Je ne m'étends pas sur les détails, je préfère laisser Mr Teulé s'en charger. Et le bougre sait y faire. Du Teulé dans le texte, paillard, grivois, plein d’exubérance, jamais avare « d’anachronismes lexicaux ». Un style débraillé qui peut choquer, tant le mythe ici revisité est à des années-lumière de notre conception de l’amour courtois. Les cent première pages enchaînent les parties de jambes en l’air sans temps mort : Abélard « polissonne la bagasse » et « bélute la donzelle » qui le lui rend bien, vouant entre autres une admiration sans borne à ses « génitoires ». Bref, on « heurtebille » à tour de bras et sans complexe, n’en déplaise aux culs serrés.
J’aime cette liberté de ton, ces obscénités assumées, cette vulgarité jamais choquante. Parce que derrière l’exubérance et la langue frétillante (sans mauvais jeu de mots), on sent l’érudition et l’énorme travail de documentation.
Teulé se lâche, s’amuse, prend son pied et nous avec. Il offre à Héloïse et Abélard un sérieux coup de jeune et à nous, lecteurs, un vrai moment de plaisir. Qu'on se le dise.
Héloïse, ouille ! de Jean Teulé. Julliard, 2015. 336 pages. 20,00 euros.
Les avis de L'irrégulière ; Ys ;