[F] Neige de Maxence Fermine

Par Alphonsine @nolwenn_pamart

Tiens tiens tiens... Un premier roman. C'est pourtant par hasard que je peux rattacher cette lecture à ce défi. Tout a commencé par une citation sur les réseaux sociaux. Elle m'a interpellée, parce qu'elle me semblait belle - de cette beauté simple qui est peut-être la plus difficile à atteindre - mais aussi un peu incompréhensible, comme si on ne pouvait la comprendre qu'en suivant le cheminement initié par le texte. Ça m'a rappelé les haïkus que j'avais découvert, autrefois, dans une anthologie ( Fourmis sans ombre, la même citée par l'auteur). En outre, l'auteur a le bon goût de s'appeler Maxence Fermine, et il me manquait un F à mon challenge ABC. Alors, sur conseil de Leiloona, je me suis lancée et j'ai emprunté ce petit livre à la bibliothèque quelques jours plus tard. Je l'ai lu quasi d'une traite - moyennant simplement quelques petites pauses, blancs nécessaires à intercaler entre deux poésies.

Neige me semble moins un roman qu'un conte, ou une série de poèmes en prose qui formerait une histoire. Certes, il y a une intrigue, mais on est davantage dans l'évocation et l'allégorie que dans le récit circonstancié des différentes aventures du personnage. En faire un roman tel qu'annoncé en quatrième de couverture me gêne, car j'ai l'impression que cela affaiblit le propos. Qui dit roman dit approfondissement des personnages, et la plupart d'entre eux - tout spécialement Neige - sont bien trop volatils pour cela. Voudriez-vous river au sol la funambule ?

D'ailleurs, au fond, si je m'attardais trop sur l'histoire, je pourrais peut-être la trouver un peu simple, un peu naïve... mais je retiens avant tout de cette lecture une très belle écriture, épurée comme une poésie japonaise. Et rien que cela, rien que ces quelques mots justes, dans l'univers des phrases qui se veulent littéraires et qui foisonnent en tous sens, pompeuses, gonflées, c'est un réel souffle d'air frais. Je me suis souvenue des haïkus, du Supervieille et de Guillevic qu'on m'avait fait lire, adolescente, alors que j'écrivais, toute fière, des textes les plus grandiloquents possibles, parce que je croyais que c'était ça, faire de la littérature. Ces écrivains-là m'ont fait comprendre qu'il existait autre chose.

Il y a une vraie force dans la simplicité bien gérée. Rien que pour ça, Neige vaut la peine qu'on y jette un coup d'œil.

En écho à ce livre, je ne résiste d'ailleurs pas à la tentation de poster un poème de Guillevic :

Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.

Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.

Mettez au-dessus d'eux
Un ciel bleu, lavé
Par des nuages blancs.

Laissez-les faire.
Regardez-les.