It Follows est un drame d’horreur américain de David Robert Mitchell. Il s’agit du deuxième long-métrage de ce jeune réalisateur. Je n’ai malheureusement pas encore vu son premier film, The Myth of the American Sleepover, qui a reçu plusieurs éloges. It Follows fut également bien reçu de la critique, si bien qu’il fut désigné par plusieurs publications comme le meilleur film d’horreur des récentes années. Permettez-moi d’être en désaccord…
It Follows suit le personnage de Jay (Maika Monroe), une adolescente de Détroit qui se voit transmettre une étrange MTS par un copain lors d’une sortie qui semblait pourtant bien aller. Ligotée par celui-ci, elle se fait expliquer que ce qu’il lui a transmis sexuellement est une malédiction. « Quelque chose » la suivra dorénavant. Quelque chose qui prendra soit une forme humaine, soit la forme d’un être cher ou d’un inconnu, et qui tentera de l’atteindre. Si Jay est touchée par la « chose », elle mourra assurément, et la personne précédente dans la « lignée sexuelle » deviendra la prochaine victime. Un concept de base intéressant qui m’a semblé, au final, mal exploité.
Le film a, de toute évidence, des choses à dire sur l’état de notre société, sur l’adolescence américaine qui semble être un thème cher au réalisateur, ainsi que sur la ville de Détroit. Ceci étant dit, le propos m’a semblé confus, mal défini. Qu’essaie-t-on de dire ici au juste ? Essaie-t-on de faire un commentaire sur la sexualité des jeunes ? Le sexe est la source des malheurs qui surviennent à Jay et à ses amis, la chose qui détruit leur cercle, qui les détruit eux-mêmes. Mais le sexe n’est-il pas la source de la majorité des conflits humains ? La métaphore est-elle aussi mince ou y a-t-il là quelque chose de plus profond que j’ai manqué lors du visionnement ?
Les ados, par contre, sont bien campés. J’ai aimé la dynamique du groupe de jeunes et l’excellente chimie entre les personnages, ainsi que leurs acteurs. Le côté « adolescent » du film en entier est crédible et, si le film n’essayait pas d’être un drame d’horreur, mais plutôt une simple observation de la vie d’adolescents de Détroit, j’aurais davantage apprécié.
Car si l’on cherche un film d’épouvante qui nous donnera des cauchemars, on repassera. La menace est tellement lente, si peu agressive et si peu effrayante que le film ne fonctionne pas du tout sur le plan de l’horreur. Les moments de tension sont ennuyants. On a droit aux clichés typiques du genre ; par exemple, la tension qui monte lors d’une scène pour nous faire sursauter, en fin de compte, par une fausse menace (une personne inoffensive qui apparaît dans un trou béant au milieu d’une porte, alors qu’on s’attendait à voir la « chose »).
Même constat pour les décisions incroyablement stupides que prennent les personnages (Jay, qui se sait poursuivie tout au long du film, trouve le moyen de s’endormir sur le capot de sa voiture en plein bois, seule…). La scène d’affrontement contre la « chose » dans une piscine publique, vers la fin, est d’une idiotie sans nom. Tellement d’autres solutions se présentaient aux personnages, au lieu de celle présentée qui n’a aucun sens… Rien dans leurs décisions ne différencie ces personnages de ceux d’un film d’horreur typique.
It Follows a la particularité de baigner dans un esthétisme visuel évocateur du travail de John Carpenter. La musique, signée Disasterpiece, ajoute également à cette impression. Le film semble sorti tout droit d’une autre époque, avec sa caméra lente, ses travellings, son rythme qui s’éloigne au maximum du cinéma clinquant et frénétique contemporain. Et hormis un objet en particulier qui sort de l’ordinaire, et qui ne peut exister que dans notre société technologique, l’action semble se situer davantage dans les années 70 ou 80 plutôt qu’aujourd’hui.
Il y a une étude sociologique intéressante qui se terre au milieu de ce film confus. Les images de Détroit sont magnifiques, et le fait de placer l’action dans cette ville à l’économie précaire ajoute une dimension très intéressante à cette réalisation.
Par contre, les choix esthétiques du réalisateur, s’ils s’inscrivent dans une tendance forte du moment (voir les films Maniac, The Guest, Drive et plusieurs autres qui empruntent également aux années 70 et 80), ils risquent aussi de rapidement se démoder et ne seront probablement qu’une source de curiosité dans quelques années.
De plus, l’incapacité des personnages à prendre des décisions intelligentes, leur aveuglement volontaire face à ce qui se passe autour d’eux et, surtout, le manque de scènes d’épouvante dans un film qui se veut un drame d’horreur, nous laissent malheureusement sur notre appétit.
It Follows est loin d’être inintéressant, mais comme drame d’horreur, en ce qui me concerne, il rate sa cible. C’est pourquoi, contrairement aux nombreuses critiques qui l’ont encensé, je doute qu’il passe réellement à l’histoire et devienne un futur classique du genre.
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.