Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins - Jérôme Fansten

Parution: Février 2015

Des jumeaux se partagent la même vie, la même identité. Enceinte après un viol et traumatisée par cette expérience, leur mère s'est enfermée chez elle. Là, elle a accouché de ses deux fils. Mais elle n'a déclaré qu'un seul enfant à l'état civil.

Ils ont toujours vécu à tour de rôle, un jour sur deux.

Le traumatisme et la phobie sociale de leur génitrice a poussé les garçons à s'interroger sur leur étrange destin. Ils se sont trouvé un but : la vengeance.

Cinq hommes ont violé leur mère. L'un d'eux est leur père.

Plus de trente ans après leur naissance, les frères passent à l'acte : ils retrouvent la trace du premier de ces hommes, l'observent, s'immiscent dans sa vie - et le tuent. Quand l'histoire commence, les frères assassinent le deuxième homme.

L'identité commune des frères : " Jérôme Fansten ". Scénariste et romancier français, d'après sa fiche Wikipédia. Les frères l'appellent " l'entité ". Chaque fois que l'un des frères tue, l'autre se montre en public. Ils ne sont officiellement qu'une seule et même personne : l'entité " Jérôme Fansten ". Et l'entité a toujours un alibi en acier blindé. C'est donc l'histoire d'une vengeance. C'est aussi une histoire d'amour, puisque l'un des frères tombe amoureux d'une femme qu'il refuse de partager. C'est, enfin, une quête de la vérité, puisque l'enquête de police qui accompagne les deux premiers assassinats révèle des incohérences dans l'histoire même de la mère...

Voilà la présentation officielle de ce roman noir, si je dis officielle c'est parce que c'est celle qui figure sur le site de l'éditeur mais sur le livre que j'ai reçu il est apparu une quatrième de couv' assez étrange:

Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins - Jérôme Fansten

Voici un livre complètement différent de ce que j'ai pu découvrir jusqu'à maintenant, une histoire plus qu'originale dont le personnage principal s'appelle Jérôme Fansten, ce n'est pas réellement un personnage mais une entité, deux jumeaux qui se partage cette identité. Né d'un viol et dans le salon de l'appartement par une mère traumatisé et déclaré enfant unique, ils vivent en alternance, du coup il est compréhensible qu'ils leur manquent une case voire plusieurs et difficile dans ce cas de nouer de véritables liens avec quiconque réduisant leur vie sociale à néant.

L'impulsion... moi, mon frère. Cette histoire coordonne des "captations du réel" fragmentées, elle nous donne un objectif et met de la cohérence dans ce qui reste un délire de femme traumatisée. Mais... Dans un récit, les personnages sont censés évoluer. Merde, c'est QUOI nos possibilités d'évolution?

Une chose pourtant les pousse vers l'avant : la vengeance. Et lorsque le livre débute, ils en sont à leur deuxième homicide, cinq hommes ont violé leur mère, il n'en reste plus que trois. Comment comptent-ils s'y prendre ? C'est simple ! Quand l'un commet le meurtre l'autre se montre en public : l'alibi parfait, le crime parfait.

Ce roman noir est donc basé sur une vengeance mais aussi sur l'amour car un des deux frères va tomber amoureux et le délire schizo va aller crescendo malgré les incohérences qui apparaissent dans le récit de leur mère, qui, cela dit en passant, est morte depuis un moment, a élu domicile dans un congélateur afin que les deux frères puissent garder l'appartement familial. C'est vraiment tordu comme histoire !

Ce Manuel de dramaturgie qui pourrait s'apparenter à un manuel du crime parfait est un roman troublant où l'écrivain se mêle à son personnage, mêle le vrai à la fiction, fait gamberger le lecteur et le stupéfie. C'est l'œuvre d'un fou furieux et je me suis régalée de ses délires.