Le Cœur entre les pages de Shelly King,
Publié aux éditions Préludes,
2015, 384 pages.
Maggie, 34 ans, vient d’être licenciée de la start-up branchée de la Silicon Valley où elle travaillait. Que faire sinon traîner au Dragonfly, la pittoresque librairie de livres d’occasion ? Lassé de la voir végéter, Dizzy, son meilleur ami, lui propose de participer à un club de lecture. Au programme : L’Amant de Lady Chatterley. Dans l’édition ancienne qu’elle déniche, Maggie découvre une mystérieuse correspondance amoureuse… Cette découverte va bouleverser la vie de la jeune femme et celle de la petite librairie menacée de fermeture par la concurrence. Le tout sous les yeux espiègles de Grendel, le chat qui a élu domicile parmi les rayonnages.
C’est en tombant sur la couverture de ce roman que j’ai eu envie de le découvrir. Un chat au milieu des livres d’une librairie ne pouvait que me faire craquer. J’ai en effet une grande tendresse pour tous les romans qui se déroulent dans une librairie ou une bibliothèque.
Dans ce livre, nous découvrons Maggie. Elle a été virée de son boulot, une start-up branchée de la Silicon Valley. Elle passe ses journées au Dragonfly, une librairie d’occasion. Là-bas, elle se love dans de vieux fauteuils pour lire des romans d’amour à l’eau de rose et pour s’évader de son morne quotidien. Un jour, son ami Dizzy lui propose de participer à un club de lecture dans lequel elle pourra faire la connaissance d’Avi et pourquoi pas, revenir dans le monde branché des geeks de la Silicon Valley. Maggie doit lire Lady Chatterley. Hugo, son ami libraire, lui offre une vieille édition. A son grand étonnement, Maggie y découvre une correspondance amoureuse entre un certain Henry et une Catherine. Qui sont ces deux amoureux? Pourquoi se sont-ils écrits à travers les pages de ce livre? C’est ce que va tenter de découvrir Maggie.
Au-delà de l’enquête amoureuse, qui se termine d’une étrange manière, j’ai surtout adoré l’ambiance développée par l’auteur. Elle nous fait vivre dans cette petite librairie d’occasion. On peut sentir l’odeur des livres, voir les piles de romans s’entassant un peu partout, humer l’odeur de thé et de café qui baigne l’atmosphère des lieux. J’ai vraiment aimé les moments où Maggie se plonge dans un de ses romans fétiches. On voit le pouvoir de la lecture qui lui fait oublier tous ses tracas.
Le contraste est d’autant plus saisissant qu’en face du Dragonfly, existe la librairie Apollo, sorte de grande surface du livre sans âme. On ressent d’autant plus l’amour que porte Maggie à sa petite librairie d’occasion et à ses livres qui possèdent tous un passé.
J’ai également beaucoup aimé le personnage d’Hugo, le libraire du Dragonfly. C’est un homme qui a eu mille vies et au détour d’une conversation, il révèle des choses très étranges mais aussi très drôles sur son passé. Ce Don Juan collectionne les femmes et passé 60 ans, il a toujours autant de succès! Le second libraire s’appelle Jason. S’il apparaît au départ antipathique, l’auteur va peu à peu révéler ses bons côtés. Il fait la gueguerre à Maggie en lui mélangeant tous ses titres de romans à l’eau de rose qu’elle a classés avec passion, et elle, se venge allégrement en mettant en avant les « précieux » de Jason, à savoir les livres dérivés de La guerre des étoiles qu’il ne vend d’habitude qu’aux lecteurs ayant passé son test de connaissances!
Plus l’intrigue avance, plus on se doute que les choses ne vont pas se dérouler comme Maggie le souhaite. Elle s’attache de plus en plus au Dragonfly au point de vouloir remettre sur pied cette librairie en perte de vitesse. Elle va mettre ses compétences d’analyste au service de la librairie. C’est assez bien vu de la part de l’auteur car on voit Maggie évoluer et envisager la vie d’une autre manière que par la carrière professionnelle et le fric. Elle se rend compte que gagner beaucoup d’argent ne rend pas forcément heureux et elle va tenter de faire de sa passion son métier.
Il n’y a que le personnage de Dizzy qui m’a vraiment dérangée. C’est le meilleur ami gay de Maggie. J’ai trouvé qu’il faisait trop cliché. Il est plein de manières et surtout très vulgaire. L’auteur aurait pu se passer de ce dernier trait de personnalité qui fait tache dans l’univers cosy du Dragonfly.
Le Cœur entre les pages est une belle découverte pour moi. On a envie, à notre tour, de se lover dans les fauteuils du Dragonfly et de fureter à travers les rayons afin d’y trouver le livre qui nous fera rêver.