Je ne peux pas envisager une œuvre de Chabouté sans cinq étoiles : c'est la troisième BD que je lis de lui et là encore, le score maximal est atteint. Pourtant, après Un peu de bois et d'acier et Tout seul, je me disais qu'il serait dur d'obtenir la plus haute note.
Et pourtant, il y arrive et encore, avec brio. Ce que j'aime chez cet auteur est l'infini respect qu'il dégage de ses personnages, de son trait de plume aussi. Il y a une vraie douceur à les mettre en scène (malgré ce que vit ce héros), à les voir évoluer, à les raconter. Construire un feu correspond à un défi littéraire : ne pas empiéter sur la narration de Jack London, juste l'éclairer, s'en appuyer, y ajouter sa patte personnelle (sans en faire trop).
Chez Chabouté, rien n'est laissé au hasard, rien n'est surjoué : les teintes sont choisies avec parcimonie (déclinaison de marron, de blanc, de rouge orangé et de gris), les pages sans texte défilent, laissant le lecteur contempler les scènes décrites, l'expression faciale et les gestes du héros sont étudiés : on y lit la douleur, la souffrance, l'espoir, l'entêtement, la volonté. Le dessinateur donne corps au mouvement, au splendide paysage hostile loin d'être anecdotiques.
De cette histoire, on ressort chamboulé(e) par tant de virtuosité, parce qu'elle rend aussi hommage à ces aventuriers du passé aspirant à davantage de richesses, mettant leur vie en péril pour quelques grains d'or récoltés dans les gisements canadiens, là où l'hiver est réputé sibérien. Touchée-coulée !
Éditions Vent d'Ouest
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