Actuelles et inactuelles : Démocratie et Etty Hillesum, par Alain Gagnon…

Par Chatquilouche @chatquilouche

Démocratie

Etty Hillesum

Être citoyen devrait se mériter chez nous. La démocratie est le régime qui exige le plus de ses membres. Si elle est saine,  on y a plus de devoirs que de droits.

En dictature, l’assujetti n’a qu’à se laisser mener, et voir à ses intérêts particuliers, tout en évitant les comportements ou énoncés d’opinion qui pourraient aller à l’encontre des visées du tyran ou du groupe dominant.

La démocratie réclame davantage. Le citoyen doit savoir lire, écrire, compter ; il doit s’informer, connaître son histoire politique, celle de ses institutions, leur fonctionnement… De façon à élire des représentants capables de légiférer adéquatement ; et de façon à surveiller efficacement ces mêmes élus dans l’exercice de leurs responsabilités.

On demande sans cesse des droits. Qui parle des devoirs ? Personne, ou presque – électoralement peu rentable. C’est ce qui mène nos régimes à la dissolution lente, dans les faux lendemains espérés d’une démagogie somnifère.

Pour pagayer un canoë de quatre mètres, on exige un permis. Pour l’obtenir, vous avez dû démontrer des capacités minimales. Pour devenir électeur ? La naissance sur le bon territoire suffit. Écoutez les vox pop. Ottawa y devient la capitale des USA ; Obama, le premier ministre du Canada ; et j’en passe, et des meilleures…

Le vote du plus ignare annule le vote du citoyen responsable qui a pris soin de se cultiver, de s’informer, de réfléchir. Je ne crois pas au proverbe : Vox populi, vox Dei. (La voix du peuple est la voix de Dieu.)

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Etty Hillesum

Hier, à la SRC, on ânonnait : « On a beaucoup tué au XXe siècle. »

On a toujours tué. Si on a moins tué dans les siècles précédents, c’est qu’on n’avait pas encore les moyens techniques d’aujourd’hui.

Le mal est là, rampant, dans toute l’histoire humaine. Guerres, pillages, génocides et massacres résument la fresque de nos traces sur cette planète. Et pourtant… Et pourtant, ça et là, un Jakob Boehme, un Jésus, une Etty Hillesum… ; des événements, comme ces fraternisations spontanées entre ennemis lors de conflits guerriers, nous laissent croire que, sous la cendre des siècles, couve le feu de l’espérance.

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur .  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).