Goldstein, de Volker Kutscher

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Berlin, 1931. L'arrivée en ville du gangster américain, Abraham Goldstein, met le commissariat en ébullition. Pour éviter les risques d'une flambée de violence (guerre des gangs, récupération politique), Gereon Rath doit lui coller aux basques. Mais Goldstein ne va pas hésiter à tromper l'adversaire à force de malice. Les raisons de sa venue étant assez floues, on impute aussitôt à l'individu les premiers meurtres de quelques voyous notoires. La presse antisémite s'embrase et Gereon est à la peine. 

Sa compagne Charly est elle aussi tracassée par la disparition de son principal témoin dans une affaire de cambriolage loupé. La jeune délinquante accuse un policier d'avoir poussé dans le vide son partenaire. L'affaire est grave, Gereon appelle à la prudence avant de reprocher à Charly d'accorder une confiance aveugle à une inconnue. Cela suffit pour mettre le feu aux poudres au sein du couple. Jalousie, incompréhension, dialogue de sourds, nos amoureux sont dans l'impasse.
Une série policière se déroulant à Berlin dans les années 30 ? On pense aussitôt à la Trilogie de Philip Kerr. Mais là où Bernie Gunther s'avère un personnage horripilant, Gereon Rath surprend agréablement. Moins arrogant, mais pas forcément moins lisse, le type cultive des relations sulfureuses avec la pègre locale ou la presse. Il n'aime pas non plus recevoir des ordres et a tendance à partir en roue libre, ce qui a souvent mis sa carrière en péril.

Qu'importe, notre homme n'est ni ambitieux, ni parvenu. Ce qui compte avant tout, c'est son bonheur auprès de sa Charly, dompter sa jalousie maladive, et se tenir à l'écart du chaos politique régnant en ville. L'ombre d'Hitler plane, les chemises brunes sèment la zizanie, dans un semblant de confusion habilement organisé en coulisses, tandis que la population, soucieuse des restrictions économiques, préfère sous-estimer la menace. 

C'est avec une étourdissante simplicité que Volker Kutscher rend compte de l'état d'esprit de l'entre-deux-guerres, à travers une intrigue à suspense, parfaitement maîtrisée, malgré quelques longueurs. Ce 3ème opus des enquêtes de Gereon Rath, après Le Poisson mouillé et La Mort muette, est un très bon roman policier, sur fond historique, mené tambour battant, sous la houlette d'Eric Herson-Macarel (bien connu par les amateurs de livres audio). Entre espionnage, banditisme, corruption, sens du devoir et trahison, le récit est d'une intensité dramatique saisissante.

Texte lu par Éric Herson-Macarel pour les éditions  Sixtrid (novembre 2014) ♦ Traduit par Magali Girault pour les éditions du Seuil & Points

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