaque exemplaire du Cœur du Pélican vendu. Il faut aussi payer l’éditrice, l’imprimeur, les libraires et les autres intermédiaires. Quand on vend 10 000 exemplaires d’un roman, c’est un palier important car on intéresse alors les éditions de poche qui paient des droits pour publier le livre, droits que se partagent l’éditeur et l’auteur. C’est ce qui permet à l’auteur de vivre de l’écriture. Mais un auteur peut aussi gagner de l’’argent en écrivant des scénarios pour la publicité, le cinéma ou les séries télévisées. Quand vous êtes un écrivain célèbre, les transactions entre éditeurs pour vous avoir dans une maison d’édition peuvent s’élever à des millions d’euros.
[note : les paliers varient selon les livres de poche]
Festival du 26 mai au 7 juin 2015
Un grand merci à Cécile pour son enthousiasme qui a conquis mes élèves, pour son éternel sourire aussi. Merci aussi à Erwan et Marie qui s’occupent des relations avec les scolaires dans le cadre du Festival Terres de Paroles. C’est une chance inestimable pour mes élèves et pour moi (qui ne suis que prof d’anglais et non de littérature- mes élèves me demandent parfois pourquoi c’est moi qui m’occupe de ça) de pouvoir participer à ces beaux moments d’échange.présentation du programme de Terres de Paroles : ici
by Valérie