Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde. Tu manipules ? Tu deviendras une proie. Tu domines ? Tu deviendras une esclave. Tu mènes une vie normale, banale, plutôt enviable. Tu as su t’imposer dans ce monde, y trouver ta place. Et puis un jour… Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi. À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche. Juste une ombre. Sans visage, sans nom, sans mobile déclaré. On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres. On t’observe jusque dans les moments les plus intimes. Les flics te conseillent d’aller consulter un psychiatre. Tes amis s’écartent de toi. Personne ne te comprend, personne ne peut t’aider. Tu es seule. Et l’ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos. Ou seulement dans ta tête ? Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard… Tu commandes ? Apprends l’obéissance. Tu méprises ? Apprends le respect. Tu veux vivre ? Meurs en silence…
Karine Giebel est une auteure dont j’entends beaucoup parler, et qui est énormément chroniquée. J’ai à plusieurs reprises entendu dire qu’elle était considérée comme un Thilliez féminin, et autant dire que ça m’a intriguée puisque j’adore Thilliez.
Juste une ombre était dans ma PAL depuis bien trop longtemps, je me suis donc décidée à finalement l’en sortir.
Cloé est une femme dynamique, ambitieuse, séductrice et plutôt dure. Sa vie bascule le soir où en rentrant de soirée, elle est suivie par un homme en sweat à capuche noir. Dès lors, elle ne cessera de l’apercevoir partout, de l’entendre, le sentir, où qu’elle soit et peu importe l’heure.
Oui, mais personne d’autre ne voit jamais cet homme. Et si Cloé devenait tout bonnement folle ?
Ahhhh, Cloé, sacrée Cloé. Que dire, sinon que je t’ai détestée ? Haha, j’ai trouvé ce personnage totalement méprisable, hautaine et imbue d’elle-même. C’est plutôt le but d’ailleurs, et c’est une réussite. J’ai donc adoré la détester.
En parallèle, le personnage d’Alexandre Gomez, s’il est beaucoup plus dans les clichés du flic, reste tout de même bien plus émouvant. On met un peu de temps à comprendre comment ces deux figures vont se croiser, mais quand ça arrive, c’est plutôt efficace !
C’est, d’une manière générale, un roman très bien construit, qui nous fait douter de A à Z, douter des personnages, de la situation, de l’innocence ou non de chacun, et même parfois de l’auteure. Va-t’elle aller jusqu’au bout de son idée ? Ou tout arrêter en nous laissant bête au dernier moment ?
J’ai adoré ce livre. C’est fascinant d’arriver à construire une histoire de 600 pages à partir de quelque chose dont on doute tout du long. Est-ce vrai ? Cloé délire-t’elle ? Ces personnes autour d’elles sont-elles bien intentionnés ? On en vient à se méfier d’absolument tout le monde, à douter à chaque moment, on prend partie pour Cloé puis on se dit que non, ça ne peut pas être vrai, etc.
Le lecteur est réellement pris au piège, et la solution de toute cette histoire est plus que perturbante !
Certains pourront peut-être dire que le tout est assez long et lent, mais c’est justement là tout le talent de l’auteure : resserrer ses griffes autour de ses personnages et de ses lecteurs, laisser durer le suspense, le temps pour nous d’échafauder les théories les plus tirées par les cheveux, pour finalement se voir contredit cent fois avant le dénouement final.
Impossible de ne pas se mettre deux minutes à la place de Cloé. Comment faire lorsqu’on est persuadé de vivre un cauchemar éveillé, lorsqu’on se sait traqué et harcelé par quelqu’un qui nous veut du mal mais que tout porte à croire qu’on est en plein délire ? Comment réagir face aux gens qui nous disent qu’on imagine tout ça, qu’il n’y a aucunes traces, aucunes preuves ?
Impuissance, folie et désespoir se mêlent à cette histoire plus qu’originale. Le personnage de Laval, dont je ne dirai rien, est plutôt passionnant, notamment dans son influence involontaire sur certains autres protagonistes.
C’est donc un livre très maîtrisé que nous offre Karine Giebel, dont j’ai très envie de découvrir d’autres oeuvres. Jusque-là, sa réputation de maître du thriller s’avère méritée !
[Informations livre : Karine Giebel - Juste une ombre | Editions Pocket | Policier / Thriller | 608 pages | 7.90€]