QUATRIÈME DE COUVERTURE
« – L’amour, Malaussène, je vous propose l’amour !
L’amour ? J’ai Julie, j’ai Thérèse, j’ai Clara, j’ai Verdun, le Petit et Jérémy. J’ai Julius et j’ai Belleville …
– Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c’est l’amour avec un grand A que je vous offre : tout l’amour du monde !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j’ai accepté. J’ai eu tort. »
Transformé en objet d’adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d’un best-seller dont il est censé être l’auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l’écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires, La petite marchande de prose est un feu d’artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.
MA NOTE FINALE : 18/20
SCÉNARIO ET PERSONNAGES : 5/5 ÉCRITURE : 5/5 ORIGINALITÉ : 4/5 LE LIVRE EST-IL ADDICTIF ? 4/5
J’aime Pennac. Je l’adore. Je sais, je l’ai déjà dit quinze fois, je radote un peu. Comment ne pas radoter au bout du troisième opus ? Car Pennac a beau avoir une recette formidablement efficace, j’ai du mal à dire de nouvelles choses dans cette critique …
J’adore Pennac, et même au bout de plus de presque un millier de pages, je l’adore toujours autant. Peut-être même plus ! Comment ne pas l’aimer (n’hésitez surtout pas à me le dire ci-dessous) ?
Cet auteur m’a encore embarqué dans son histoire farfelue, m’a encore plus fait aimer ses personnages, LES personnages et surtout, surtout, comme à son habitude, m’a totalement fait aimer son écriture. Pennac, c’est la littérature à son sommet. Il donne envie de lire tous les jours, sans jamais s’arrêter. Pennac donne envie de partir dans un quartier et dans un univers, et il nous le fait faire. Pennac, c’est l’apothéose de la littérature, comme si on devait lire un de ses livres pour finir notre vie (pourquoi pas, tiens ?). Pennac, c’est un hommage à toutes les littératures, à toutes ses nuances, à sa richesse, entre métaphores et comparaisons qui ont le culot de prendre la place d’un paragraphe, entre les digressions qui n’en sont pas vraiment puisqu’elles ne dérangent en rien le récit, et paradoxalement le structurent et le rendent vivant, et autres envolées lyriques d’une page entière, entre les diverses stichomythies. Tout ça forme une satire grandiose, excellente, indéfinissable, mais surtout, rare.
La petite Marchande de Prose est tout ce qu’il y a de plus humain, de plus ingénieux ; ce livre nous prend par les tripes quand on voit la misère du monde au travers de la légèreté sincère de l’auteur, il nous prend par le cœur quand on lit notre Malaussène *attention spoiler* mourir peu à peu sans que le reste du monde ne s’en aperçoive, nous prend par le cerveau quand il nous demande de réfléchir à ce que l’auteur veut nous transmettre. Au delà d’un véritable récit mené d’une main de maître (quoique l’expression « ça part en cacahuète » soit bien appropriée), ce livre n’est pour moi pas à proprement parler policier, et j’ai eu la surprise de l’avoir vu classé dans cette catégorie à la bibliothèque ; non : La petite Marchande de Prose est comme le miroir (intemporel : ce récit a 25 ans) de notre société, de ses défauts et parfois, via la « caricature » de Pennac, de son … étrangeté.
Pennac est chic, oui, il a le chic et le culot de dire ce qu’il veut de la façon la plus intelligente qui soit, si il y en a une : par l’écriture.
« La petite lucarne télévisuelle par laquelle nous regardons pathétiquement à l’extérieur ne nous renvoie qu’à nous-mêmes. »
« Tu trouves normal, toi, qu’on me pique mes deux reins pour qu’un connard de fils de famille qui a voulu épater sa copine en faisant vrombir son gros cube puisse continuer à pisser tranquille ? »
« L’énumération des paramètres c’est l’agonie de l’espérance. Rien ne peut jamais marcher si l’on songe à tout ce qu’il faut pour que ça marche. »