Et si on aimait la France, Bernard Maris


Et si on aimait la France, Bernard Maris Auteur:Bernard Maris Titre Original: Et si on aimait la France Date de Parution : 22 avril 2015 Éditeur :Grasset ISBN: 978-2246852193 Nombre de pages : 144 Prix : 15,00 €
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Quatrième de couverture : « Ainsi vous écrivez un livre sur la France ? » « Oui. » « Ah… et sous quel angle ? Le déclin ? L’avenir ? L’universalité ? Le messianisme ? La cuisine ? Les filles ? » C’est vrai, il faut un angle… Alors, disons que je me pose moi aussi des questions de dettes et de créances. Une manière de dresser un bilan, actif passif, mais surtout de redonner au mot dette tout son sens, celui de faute, de culpabilité. Un livre pour dire : non, Français, vous n’êtes pas coupables, vous ne devez rien ; le chômage, la catastrophe urbaine, le déclin de la langue, ce n’est pas vous ; le racisme, ce n’est pas vous, contrairement à ce qu’on veut vous faire croire. Vous n’êtes pas coupables. Retrouvez ce sourire qui fit l’envie des voyageurs pendant des siècles, au « pays où Dieu est heureux ». Revenant de Rome, ville où je pourrais définitivement vivre, je me sens plein d’optimisme pour la France et songe qu’un petit rien pourrait redonner à ce Paris si triste, si bruyant et qui fut autrefois si gai, son sourire."  B.M
Extrait «On ne doit rien à son pays»
Je crois que tout est parti de là. Quand Michel Houellebecq a déclaré, un matin, sur France Inter : «On ne doit rien à son pays.» Puis il a répété, après un silence : «Non. On ne doit rien à son pays.» C'est vrai que je tournais un peu autour du pot, avec mon livre sur Genevoix et Jünger, où je m'interrogeais sur l'incroyable succès de l'Allemand dans un pays qui ignore, comme souvent, le Français, bien supérieur à mon sens. Mais le déclic fut cette phrase. Je n'en ai pas très bien compris le sens. Je ne suis pas sûr de vraiment le comprendre encore. En plus, Michel Houellebecq doit beaucoup à son pays, et certainement celui-ci lui doit plus ; en termes de solde commercial, il fait plus pour la France que nos marchands de voitures, et en termes de prestige mille fois plus. Non seulement ils ont une dette réciproque, mais, si l'on écarte un peu sa timidité, ce pays le passionne. Sa dernière exposition de photos s'intitule «Le produit France /1 : Before Landing». Elle est intrigante, assez floue, poétique; des lieux de non-vie ou de transition (aires d'autoroute, parkings de supermarché, friches au-delà de voies ferrées) voisinent avec des collages où le pire de la modernité se marie avec des coupoles éternelles et dorées. La France est avant tout un espace, avant d'être une histoire, des symboles, des dates. Elle est une géographie, pour paraphraser Michelet («L'histoire est d'abord toute géographie»). L'avant-dernier roman de Michel Houellebecq, La Carte et le territoire, évoque l'espace France, sans nostalgie mais sans froideur non plus, dans cette nécessité houellebecquienne qu'est l'entropie. Son dernier roman, Soumission, est tout autant un éloge de la France. Au terme de la prise du pouvoir par des islamistes modérés, la France redevient le centre de l'ancien Empire romain reconstitué, et le français la langue dominante d'Europe. Que souhaiter de plus ? Que sera la France dans deux mille ans ? Eût-on demandé à Alexandre franchissant l'Hydaspe, dans le Pakistan moderne : «Que sera ta Grèce dans deux mille ans ?», il eût répondu : «Le monde.» A tort ? La Grèce nous lègue la philosophie, les sciences, la médecine, la démocratie. Homère et Eschyle en prime. Pas mal. C'est un petit pays, méprisé par d'autres au nom de l'argent (par l'Allemagne, par exemple). Et pourtant... Nous avons tant de dettes vis-à-vis de la Grèce endettée... Quelles dettes auront les humains envers la France, dans mille ou deux mille ans ? «Ainsi vous écrivez un livre sur la France ? - Oui. - Ah... et sous quel angle ? Le déclin ? L'avenir ? L'universalité ? Le messianisme ? La cuisine ? Les filles ?» C'est vrai, il faut un angle... Alors, disons que je me pose moi aussi des questions de dettes et de créances. Une manière de dresser un bilan, actif, passif, mais surtout de redonner au mot dette tout son sens, celui de faute, de culpabilité. Un livre pour dire : non, Français, vous n'êtes pas coupables, vous ne devez rien; le chômage, la catastrophe urbaine, le déclin de la langue, ce n'est pas vous ; le racisme, ce n'est pas vous, contrairement à ce qu'on veut vous faire croire. Vous n'êtes pas coupables. Retrouvez ce sourire qui fit l'envie des voyageurs pendant des siècles, au «pays où Dieu est heureux».