En général, je dis un peu partout que le policier, ce n'est pas mon truc, et au fond, c'est un peu vrai. Certains codes et ficelles me tiennent en haleine sur l'instant mais par la suite, je ne garde pas un souvenir impérissable de ma lecture. C'est en fait la lecture légère par excellence, le moment de détente où je me laisse, simplement, cueillir par une histoire. Dans ces moments-là, j'ai une propension à choisir les policiers historiques et donc, après Anne Perry et Jean-François Parot, je découvre Ann Granger.
La curiosité est un péché mortel est le deuxième opus de la série des Lizzie Martin. Il suit en effet les aventures d'un duo d'amis d'enfance, Elisabeth Martin et Benjamin Ross, dans l'Angleterre des années 1860. Dans celui-ci, Lizzie est envoyée dans le sud de l'Angleterre pour être la dame de compagnie de Mrs Craven, une très jeune fille qui vient de perdre son enfant et dont le mari a été envoyé en Chine. Sous la coupe de ses deux tantes, Christina et Phoebe Roche, Lucy Craven s'étiole et l'on en vient à douter de sa santé mentale : la jeune femme répète à qui veut l'entendre que son enfant n'est pas mort et qu'il faut le retrouver. A cette situation déjà fort suspecte s'ajoute bientôt le meurtre d'un attrapeur de rats.
A vrai dire, je trouve que ça commence vraiment bien. Tous les éléments sont petit à petit mis en place et l'alternance des points de vue de Lizzie Martin et Ben Ross permet de rassembler les informations complémentaires et de s'interroger sur le mystère. J'ai lu le roman quasi d'une traite, en une soirée. Hélas, j'ai trouvé la fin un peu décevante : malgré les efforts de l'auteur pour brouiller les pistes, les personnages antipathiques semblent bel et bien avoir des choses à se reprocher. J'aurais aimé davantage de personnages ambigus. Le contexte victorien favorise aussi des personnages un peu trop propres sur eux. Non que Lizzie ne soit pas attachante, par ailleurs, ou que les personnages soient non plus parfaits (j'ai particulièrement apprécié, par exemple, le point de vue de Benjamin sur Lizzie qui, tout en reconnaissant son intelligence, ne parvient à se départir d'un certain paternalisme), mais ça manque encore un peu d'accrocs. Difficile en effet d'animer des personnages historiques et de les rendre à la fois conformes à leur époque et hauts en couleur.
Dans tous les cas, l'auteur parvient très bien à retranscrire l'époque et ses convenances, et l'enquête respecte les contraintes spécifiques à leur temps. De plus, malgré les réserves susdites, je n'ai tout de même pas boudé mon plaisir en cours de route et reste curieuse des autres tomes de la série. Une lecture sympathique et légère qui me fait un peu avancer dans le Challenge Monopoly !