Entrechats de Cécile Duquenne,
Publié aux éditions Voy’el,
2010, 370 pages.
Lorsque la dépouille d’un sphinx est retrouvée dans le désert, c’est l’occasion rêvée pour Khephren, jeune étudiant en magibiologie, de percer le mystère de ces animaux que l’on dit proches des anciens dieux. Mais à l’heure où magie et technologie se côtoient, et parfois s’affrontent, ses découvertes suscitent inquiétude et convoitise. Prêts à tout pour s’emparer les premiers de la puissance des sphinx, Traditionalistes et Techs font payer à Khephren le lourd tribut du savoir. Tandis que le braconnage des sphinx prospère, la magie s’amenuise… Surgit alors du désert une aide inespérée : les envoyés des dieux marchent de nouveau parmi les hommes.
Entrechats est le tout premier roman publié par Cécile Duquenne. S’il comporte des « erreurs » de débutant, j’ai globalement apprécié ma lecture.
L’auteur parvient d’abord à mettre en place un monde fantasy assez singulier et particulier. L’histoire se déroule en Égypte. Deux visions du monde s’affrontent: il y a ceux qui sont fidèles à la magie ancienne et traditionnelle et ceux qui ne jurent que par la nouvelle technologie importée des Terres lointaines. Ces deux manières d’envisager le monde vont se télescoper pour donner lieu à une guerre intestine entre traditionalistes et Tech.
Tout dérape lorsqu’un sphinx, animal mythologique jamais approché par l’homme, est retrouvé mort. C’est Khephren, jeune étudiant en biologie et spécialiste des animaux mythiques, qui se charge de faire l’autopsie du sphinx. Or ce qu’il trouve à la place du cœur de l’animal va bouleverser non seulement sa vie mais remettre en cause bien des croyances. En effet, c’est un diamant pur qui remplace le cœur des sphinx. Les hommes, qu’ils soient Techs ou traditionalistes, vont alors donner la chasse aux sphinx pour s’emparer de leurs trésors.
Parallèlement, Meskhenet, inspecteur de police est chargé de mener l’enquête. Il découvre bientôt qu’une certaine Nefertari, magicienne de son état, cherche à s’emparer du pouvoir des dieux égyptiens. Le compte à rebours est lancé…
Dans ce roman, les choses vont à cent à l’heure. Le lecteur n’a pas le temps de souffler. Comme je le disais un peu plus haut, c’est d’abord l’ambiance du roman qui m’a séduite. J’ai aimé la manière dont l’auteur réinventait l’Égypte des dieux. Le mystère plane à chaque page et l’auteur a su avec intelligence exploiter les anciens mythes. Ainsi au fil des pages, on retrouve des créatures mythiques telles le sphinx, le griffon. D’autre part, la magie tient une place importante et j’ai beaucoup aimé le fait que l’auteur la place justement à un carrefour de l’Histoire. Les hommes se tournent de plus en plus vers la technologie et renient la magie traditionnelle. Seuls quelques « fanatiques » défendent encore cette magie qui disparaît petit à petit de la vie des hommes tout comme la croyance en les dieux originels.
L’intrigue du roman est toutefois dense, parfois trop. J’ai été quelquefois perdue au milieu de la guerre entre Techs et traditionalistes. Mais c’est surtout le lien entre Kephren et Nefertari que j’ai eu du mal à comprendre. Pourquoi cette dernière l’a-t-elle agressé et laissé pour mort mais surtout pourquoi revient-elle le surveiller de près alors qu’elle semble avoir toutes les clés en main pour se lancer dans sa propre quête? J’avoue avoir beaucoup réfléchi à la question et je ne vois toujours pas l’intérêt du lien entre ces deux personnages. Cette incohérence (pour moi) m’a gênée dans ma lecture.
Cependant, j’ai tout de même apprécié la façon dont l’auteur traite ses personnages. Bien sûr, ils manquent un peu de consistance (nous sommes dans un premier roman!) mais j’ai énormément apprécié qu’ils soient traités de manière ambigus. Ainsi Nefertari est présentée comme une femme très cruelle qui ne recule devant rien pour obtenir ce qu’elle veut. On la déteste pour ce qu’elle a fait subir au sphinx et à Kephren et pourtant…. La fin du roman la laisse apparaître dans toute sa faiblesse d’humaine et dans toute sa fragilité et je me suis prise à apprécier ce personnage. Il en va de même pour Loonas, un sale gosse de riche, qui accomplit les sales besognes de son père. Je l’ai, lui aussi, apprécié au cours de ma lecture. Les personnages évoluent petit à petit nous offrant des visages différents.
C’est finalement la toute fin du roman que j’ai apprécié le plus. La quête de Nefertari dans les tombeaux divins est très bien écrite et on se prend au jeu. L’auteur parvient à nous instiller quelques frissons en jouant sur la peur du noir et de l’inconnu.
Malgré quelques incohérences, ce premier roman fantasy reste quand même un livre appréciable. Les fans de mythologie égyptienne trouveront leur compte en découvrant une nouvelle facette de l’Histoire antique.