Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…

Ava, l’indomptable séductrice

Tel que je le laissais entendre à la fin de ma dernière chronique, l’autobiographie dechat qui louche maykan alain gagnon francophonie l’actrice Ava Gardner s’est lue d’une traite. J’y ai pris un énorme plaisir. Publiée par Bantam en 1990, peu après le décès de Gardner, et compilée à partir d’enregistrements faits par l’actrice pendant deux ans, on y retrouve une foule de détails croustillants sur sa vie à Hollywood (sa relation platonique et tumultueuse, voire violente, avec Howard Hughes y occupe une très grande place), ainsi que ses trois malheureux mariages (avec Mickey Rooney, Artie Shaw et Frank Sinatra). Prenant la forme d’une confession où le lecteur a constamment l’impression de se faire raconter doucement une histoire à l’oreille, de manière très honnête et colorée, on y découvre une femme passionnée, peu ambitieuse, qui adorait la vie et qui n’avait aucune confiance en elle. C’est l’histoire d’une femme un peu trop belle dont les talents d’actrice ne furent jamais reconnus à leur juste valeur, et en lesquels elle-même croyait peu. C’est un livre cru, direct et honnête qui, j’en suis conscient, ne révèle probablement pas tout, mais se laisse lire tel un roman sur l’histoire d’une femme fascinante qui s’est trouvée au bon endroit et au bon moment, et a pu vivre ainsi une vie digne d’un conte de fées hollywoodien.

Mick Travis ou l’optimisme

J’ai fait connaissance récemment avec le personnage de Mick Travis, interprété par Malcolm McDowell dans trois films anglais réalisés par Lindsay Anderson entre 1968 et 1982. Je n’ai vu pour le moment que les deux premiers, c’est-à-dire If…. (1968) et O Lucky Man ! (1973).

Dans If…, Mick Travis est un étudiant au sein d’une école privée pour garçons qui est témoin de divers abus (psychologiques et physiques) envers ses camarades et lui-même de la part de leurs supérieurs. La tension monte lentement tout au long du film pour culminer sur des scènes d’une très grande violence qui ont marqué le public de l’époque et ont valu au film son statut d’œuvre culte. Le film traite de divers sujets – homosexualité, sexisme, le système d’éducation anglais, les classes sociales, etc. – avec un certain humour noir et une dose de surréalisme. La performance de McDowell, dont c’était le premier film, fut très remarquée, notamment par Stanley Kubrick qui lui offrit le rôle principal dans Orange mécanique peu de temps après. J’ai aimé ce film, mais pas autant que le suivant…

chat qui louche maykan alain gagnon francophonieO Lucky Man ! fut construit à partir d’une idée de Malcolm McDowell. Ne conservant du personnage que le nom, et ne faisant donc aucune référence au film précédent (ou presque…), le film nous présente Mick Travis comme un jeune employé naïf et idéaliste d’une compagnie de café, et à qui l’on confie la gestion d’un large secteur commercial au nord de l’Angleterre. Sur la route, Travis fera la connaissance d’une panoplie de personnages plus différents que les autres, et qui changeront sa vie de bien des façons. À la manière du Candide de Voltaire (auquel il fut souvent comparé), Mick Travis demeure toujours optimiste devant l’adversité, convaincu de la bonne foi des gens. Pour reprendre un passage d’une critique du site L’œil sur l’écran, le personnage de McDowell se heurte au cours du film « aux dessous du commerce, au nucléaire, au contre-espionnage, à la recherche médicale, à l’armée, au capitalisme international, à la justice, à l’Église, à la pauvreté, etc. ». C’est un film à l’humour omniprésent, mais un humour noir qui pose un regard critique sur notre monde moderne, et le film n’a pas pris une ride et m’a paru aussi pertinent aujourd’hui qu’il devait l’être à l’époque.

On y retrouve Helen Mirren, entre autres, et le film est ponctué de chansons d’Alan Price (ex-Animals), qui apparaît à l’écran avec son groupe pour interpréter les chansons, servant en quelque sorte de chœur grec, car les chansons commentent de manière amusante les actions de Mick Travis. J’ai adoré ce film. Tout simplement adoré. Il s’agit d’un film que j’aurai envie de voir et revoir plusieurs fois, et ce, malgré ses trois heures. Ce sont trois heures que je n’ai pas vu passer. Une œuvre immense qui restera longtemps avec moi.

Jusqu’à la prochaine fois, restez curieux !

Notice biographiquechat qui louche maykan maykan2 alain gagnon

Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma.  Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent.  Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise.  Jean-François habite maintenant Peterborough.   Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)