Mai…
Toits durs sous les soleils hauts – émergés d’avril.
Au jour les ventres humides des savanes – sexes bleus ouverts à juin venant.
Éclat d’ailes – refrains de gloire et d’amours en guerre.
Loin l’hiver – longs dimanches des villes blanches.
Débute la chasse au pissenlit
Certains du quartier leur mènent une lutte impitoyable. Bombonne en main, ils les pulvérisent, les déracinent… En vain. Toujours, ils renaissent, poèmes joyeux et sages. Et franchiront l’été, jusqu’à devenir boules transparentes que disperseront les vents.
L’analyse tue
Les visions du monde qu’inspire la philosophie des Lumières, ne peuvent apaiser la soif de l’humain. Tout au plus concourt-elle à soutenir la pensée technico-industrielle ou la mise en forme légaliste d’une réflexion sociopolitique qui se voulait généreuse.
L’analyse tue par la dissection.
Placez les mots ici et là ; les couleurs ici et là ; les notes ici et là…
Le plus prenant tableau ne sera plus beauté parlante, mais taches colorées, lignes et volumes disloqués. De même pour la plus captivante musique. Hors la portée, notes et mesures deviennent bruits. La poésie fout le camp lorsqu’ergotent les littéraires et que s’agitent plumitivement barthiens et consorts.
Le feu n’est plus lorsqu’on sépare combustible et flamme.
La raison vaut pour l’utile et le convenable. Lorsqu’il s’agit d’esthétique, elle fait fuir ou crée l’érudition qui se complaît en circuit stérile et fermé.
La mare calme…
La mare est calme et silence. Repos du soir.
Bond d’un omble.
Clapotis brefs… L’eau se ride de cercles qui vont.
Surface étale.
Rien. Sauf une étoile qui se baigne — soie moirée des eaux tièdes.
Nulle nécrologie.
(PS : Réponse à quelqu’un qui me dit : « Quel poème pessimiste ! » Eh bien, non ! Il s’agit d’un poème d’espoir. L’omble sauteur n’a pas été réduit au néant. Il continue sa vie propre de poisson sous la surface, où l’œil humain ne le perçoit plus, rivé qu’il est aux épiphénomènes.)
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon