Donna Tartt – Le Maitre des Illusions

Donna Tartt - Le Maître des Illusions

Chroniques Livresques - L'intrigue

En décrochant une bourse à l’université de Hampden, dans le Vermont, Richard Papen ne laisse pas grand chose derrière lui : la Californie, qui lui déplaît ; son adolescence, faite de souvenirs incolores ; et ses parents, avec qui il ne s’entend pas. Hampden est une porte de sortie inespérée, l’opportunité de vivre une nouvelle vie. Passées quelques semaines, il est bientôt attiré par un professeur atypique, Julian Morrow, esthète capricieux qui enseigne les lettres classiques à cinq étudiants apparemment très liés. Contre l’avis de ses professeurs, il tente de s’introduire dans le groupe de ces jeunes gens marginaux sur qui courent les plus folles rumeurs. Et il est loin d’imaginer ce que lui coûtera sa curiosité.

Chroniques Livresques - Chronique

Le Maître des Illusions, dans l’édition que j’ai choisie, ne présente en quatrième de couverture qu’une seule phrase. « Les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles ». Et cette phrase, en plus de la jolie couverture, a suffit à me donner envie de l’acheter.

C’était à première vue une lecture très étrange, qui s’est avérée être passionnante. Oui, sauf que je ne sais vraiment pas comment expliquer ça. Tout comme avec Une Place à Prendre, de J.K Rowling, j’ai eu l’impression de lire un roman contemporain au style très classique, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Le Maître des Illusions commence lentement et très simplement, si bien que pendant près de deux cent pages on se demande où va commencer l’intrigue, et si on ne ferait pas mieux de refermer ce livre qui parait à première vue assez ennuyeux. Hé bien ça aurait été une grossière erreur !

Il m’est très difficile d’expliquer ce qui a fait que je me suis laissée prendre à cette lecture, mais si elle a été laborieuse au début, je n’ai tout simplement plus pu décrocher par la suite. Alors forcément ça se lit plutôt lentement étant donné qu’il fait presque 800 pages, mais il finit par être totalement addictif.

Vous raconter l’intrigue ? Hé bien, en gros, nous suivons Richard, qui débarque à Hampden sur un campus universitaire pour y suivre des cours, et va tenter d’intégrer une classe de grec composée de seulement cinq élèves, et dont le professeur est réfractaire à accueillir un nouveau venu. Alors oui, à première vue, ça n’a rien de très palpitant ! Mais c’est là toute l’ingéniosité de l’auteure, qui est capable de pondre 800 pages sur les relations qui subsistent au sein de ce groupe.

Tous les personnages sont hauts en couleurs, ont leur personnalité bien définie, leurs affinités avec les autres – ou pas -, et mon dieu je ne m’explique toujours pas comment quelque chose d’aussi simple a pu m’emporter à ce point. Je comprends les gens pour qui ce livre a été un coup de coeur. Six étudiants, un mentor, des conflits, allant jusqu’au meurtre… Une fois passée la première partie assez lente du roman, vous n’aurez plus qu’à vous laisser porter.

Ce n’est pas tant un livre qu’on décrit, dont on parle, mais plus spécifiquement le genre de livre qu’il faut lire pour comprendre l’engouement qu’il peut susciter. Il nous fait aimer ou détester ces personnages, revivre notre adolescence, notre vie sur le campus pour ceux qui y ont été, et le tout est emprunt d’une atmosphère mystique, voire ésotérique à certains moments, et la langue grecque et son univers n’y sont pas étrangers.

C’est surprenant comme ça peut à la fois être un roman lucide, terre à terre et très contemporain, mais également totalement atypique et qui part complètement en live dans certains détails. Niveau écriture, je tire mon chapeau à l’auteure, qui a su faire quelque chose de sophistiqué, humble et qui se lit facilement à la fois. Sacré bon cocktail !

Incontestablement un livre qui serait l’équivalent d’un bon classique des siècles derniers. J’ai pensé l’abandonner en le commençant, j’hésite à le considérer comme un coup de cœur désormais.

Venez découvrir ces étudiants, fumer avec Henry, boire un coup avec les jumeaux Charles et Camilla, flâner avec Bunny ou discuter avec Francis, sans oublier d’écouter Julian vous faire cours et rester coi devant lui.

Un roman à découvrir de toute urgence, sans se laisser décourager par la lenteur de ses premiers chapitres !


 [Informations livre : Donna Tartt - Le Maître des Illusions | Editions Pocket | Contemporain  | 792 pages | 8.40€]