Morwenna de Jo Walton,
Publié aux éditions Denoël,
2014, 334 pages.
Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghust, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privé à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Loin de son pays de Galles natal, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres, notamment des livres de science-fiction. Samuel Delany, Roger Zelazny, James Tiptree Jr, Ursula K. Le Guin et Robert Silverberg peuplent ses journées, la passionnent. Alors qu’elle commence à reprendre du poil de la bête, elle reçoit une lettre de sa folle de mère : une photo sur laquelle Morganna est visible et sa silhouette à elle brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa mère ? Elle peut chercher dans les livres le courage de se battre.
C’est sur le blog de Bazar de la littérature que j’ai repéré ce roman. Un livre qui parle de livres et de lectures est forcément fait pour moi. C’est donc avec beaucoup d’attente que je me suis plongée dans l’histoire de Morwenna. Je ne suis pas passée loin du coup de cœur avec cette lecture.
Dans ce roman, on fait donc la connaissance de Morwenna. C’est une jeune galloise de 16 ans. Elle a perdu sa sœur jumelle dans un accident de voiture. Sa mère est folle et ses grands-parents ne peuvent plus s’occuper d’elle. Elle est donc dans l’obligation de vivre avec son père, Daniel, qui les a abandonnées, elle et sa jumelle, à la naissance. Daniel est un homme faible, très influencé par ses trois sœurs, sortes de Parques aux pouvoirs étranges. Elles n’hésitent pas à envoyer Morwenna dans une pension pour jeune fille en Angleterre afin de s’en débarrasser. Le décor est planté. Morwenna est désormais seule, loin de sa Galles natale et des siens. En outre, elle souffre d’un handicap à la jambe gauche et ne peut se déplacer sans sa canne. Elle écope de sobriquets tels que « la boiteuse » et n’est pas vraiment traitée avec compassion par ses camarades de classe.
Bien heureusement, Morwenna possède un monde intérieur riche. Elle se confie dans son journal intime et l’on est surpris par la maturité et la sagesse de la jeune fille. Il faut dire qu’un des passe-temps préférés de Morwenna est la lecture. Dispensée de cours de sport, elle engloutit deux à trois livres par jour! Son domaine de prédilection est la SF. Elle lit tout. Elle commence par lire toute la bibliothèque du lycée et se lie d’amitié avec Miss Carroll, la bibliothécaire. Puis elle se rend à la bibliothèque de la ville pour combler sa fringale de lectures et découvrir de nouveaux auteurs. Là-bas, elle va faire partie du club de lecture consacrée à la SF,découvrir enfin la véritable amitié et être prise en considération pour ce qu’elle est.
J’ai beaucoup aimé ce roman parce qu’il met en scène cette jeune ado Morwenna, dingue de livres, qui vit par et pour la lecture. Dès qu’elle a un moment de libre, elle en profite pour lire quelques pages. Je me suis un peu retrouvée en elle même si Morwenna reste quand même distante vis à vis des autres. Elle apparaît secrète et mystérieuse et n’hésite pas à jouer de la peur qu’elle inspire pour que ses camarades la laissent tranquille.
Elle est aussi perspicace et dotée d’un humour cinglant. On ne peut pas tricher avec elle tant elle devine le caractère des gens! Une grande maturité se dégage de ce personnage. J’ai adoré la manière dont l’auteur mettait en scène Morwenna. On échappe aux clichés de l’ado mal dans sa peau, secrètement amoureuse du beau mec du coin. Morwenna est avant tout une fille qui pense, qui réfléchit et qui a des choses à dire!
Si Morwenna est autant passionnée par la SF, ce n’est pas pour rien! Elle voit et communique avec les fées. Elle est persuadée qu’elle sait faire de la magie et invoquer cette dernière afin de provoquer des choses. C’est peut-être le seul point qui m’a un peu déçue. Finalement, on ne sait pas vraiment si Morwenna voit de vraies fées. Je sais que le roman est pourtant classé dans la catégorie « fantasy » mais ça ne m’a pas empêchée de me poser des questions. Morwenna possède-t-elle vraiment un don magique ou invente-t-elle tout cela? En effet, l’auteur ne nous donne pas à voir de la magie de manière spectaculaire. Il s’agit de petites touches par ci, par là. Malgré le fait que l’auteur écrive de la SF et de la fantasy, le doute persiste pour moi. Je vois Morwenna plutôt comme une ado qui imagine la magie et qui aime s’inventer un monde et j’aime cette idée.
Au-delà du caractère magique du roman, j’ai adoré cette ode aux livres de SF et de fantasy. Morwenna lit énormément de romans. Ainsi les pages sont truffées de références à tel ou tel auteur. On a presque envie de s’arrêter pour prendre les références des livres cités. Si je n’en connaissais pas le quart, l’amour de Morwenna pour tous ces livres m’a donné vraiment envie de les découvrir et a aiguisé ma curiosité! La part belle est faite à Tolkien bien sûr et au Seigneur des Anneaux tant révérés par Morwenna et son club de lecture!
Morwenna est un roman qui m’a emportée au cœur des livres et du mystère du Pays de Galles. Le personnage principal m’a beaucoup plu. Morwena est un quasi coup de cœur pour moi!